30 juillet, 2018À en croire les déclarations publiques des compagnies minières sur les conditions de travail, les revendications des syndicats sur la santé et la sécurité, les droits des travailleurs et la fin des pratiques de travail non-éthiques auraient été rencontrées.
Au lieu de cela, de tristes réalités sont monnaie courante dans les mines : médiocres conditions de travail, destruction de l’environnement, pauvreté et maladies pour les communautés affectées par les activités minières. Comment les compagnies minières peuvent-elles dès lors rencontrer les aspirations de la société qui considère les ressources minières comme des moteurs essentiels du développement national ? Les compagnies peuvent-elles être rendues responsables des problématiques économiques, environnementales, sociales et de gouvernance ? Quels mécanismes de responsabilisation peuvent être utilisés à cette fin ?
Telles sont quelques-unes des questions et problématiques avec lesquelles étaient aux prises plus de 50 délégués en provenance du Ghana, du Kenya, de Côte d’Ivoire, du Liberia, de Madagascar, du Malawi, de Tanzanie, d’Afrique du Sud, d’Ouganda, de Zambie et du Zimbabwe, au cours d’une réunion ces 25 et 26 juillet, à Johannesburg, destinée à débattre des principales conclusions de l’évaluation du Responsible Mining Index (RMI) 2018. Les délégués étaient en provenance d’organisations fondées sur les communautés, d’organisations de défense des droits de l’homme, de communautés affectées par l’exploitation minière, d’organisations non-gouvernementales et d’universités. Les syndicats, représentés par les affiliés d’IndustriALL Global Union, le Syndicat national des mineurs et le Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud, ont indiqué qu’il était important de collaborer avec les acteurs de la société civile sur des problématiques communes aux travailleurs et aux communautés.
Le RMI a évalué 30 compagnies minières en considérant six domaines thématiques qui sont le développement économique, la conduite des affaires, la gestion du cycle de vie, le bien-être des communautés, les conditions de travail et la responsabilité environnementale. L’évaluation a pris en compte 127 sites miniers.
Les conditions de travail sont le domaine thématique le moins performant. Le RMI conclut qu’en dépit du fait que les compagnies minières prêtent attention à la santé et à la sécurité et y manifeste un engagement, 331 décès ont été rapportés pour 2015 et 2016. De plus, les compagnies minières ont un bilan insuffisant s’agissant de prendre en compte la question du salaire vital, les doléances des travailleurs et l’arrêt des discriminations au sein des mines. Cependant, on enregistre des progrès notables en matière de travail forcé et de travail des enfants.
L’assemblée a recommandé que le RMI, qui promeut l’accès libre à l’information en partageant publiquement ses données, collabore avec d’autres organisations qui mènent un travail similaire, dont l’Alternative Mining Indaba et African Mining Vision. Une stratégie que le RMI devrait continuer à utiliser est la divulgation publique des mauvaises prestations. Cela met la pression sur les compagnies, car les actionnaires vont demander pourquoi il en est ainsi. De plus, le RMI, qui pointe les incohérences dans les rapports fournis par les compagnies minières, peut venir en complément d’autres mécanismes.
Glen Mpufane, Directeur des mines pour IndustriALL, indique :
“En validant ce que nous savons, le RMI constitue un outil intéressant pour jeter des ponts et ouvrir des espaces communs pour le dialogue et la collaboration entre les communautés affectées par l’exploitation minière, la société civile et les syndicats. Nous voulons que les compagnies abandonnent la rhétorique et s’engagent dans l’amélioration de la santé et de la sécurité.”