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Interview avec Joseph Toe, Coordinateur de Projet CAL pour la Région de l’Afrique Sub-saharienne

15 septembre, 2010

Quel est l’impact de la question du travail intérimaire et en sous-traitance ainsi que du travail précaire en Afrique?

Dans certains cas, la proportion de travailleurs temporaires peut atteindre 80% de la main d’œuvre permanente. La dérégulation du marché de l’emploi a accéléré ce processus.

Quels facteurs ont eu un impact sur le recours au CAL?

Les ajustements structurels imposés par les institutions de Bretton Woods ont affectés négativement le contexte institutionnel de l’emploi à deux niveaux :

• La dérégulation du marché de l’emploi et la réalité des choses qui ont fait que l'utilisation du travail devait devenir plus flexible, et
• La réduction de la participation syndicale et l’inaptitude de la société civile à faire réellement entendra sa voix par rapport aux mesures antisociales prônées par les institutions prêteuses.
L’arrivée des investisseurs asiatiques a également déstabilisé le marché du travail en Afrique et a mis en péril les avancées sociales.

En quoi consiste le Projet CAL pour la Région de l’Afrique Sub-saharienne de l’ICEM

Le Projet CAL pour la Région de l’Afrique Sub-saharienne de l’ICEM a débuté fin février 2009 et couvre 8 pays : la Guinée, l’Ile Maurice, le Mozambique, la Namibie, le Nigeria, le Sénégal, le Sierra Leone et l’Afrique du Sud. Les pays ciblés et sélectionnés ont tous été identifiés comme étant des nations où la question du travail intérimaire et en sous-traitance est répandue, mais aussi où il y a des syndicats relativement forts. Ceci veut dire qu’il y a des possibilités de mener des actions et d’obtenir des progrès raisonnables sur cette question

Quels sont les objectifs du Projet?

Le projet vise à développer des stratégies syndicales et à rechercher les meilleures pratiques pour traiter les problèmes relatifs au travail intérimaire et en sous-traitance en Afrique Sub-saharienne. Il vise à créer une coordination régionale cohérente pour traiter le problème. Il préconise que les gouvernements prennent des initiatives et mettent en œuvre les politiques nécessaires pour mettre le holà à l’utilisation des contrats temporaires et pour réglementer les agences privées. Il vise à effectuer de la recherche spécialisée et de haut niveau au plan régional, à construire les capacités organisationnelles pour mener à bien des campagnes CAL et à créer un réseau pour l’échange d’information et d’expériences entre les affiliés de l’ICEM par rapport à toutes ces questions dans notre région.

La formation est basée sur un certain nombre d’outils simples et pratiques conçus au départ d’exemples en provenance du monde entier. A la fin de chaque session, un plan d’action est mis sur pied pour décider des mesures qui devront être prises au niveau national en synergie avec les affilés des autres FSI et des lignes directrices sont définies afin qu’elles soient incorporées à la Campagne mondiale de l’ICEM sur le CAL. Pour mettre en œuvre le plan national, un mécanisme de suivi qui fait partie du plan d’action est défini et des responsables en charge de sa mise en application sont désignés.

L’implication des syndicats est indispensable pour neutraliser le développement de l’outsourcing et de l’emploi temporaire, en particulier lorsque l’on sait qu’il est présent partout et affecte tous les secteurs industriels et de service. Les pays d’Afrique sub-saharienne sont gravement affectés par cette problématique et réagissent pour pouvoir juguler et/ou réduire ses effets pervers. Le Projet CAL pour la Région de l’Afrique Sub-saharienne de l’ICEM encourage également les syndicats et les assiste pour :

• La mise en place de recrutement syndical et d’une capacité à négocier;

• Institutionnaliser les négociations sectorielles et renforcer l’unité d’action syndicale, qui est nécessaire pour combattre l’outsourcing, le pourvoi de main d’œuvre et les agences d’intérim. Il se bat pour que soient réglementés les agences de placement et le recours à l’outsourcing et pour être impliqué dans ce processus correctif ;

• Renforcer la solidarité entre les travailleurs permanents et les intérimaires ;

• Former ceux qui syndiquent les travailleurs temporaires;

• Négocier des conventions collectives qui comprennent des clauses sur le recours systématique à l’outsourcing et au travail occasionnel, dans le but d’améliorer les conditions de travail et de réduire les conséquences du travail occasionnel;

• Faire campagne pour la transformation du travail occasionnel en emploi permanent

• Développer des stratégies pour les travailleurs CAL, en mettant l’accent sur le travail décent et la prise en comptes des questions de genre et de race dans ces stratégies;

• Organiser des campagnes et du lobbying au niveau national et international contre le travail occasionnel et développer des plans d’action destinés à éradiquer le phénomène des zones franches d’exportation (ZFEs);

• Mener des études sur les conséquences des activités des agences de sous-traitance et d’outsourcing dans le contexte des disparités croissantes et des inégalités entre les strates sociales. Ceci signifie aborder les questions liées aux Objectifs du Millénaire pour le Développement 2015, l'Agenda du travail décent en Afrique : 2007-2015, le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), le Programme pour le développement humain durable, et les Principes tripartites et de Dialogue social qui servent de base à l’OIT.

L’emploi occasionnel affecte les valeurs positives du travail, qui développent, distinguent et socialisent l’être humain.