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Des membres de l'ILWU dénoncent le lock-out de Californie devant l'AG de Rio Tinto

19 avril, 2010

Quelque 70 protestataires venus du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de Belgique ont manifesté, la semaine dernière à New-York, en compagnie d'adhérents du syndicat américain International Longshore and Warehouse Union (ILWU) victimes d'un lock-out. Le moment choisi était celui de l'assemblée générale annuelle des actionnaires de Rio Tinto, la compagnie minière qui, le 31 janvier, a empêché 560 membres de la section locale 30 de l'ILWU de reprendre le travail à Boron, en Californie, après l'échec de la négociation collective.

Cette manifestation à l'AG de Rio Tinto était organisée par la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) avec le soutien de l'ICEM et de la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM). Plusieurs ONG, dont le London Mining Network, se sont jointes à la manifestation pour témoigner de toute une série de crimes contre l’environnement commis par Rio Tinto en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Indonésie, à Madagascar, en Mongolie, etc.

Dick Blin, Dave Irish, Ray Familathe, Tony Burke

À l'intérieur de la salle, le P-DG de Rio Tinto, Tom Albanese, a dû répondre à des questions sur le comportement de l'entreprise pendant près de deux heures. Dave Irish, qui représentait le comité de négociation de la section 30 de l'ILWU, a demandé pourquoi Rio Tinto était prête à subir un énorme manque à gagner par l'arrêt de production résultant du lock-out tout en imposant des privations économiques à 560 familles de travailleurs.

La réponse de Tom Albanese fut polie, mais elle a résumé la philosophie générale des entreprises dans le monde entier : faire passer les profits avant les gens. Il a reconnu que les concessions en matière de conditions de travail réclamées par Rio Tinto à Boron sont nécessaires pour mieux aligner la convention collective de la section locale 30 de l'ILWU sur celles d'autres compagnies en Amérique du Nord.

L'explication est claire : malgré les énormes profits dégagés par le minerai de fer, le cuivre et le charbon – et même par la relativement petite Rio Tinto Minerals qui contrôle 45% du marché mondial du borate – la compagnie minière basée à Londres et Melbourne pratique elle aussi la surenchère de la suppression des avantages sociaux et de l'élément humain.

Dave Irish, de la section 30, et Ray Familathe le Vice-président de l'ILWU

Après la réunion, le Vice-président de l'ILWU, Ray Familathe, a interpellé Tom Albanese pour lui dire que la politique du bras de fer pratiquée par Rio Tinto en Californie lui vaudra certainement un retour de manivelle, notamment parce qu'elle va galvaniser le mouvement syndical international qui utilisera tous les moyens de pression possibles sur son entreprise.

L'ILWU a déjà lancé sa riposte en entreprenant des démarches auprès du gouvernement américain pour qu'il retarde un échange foncier avec Rio Tinto dans l'État d'Arizona qui permettrait à cette dernière d'exploiter de riches gisements de cuivre.

Pour l'ILWU, ce voyage en Europe avait aussi pour but d'obtenir une résolution de soutien appuyé à sa section 30 du comité d'entreprise européen d'Alcan, un producteur de métaux canadien racheté par Rio Tinto en 2007. C'est la fédération de la métallurgie de la CGT française qui avait pris l'initiative de cette démarche.

Le lendemain de l'AG du 15 avril, le syndicat américain a également mené des actions de protestation contre Rio Tinto devant les consulats de Grande-Bretagne de Los Angeles, San Francisco, Boston, ainsi qu'à Vancouver au Canada.

Dès lors, ce n'est peut-être pas par hasard que Rio Tinto Minerals et la section locale 30 de l'ILWU ont repris la négociation les 14 et 15 avril, pour la première fois depuis le début du lock-out. Mais toute volonté de Rio Tinto de revenir sur ses demandes de concessions était clairement absente et les deux camps se sont séparés en fin de journée du 15 avril sans aucun progrès notable.

Cette semaine, le 22 avril, Rio Tinto devrait tenir sa seconde assemblée générale à Melbourne, et l'ILWU y sera. Les actionnaires entendront le secrétaire-trésorier Willie Adams et un militant de la section 30 victime du lock-out, Terri Judd, leur parler de l'angoisse dans laquelle vivent les familles du désert de Mojave, en Californie. Ils pourront compter sur le soutien du Construction, Forestry, Mining, and Energy Union (CFMEU) et du Maritime Union of Australia (MUA).

Une fois encore, Tom Albanese sera questionné sur les raisons qui poussent son entreprise à exiger des travailleurs des concessions sans précédent sur leurs congés, leurs droits d'ancienneté, leur protection médicale, et qui lui font remettre en cause l'emploi direct à temps plein pour avoir plus de facilités pour externaliser le travail.