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La résistance s'organise contre les expulsions de travailleurs migrants en Thaïlande

8 février, 2010

En Thaïlande, l'échéance du 28 février subsiste pour près de deux millions de travailleurs migrants de Birmanie, du Cambodge et du Laos qui doivent soit s'enregistrer par un processus complexe de "vérification de nationalité", soit quitter le pays, un ultimatum injuste prononcé le 19 janvier par le gouvernement thaï.

Mais on assiste, en Thaïlande comme à l'étranger, à une levée de boucliers pour convaincre le gouvernement de son erreur, considérant que 80% de ces travailleurs sont des Birmans qui risquent la persécution et l'emprisonnement pour des motifs ethniques et politiques s'ils rentrent dans leur pays. S'agissant de ceux qui avaient des permis de travail thaïlandais valables en 2009, ils devront fournir des données biographiques pour le 28 février, tandis que ceux qui ne rentrent pas dans le processus de "vérification de nationalité" seront déportés.

Au début des années 1990, les autorités thaïlandaises ont mis en place une assez fastidieuse phase d'enregistrement annuelle de 30 jours pendant laquelle les travailleurs migrants illégaux sollicitent un permis de travail, reçoivent une amnistie d'un an leur permettant de travailler en Thaïlande, dans beaucoup d'emplois dont la plupart des nationaux ne veulent pas dans une économie nationale en plein essor. Mais maintenant, avec le changement annoncé le mois dernier et en cinq semaines à peine, les travailleurs migrants vont basculer dans la précarité et se retrouver exposés à l'exploitation et aux mauvais traitements.

L'ICEM s'est jointe à ses affiliés thaïlandais et à des ONG pour réclamer un assouplissement de la règle. D'autres Fédérations syndicales internationales devraient prendre le relais. L'ICEM appuie la Confédération des travailleurs des entreprises d'État (SERC), forte de 170.000 adhérents, le Comité thaï de solidarité du travail et d'autres organisations syndicales et ONG qui luttent pour obtenir le retrait du texte.

L'ICEM a envoyé une lettre (cliquer ici, en anglais seulement) au Premier ministre de Thaïlande et a aussi écrit au Directeur général de l'OIT, Juan Somavia, au Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains des migrants et au Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme en qualifiant cette échéance d'irréalisable.

L'ICEM a appris par ses affiliés thaïlandais et par le Programme de justice pour les migrants de la Fondation pour les droits de l'homme et le développement que des dizaines de milliers de travailleurs migrants vivent dans la crainte en Thaïlande, pensant que le processus de "vérification de nationalité" va les contraindre à vivre et travailler dans la clandestinité.

L'ICEM est vivement préoccupée par le fait que des courtiers de main-d’œuvre irréguliers trompent déjà les migrants en leur soustrayant des honoraires excessifs pour se charger des démarches. Des rumeurs font état de sommes de 6.000 à 7.000 bahts (130 à 150 €), alors que le coût des démarches officielles ne représente qu'une petite partie de ces montants.

L'ICEM déplore aussi l'inaction du gouvernement thaïlandais pour informer le public sur le décret et son délai. Cela n'a fait que répandre la confusion et la crainte chez les travailleurs migrants.

Une chose est à retenir à propos de la politique migratoire de la Thaïlande en général et du décret du 19 janvier en particulier : l'immense majorité des travailleurs migrants employés en Thaïlande sont des Birmans appartenant à des minorités ethniques. Très souvent, leur enregistrement auprès de la junte militaire de leur pays ou leur expulsion de Thaïlande pour ne pas s'être fait enregistrer sont à coup sûr synonyme de persécution de ces travailleurs birmans s'ils sont renvoyés au pays, ou des membres de leurs familles s'ils ne le sont pas.