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Le gouvernement mexicain ferme un grand opérateur électrique et veut écraser le syndicat SME

19 octobre, 2009

Le gouvernement de Felipe Calderón Hinojosa a créé la surprise il y a neuf jours en faisant occuper par des agents fédéraux le deuxième distributeur d'électricité du pays, Luz y Fuerza del Centro (LyFC). Le Président mexicain mettait ainsi à exécution un décret lui permettant de dissoudre cette compagnie criblée de dettes mais, par la même occasion, il licenciait les 60.000 salariés de l'entreprise et démantelait leur organisation, le Syndicat des travailleurs mexicains de l'électricité (SME), qui existe depuis 95 ans.

Cette agression contre le SME a fait beaucoup de remous dans le mouvement syndical mondial ainsi que dans les associations militantes pour les droits syndicaux au Mexique, mais elle ne fut pas une surprise compte tenu des mesures de répression prises par Felipe Calderón contre les syndicats.

En juillet, les adhérents du SME avaient réélu le Secrétaire général Martín Esparza, mais le gouvernement a refusé d'homologuer son élection en invoquant des irrégularités dans le scrutin. Mais la véritable raison de l'élimination de Martín Esparza vient de l'opposition de la direction du syndicat aux politiques économiques du gouvernement, en particulier pour ce qui est de la privatisation de la compagnie d'électricité. Le concurrent de Martín Esparza à l'élection de l'été, Alejandro Munoz, s'est joint à lui pour condamner cette prise de contrôle et a promis de s'opposer à la dissolution de l'entreprise.

Dans une lettre commune envoyée la semaine dernière à Felipe Calderón par l'ICEM et la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM), leurs Secrétaires généraux, Manfred Warda et Jyrki Raina ont qualifié cette mesure de "représailles parce que la direction du syndicat s'opposait à vos politiques économiques antisociales et hostiles aux travailleurs."

Le SME, qui n'est affilié à aucune Internationale et n'a guère fait pour rejoindre le mouvement syndical mondial, mérite le soutien des syndicats du monde entier parce qu'il est devenu la victime d'un plan systématique du gouvernement mexicain pour éliminer tous les groupements de travailleurs susceptibles de gêner le capitalisme d'entreprise et un libéralisme sans entraves.

Le SME a promis de résister par des moyens pacifiques à la saisie du 10 octobre au soir effectuée par la police militaire. Le gouvernement a déjà proposé des indemnités de licenciement pouvant aller jusqu'à 33 mois de salaire et a annoncé qu'il réembaucherait 10.000 travailleurs. Mais le SME a exhorté les travailleurs à refuser et à participer à des manifestations pacifiques, dont la dernière en date a eu lieu le 15 octobre, lorsque 10.000 personnes ont défilé dans les rues de Mexico et se sont rassemblées sur la place principale de la ville, le Zocalo. Cette journée de manifestations s'est déroulée sans incidents et a reçu un large soutien dans la capitale, y compris de l'administration municipale de gauche.

La gigantesque manifestation du 15 octobre coïncidait avec un forum syndical international sur le thème des entreprises multinationales et de la protection des conventions collectives. Les contrats font obstacle au syndicalisme libre au Mexique et permettent aux entreprises de conclure des accords dits "collectifs" sur les conditions de travail et les salaires sans que les travailleurs participent aux négociations et sans qu'ils connaissent l'existence d'un accord signé en leur nom. Le gouvernement de Felipe Calderón encourage cette pratique et continue de faire barrage aux nouveaux syndicats démocratiques en retardant leur reconnaissance officielle pendant des années, en dressant des listes noires de syndicalistes et en laissant les directions des entreprises agir en toute impunité. Le Forum a publié une déclaration de solidarité avec le SME.

Une statistique qui mérite d'être citée est que, au Mexique, 95% des entreprises ont une convention collective alors que l'effectif syndical ne représente que 10% de la population active, ce qui veut dire que la grande majorité des conventions collectives sont signées par des syndicats jaunes. Beaucoup de dirigeants syndicaux sont millionnaires grâce à des arrangements mafieux avec la direction.

Consultez le site Internet de la campagne à l'adresse www.democraciaylibertadsindical.org.mex.

Le gouvernement Calderón a temporairement transféré l'activité journalière de LyFC à la plus grande entreprise de service public du pays, la Commission fédérale de l'électricité, à laquelle LyFC achète l'essentiel de sa capacité produite, mais tout laisse penser que LyFC va être vendu à des investisseurs privés. LyFC dessert Mexico et des parties des États limitrophes de Mexico, Hidalgo, Morelos et Puebla.