6 avril, 2017Des mineurs membres de syndicats affiliés à IndustriALL Global Union sur trois continents différents sont confrontés à des attaques de la part de compagnies multinationales qui veulent supprimer des emplois, donner des coups de canif dans les prestations et pousser les salaires à la baisse.
Hecla Mining Company aux États-Unis, Anglo American en Australie et Freeport-McMoRan en Indonésie, tentent de briser les syndicats en refusant de s’engager dans des négociations loyales. Ces attaques s’inscrivent dans une tendance dans le secteur au plan mondial :
“Le fil rouge de ces trois conflits est la maximisation des profits par la violation et le déni des droits syndicaux. Ces conflits, bien que distincts, constituent essentiellement une seule et même lutte,” dit le Secrétaire général d’IndustriALL, Valter Sanches. “Nous devons travailler à la négociation de conventions collectives de travail fonctionnant par-delà les frontières qui représenteront notre réponse commune.”
Soucis aux États-Unis
Les mineurs qui appartiennent à l’affilié d’IndustriALL, le Syndicat des Métallurgistes USW, sont en grève à la mine d’argent Lucky Friday de l’entreprise Hecla Mining Company en Idaho depuis le 13 mars dernier, après la déconfiture des négociations collectives.
La proposition définitive d’Hecla, transmise le 10 mars, comportait des changements dans les affectations du personnel dont l’USW est persuadé qu’elles entraîneraient une chute spectaculaire de la sécurité et mettrait des vies en danger. Elle réduirait aussi grandement les prestations en faveur des salariés et rendrait les emplois moins pérennes.
Les travailleurs ont voté unanimement le rejet de cette offre qualifiée par l’entreprise comme étant “la dernière, la meilleure et définitive” et sont en conséquence partis en grève. Cependant, la section 5114 de l’USW est disposée à négocier et déclare ne rien vouloir d’autre que de maintenir les prestations, la sécurité de l’emploi et un environnement de travail sûr.
IndustriALL Global Union a envoyé un courrier de protestation à Hecla Mining pour exhorter son PDG, Phillips S. Baker Jr, à s’assurer que la grève ne connaisse pas d’escalade et que Hecla s’engage de toute bonne foi dans des négociations sur une nouvelle convention de travail avec la section 5114 des Métallos USW.
Les mineurs paient les pots cassés en Indonésie
Les mineurs en Indonésie font office de boucs émissaires dans le récent conflit qui oppose le gouvernement et le géant américain des mines d’or et de cuivre Freeport-McMoRan (FCX) dans le cadre d’une nouvelle licence d’exploitation. Ce conflit a conduit le gouvernement à interdire les expéditions de concentré de cuivre entre mi-janvier et début avril, ce qui affecte directement les exportations de la Mine Grasberg PT Freeport Indonesia de FCX.
En Conséquence, les adhérents du Syndicat des travailleurs de la chimie, de l’énergie et des mines de Freeport Indonesia sont menacés d’être placés en chômage technique. Bien que cette procédure n’impliquerait qu’une mise à pied temporaire, l’entreprise tenter d’imposer des plans de départ volontaire aux travailleurs.
Freeport est déterminé à appliquer ses plans sans négocier avec le syndicat, même si cela reviendrait à une violation des lois et réglementations indonésiennes s’agissant spécifiquement du programme de chômage technique chez Grasberg.
Le syndicat a envoyé trois missives pour inviter l’entreprise à négocier, mais celle-ci a refusé ne fût-ce que de répondre aux courriers ou d’en accuser réception.
Les mineurs australiens dans l’impasse
En Australie, les salariés de la mine German Creek Coal Mine, propriété de Anglo American sont en grève depuis août 2016, après deux ans de tentatives ratées de renouveler la convention collective de travail conclue entre l’entreprise et l’affilié d’IndustriALL, le Syndicat de la construction, des industries forestières, des mines et de l’énergie (CFMEU).
Alors même que cette grève est protégée par la loi, cela n’a pas dissuadé Anglo American de faire entrer en scène des jaunes pour tenter de briser le mouvement. Malgré tout, les mineurs ont tenu bon dans leur détermination à protéger leurs emplois.
Les travailleurs exigent le retrait d’une clause afin d’assurer des emplois sûrs et stables et d’arrêter la précarisation de la main d’œuvre permanente, une procédure équitable et transparente en cas de licenciement, le maintien des barèmes de rémunérations actuels et présentent des revendications pour un environnement de travail sûr et sain.
“Les attaques contre les syndicats de la part de compagnies minières se produisent tout le temps, aux quatre coins de la planète. Mais plus fortes seront leurs tentatives, plus fortes seront nos contre-attaques. Par la solidarité internationale et le travail unitaire, nous pouvons affronter les multinationales minières afin d’obtenir un meilleur traitement pour tous les travailleurs,” a déclaré Andrew Vickers, coprésident de la section des mines d’IndustriALL et Secrétaire général du département mines et énergie du syndicat australien CFMEU.