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Interview avec Bayo Olowoshile, Secrétaire Général du PENGASSAN

15 septembre, 2010

Le travail intérimaire, la sous-traitance et la précarisation de l’emploi se développent-ils au Nigeria?

Le CAL se répand et il s’impose de manière alarmante dans les industries du pétrole et du gaz au Nigeria. Il comprend différentes formes d’emplois précaires et parmi celles-ci les pires qui soient. Le CAL ouvre la voie à des pratiques de travail injustes qui vont à l’encontre du principe même de travail décent. Environ 60% de notre main d’œuvre est constituée de travailleurs intérimaire ou en sous-traitance. L’emploi traditionnel, permanent, est en déclin.

La question de la précarisation et de l’emploi temporaire est-elle un plus gros problème qu’auparavant?

La question est un plus gros problème au niveau du secteur du pétrole et du gaz au Nigeria qu’il ne l’était auparavant en raison du fait que les employeurs et le gouvernement considèrent que le CAL est maintenant une réalité qu’on ne peut faire disparaître avec des vœux pieux. Les syndicats n’ont donc d’autre option que de prendre à bras le corps les effets pervers du CAL qui sont :

• Le recours à ces pratiques pour replacer l’emploi direct et permanent;
• De modifier de manière négative les formes et les conditions d’emploi, d’éluder les responsabilités et obligations sociales que les employeurs contournent grâce aux failles et inadéquations des législations existantes;
• De fragiliser la base, la solidarité et la raison d’être des syndicats et d’empêcher le recrutement syndical et la reconnaissance des principes de négociation collective;
• Qu’il ouvre des brèches pour l’exploitation des travailleurs et en particulier pour les entreprises qui visent à réduire les coûts et grossir le profit au détriment et aux dépens de l’emploi;
• Qu’il augmente la discrimination sur le lieu de travail ainsi que le recours à des conditions d’emploi inéquitables;
• Qu’il met sérieusement en péril la capacité des syndicats à protéger la sécurité de l’emploi;
• Qu’il y a des conflits dans la définition des relations de travail et des obligations des entreprises, en particulier lorsque ni la législation, ni les agences chargées de l’application des réglementations ne clarifient ces questions;
• Qu’en tant que facteur sous-jacent, la précarisation et l’emploi temporaire sont un phénomène croissant en raison de la situation du chômage. Les employeurs exploitent à leur profit le désespoir des travailleurs à la recherche d’un moyen de subsistance.

Quelles sont les différences au Nigeria en ce qui concerne les conditions de travail entre les travailleurs CAL et les travailleurs permanents?

D’abord, les travailleurs temporaires et précarisés sont soumis à des conditions qui ne sont pas en accord avec les conditions générales de travail en vigueur dans le secteur du pétrole et du gaz. Là où les travailleurs CAL ont de la chance et ont le droit de se syndiquer et de négocier collectivement, le mandat pour la négociation d’une convention collective est sérieusement limité par les contrats entre les agences et les sous-traitants d’une part et l’utilisateur final d’autre part.

De plus, ces travailleurs ont peu ou prou de droits à la sécurité sociale, aux pensions, à l’accès aux soins de santé ainsi qu’à la protection en matière de santé, sécurité et environnement, non plus qu’à tout ce que prévoient les Conventions fondamentales de l’OIT. Et pour ne citer qu’un exemple, les Accords Cadres Mondiaux signés par les Fédérations Syndicales Internationales, là où elles pourraient fonctionner, ne sont pas mises à disposition ni applicables en ce qui concerne les agences d’intérim et les sous-traitants.

Au Nigeria, toute négociation qui implique une convention collective pour ces travailleurs est exposée à des plaintes, des conflits, des menaces, des résistances et des actions de la part des syndicats, des sous-traitants, des agences et des entreprises utilisatrices.


De quelle manière les syndicats soutiennent-ils principalement les travailleurs précaires, en sous-traitance et intérimaires?

C’est devenu une priorité d’avoir recours aux ressources et aux mécanismes syndicaux pour mobiliser du soutien et s’opposer au déni qui est fait aux travailleurs intérimaires et en sous-traitance de se syndiquer et de négocier collectivement. Nous pratiquons ceci en augmentant la sensibilisation par des mobilisations, des campagnes, des actions de solidarité, des protestations, des meetings, des piquets, des grèves, des actions auprès des media, de la médiation, de la conciliation, des arbitrages et des recours en justice.

Il nous appartient maintenant de mettre en œuvre les stratégies de syndicalisation et de négociation collective les plus efficaces et les plus protectrices en faveur des travailleurs intérimaires et en sous-traitance avec le soutien financier et logistique de notre Fonds de Réserve Syndical de Solidarité et d’organisations telles que l’ICEM, la Fondation allemande Friedrich-Ebert et le Solidarity Center américain.

Nous mettons en permanence en œuvre les résolutions, directives et décisions syndicales dans le domaine des campagnes, du lobbying, des luttes et des prises de position en ce qui concerne les questions liées aux travailleurs intérimaires et en sous-traitance.

De quelle manière estimez-vous que la Campagne mondiale de l’ICEM sur le CAL peux être utile et la plus efficace pour relever les défis du CAL dans le secteur du pétrole et du gaz au Nigeria ?

La Campagne mondiale CAL de l’ICEM doit faire usage des ressources et des mécanismes des organisations donatrices pour mobiliser et s’opposer à la résistance par rapport aux droit le plus parfait des travailleurs intérimaires et en sous-traitance à être syndiqués et à négocier collectivement. L’ICEM doit susciter la conscientisation par rapport à la situation engendrée par le CAL, par tous les moyens possibles et elle doit, dans les faits, mettre en œuvre la Campagne par le biais de la communication, des luttes et de l’évaluation et corriger les failles et les manquements au niveau des stratégies de la campagne mondiale.

Le PENGASSAN espère sincèrement que l’ICEM va se faire le porte-parole des politiques et du travail équitables et de législations qui soient favorables aux travailleurs intérimaires et en sous-traitance en faisant campagne en faveur des meilleures pratiques en matière d’emploi et de condition de travail par rapport à cette grave problématique.