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Des primes de risque pour les travailleurs du cuir irakiens après une grève de 53 jours

11 janvier, 2010

La grève de 53 jours qu'ont menée 1.500 travailleurs du cuir en Irak s'est achevée sur une victoire, le 7 décembre, lorsque l'entreprise d'État des industries du cuir et le ministère de l'Industrie ont accédé aux revendications des travailleurs en matière de primes de risque. Les travailleurs du cuir, affiliés à la Fédération des comités et syndicats de travailleurs d'Irak (FWCUI), ont obtenu des primes représentant 25 à 30% de leurs salaires pour effectuer un travail dangereux.

Le comité des travailleurs, dirigé par Sa’ad Issa et Munadhil Atiya, a fait montre de constance et de détermination tout au long des négociations et, même après avoir conclu un accord avec les représentants de l'État, dans les premiers jours de décembre, la grève s'est poursuivie pendant trois jours, jusqu'à ce que tous les travailleurs aient reçu la prime en espèces.

Munadhil Atiya (ci-dessus) et Sa’ad Issa (en bas, au centre) implorent les travailleurs du cuir de poursuivre leur lutte pendant la grève de 53 jours

Les travailleurs du cuir sont employés dans deux usines à Bagdad et une troisième à Al Kūfah, à 160km au sud de la capitale. Ils confectionnent des souliers, des sacs et des vêtements. La grève a été lancée à la mi octobre par des travailleurs forcés d'utiliser des substances chimiques et des machines dangereuses.

Cette grève a inspiré 4.000 travailleurs du textile. Lorsqu'elle s'est achevée, début décembre, les travailleurs du textile de la région de Bagdad ont entamé de leur côté une grève de 18 jours et obtenu des primes de risque partielles d'une autre entreprise d'État dépendant du ministère de l'Industrie.

"Les organisateurs de la grève ont su maintenir la détermination dans leurs rangs pendant plus de sept semaines", a déclaré le Président de la FWCUI, Falah Alwan. "Nous avons tiré une grande leçon de cette grève, à savoir qu'il ne faut pas réagir à des promesses vides destinées à freiner ou étouffer le mouvement des travailleurs."

Falah Alwan

"Cette victoire des travailleurs du cuir marque le début d'un renouveau du mouvement des travailleurs dans le secteur public et dans tous les secteurs."

Le dialogue avec les représentants de l'État a été maintenu tout au long de la grève, mais la négociation n'avait donné que de vaines promesses et rien de concret. Conscients de cela, les organisateurs de la grève ont exhorté leurs compagnons à multiplier les manifestations, les défilés et les rassemblements publics pour réclamer des conditions de travail plus sûres et des primes de risque.

Les travailleurs du cuir ont aussi participé, le 6 octobre à Bagdad, à une manifestation pacifique au cours de laquelle l'armée irakienne a tiré avec des balles en caoutchouc sur les manifestants (voir InBrief n°143 ici). Lors de ces affrontements, Munadhil Atiya, un organisateur de la grève pour la FWCUI, a été passé à tabac puis arrêté pour sa participation.

En Irak, près de 90% de l'industrie sont entre les mains de l'État et le pays est toujours soumis au décret 150 de 1987, datant de l'ère de Saddam Hussein, qui interdit les syndicats indépendants dans le secteur public. C'est pourquoi une action directe constante des travailleurs s'impose pour obtenir la reconnaissance des droits du travail par le gouvernement al-Maliki. L'ICEM félicite les travailleurs du cuir et du textile de la FWCUI pour leurs actions héroïques et historiques de la fin 2009.