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EL-SEN au centre d'une manifestation historique contre la privatisation et l'austérité dans le nord

14 mars, 2011

Un soleil de printemps baignait cette journée du 2 mars 2011 lorsqu'une foule sans précédent de manifestants, estimée à 70.000 personnes par les organisateurs s'est rassemblée sur la place Inonu, dans la vieille ville de Nicosie, ainsi qu'à la porte Kyrenia, au nord des murs de la ville. Ce fut de loin la plus grande d'une série de manifestations récentes organisées par le mouvement syndical dans le nord de cette île divisée. Ce fut aussi une manifestation pacifique, la police et l'armée s'étant cette fois faites discrètes.

Un chiffre sans précédent ? En fait, 70.000 est un chiffre incroyable lorsqu'on sait que la population totale chypriote turque compte 260.000 personnes.

La manifestation était organisée par une "plate-forme syndicale" réunissant l'ensemble du mouvement syndical du nord de Chypre et notre affilié EL-SEN, le Syndicat des travailleurs de l'Autorité turque de l'électricité de Chypre, était au premier rang de la manifestation avec la quasi-totalité de ses adhérents accompagnés de leurs familles. Elle était organisée principalement contre la privatisation qui se profile derrière une série de mesures d'austérité qui remettraient en cause les droits syndicaux et imposerait la privatisation de la compagnie d'électricité, de l'aéroport et des universités. Tout le mouvement syndical était présent, ainsi que tous les partis politiques d'opposition, ceux-ci à la fin du cortège dont les syndicats avaient clairement voulu prendre la tête.

Les travailleurs souffrent des réductions brutales des salaires du secteur public et du privé annoncées l'année dernière, à la suite de négociations entre la direction chypriote turque et le gouvernement d'Ankara qui finance cette partie de l'île à hauteur de 600 millions $ par an. Les syndicats chypriotes turcs ont promis de combattre ces mesures d'austérité qui consistent notamment à réduire de 40% les salaires de départ, à taxer les pensions et à abaisser le seuil du revenu imposable de 17 à 10%. Il est également prévu de vendre des entreprises publiques à des intérêts privés turcs et ces privatisations massives sont très impopulaires, non seulement auprès des syndicats et des travailleurs qui en seront affectés, mais aussi dans le grand public.

Le Responsable de l'énergie de l'ICEM, Jim Catterson, s'est joint à notre affilié EL-SEN pendant la manifestation et le défilé. La journée a débuté au siège du syndicat, situé à proximité du siège social de la compagnie d'électricité où les adhérents d'EL-SEN se sont rassemblés dans le courant de la matinée, aux côtés de leur Président, Tuluy Kalyoncu, et d'autres dirigeants du syndicat. L'atmosphère était à la fois animée et amicale, avec la présence de beaucoup de membres des familles et d'anciens adhérents retraités mais néanmoins décidés à manifester leur soutien au syndicat. D'autres syndicats avaient eux aussi organisé des réunions semblables dans toute la ville.

Après quelques brefs discours, qui ont rendu hommage à la solidarité montrée par l'ICEM à cette occasion comme à d'autres auparavant, le défilé d'EL-SEN s'est mis en marche pour rejoindre la manifestation sur la place Inonu. La circulation avait été arrêtée, mais la plupart des automobilistes klaxonnaient en signe de soutien. Progressivement, les différents cortèges se sont fondus en un seul pour arriver sur la place où, sur une vaste estrade, un programme musical était entrecoupé de discours.

Malgré cette gigantesque manifestation, le gouvernement refuse toujours de changer sa politique. En fait, au moment même où elle se tenait, il a annoncé que le conseil des ministres allait envoyer le projet de loi sur la privatisation au parlement dans le courant de la semaine.

La lutte continue. Après la manifestation et les déclarations du gouvernement, la plate-forme syndicale a décidé de s'adresser directement au gouvernement. Faute d'un changement de politique, le 25 mars sera organisée une manifestation devant et dans l'immeuble abritant le parlement.

Toujours menacé par la privatisation de son employeur, notre affilié EL-SEN a décidé d'appeler à une grève à durée indéterminée qui débutera au plus tard le 25 mars.

L'ICEM continuera d'apporter tout son soutien et sa solidarité au combat que livre courageusement son affilié.