30 janvier, 2020Huit cents membres de la section locale 594 d'Unifor bloquent la raffinerie Co-op Refinery de Regina, dans la province canadienne du Saskatchewan, depuis le lock-out qui leur a été imposé le 5 décembre. Ils offrent de cesser le blocus si l'employeur revient à la table des négociations.
Cette raffinerie appartient à Federated Co-operatives Limited (FCL), qui s'efforce de maintenir le site en activité et d'assurer l'approvisionnement en carburant des coopératives locales de l'Ouest canadien en utilisant de la main-d’œuvre jaune, et parfois des hélicoptères pour acheminer des fournitures et du personnel. Les membres du syndicat ont bloqué les points d'accès à la raffinerie et tenté d'empêcher le trafic. FCL a essayé de faire interdire le blocus par la justice, mais il a été débouté.
Lorsque le syndicat a refusé une forte dévalorisation du plan de pension, la direction a rompu la négociation et imposé un lock-out le 5 décembre. Unifor, affilié à IndustriALL avec ses 315.000 adhérents, estime qu'avec un bénéfice de 959 millions de dollars canadiens en 2019, FCL peut très bien conserver le plan de pension actuel.
Unifor, qui appelle au boycott des coopératives, a aussi demandé à ses adhérents de soutenir le piquet et le blocus de la raffinerie. D'autres piquets de grève ont été organisés devant d'autres sites de FCL de l'Ouest canadien. FCL a obtenu une injonction contre le syndicat, limitant le blocus à des périodes de dix minutes. Le Président national d'Unifor, Jerry Dias, et 13 autres adhérents et responsables du syndicat ont été arrêtés pour participation à un blocus jugé illégal par la police.
Les syndicalistes ont été remis en liberté en attente de leur jugement. Le Secrétaire général d'IndustriALL, Valter Sanches a envoyé à Jerry Dias une lettre dans laquelle il écrit :
"IndustriALL Global Union exhorte la police de Regina à ne pas recourir à des méthodes dures comme celles qui ont conduit à l'arrestation d'adhérents d'Unifor qui manifestaient pacifiquement. Il faut que la police respecte scrupuleusement le droit des travailleurs de protester contre l'attitude honteuse de Co-op Refinery."
À la suite d'un autre incident, Unifor a été condamnée à 100.000 dollars canadiens pour outrage à magistrat. Le syndicat a condamné l'arrestation sans motif de ses membres par la police et le soutien apporté à l'employeur par des politiciens de droite du Saskatchewan Party au pouvoir.
Le 29 janvier, Unifor a reçu une autre assignation pour outrage à magistrat en raison de ces blocus. Le syndicat a fait savoir qu'il y mettrait fin si FCL revenait à la table des négociations. La direction a accepté et une réunion est prévue pour le 31 janvier.
Jerry Dias a déclaré :
"Unifor a toujours voulu négocier un accord équitable pour les travailleurs des raffineries, et c'est la première fois que nous voyons un signe faisant penser que FCL voudrait aussi un accord."
Pour le Secrétaire général adjoint d'IndustriALL Kemal Özkan :
"Les coopératives sont supposées être un modèle d'entreprise différent, fondé sur le respect de la communauté et une volonté de coopération. Or, par son comportement, FCL fait montre d'autant d'antisyndicalisme qu'une multinationale.
"FCL a les moyens de payer des pensions décentes aux travailleurs. Elle doit revenir à la table des négociations et conclure une convention avec Unifor."