24 juin, 2021Dans une affaire qui va encourager les syndicats à faire campagne pour la ratification de la Convention 190 de l’OIT sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail, la Haute Cour du Malawi a récemment statué en faveur d’une indemnisation pour harcèlement sexuel et violence sexiste au travail.
Tamara Kabowa, harcelée sexuellement par son contremaître général, Joaquim Carvalho, a poursuivi avec succès son employeur, Mota Engil Engenharia Construcao Africa, pour obtenir des dommages et intérêts. Le tribunal a appris que Carvalho avait caressé Kabowa de force et tenté de la déshabiller en utilisant “un canif pour déchirer son pantalon”. Carvalho a démissionné et quitté le Malawi avant que l’affaire ne soit entendue par le tribunal.
La Cour a statué que Mme Kabowa devait être indemnisée par son employeur, Mota Engil, le défendeur dans l’affaire, à “des dommages et intérêts exemplaires et aggravés pour l’atteinte à sa dignité de femme, le traumatisme émotionnel et psychologique, entre autres, résultant de la négligence du défendeur à freiner les abus sexuels dont elle a été victime de la part d’un de ses responsables qui était son supérieur”.
En outre, le tribunal a jugé que Mota Engil “a manqué à son devoir, en tant qu’employeur, de garantir un lieu de travail sûr, conformément à l’article 13 de la loi sur la sécurité, la santé et le bien-être au travail.”
Les affiliés d’IndustriALL au Malawi se félicitent de l’approche ferme adoptée par les tribunaux pour combattre la violence sexuelle et sexiste et sont impliqués dans des campagnes pour la ratification de la C190 dans le cadre de la deuxième mouture du Programme de travail décent du Malawi. Les affiliés participent également à des campagnes en tant que membres du Congrès des syndicats du Malawi et avec des organisations de la société civile sur l’intégration de la dimension de genre et l’égalité des sexes. Les affiliés d’IndustriALL sont le Syndicat du bâtiment, de la construction, du génie civil et des branches connexes (BCCEAWU), le Syndicat de la chimie, de l’énergie, des mines et des branches connexes (CEMAWU), le Syndicat du commerce, de l’industrie et des branches connexes (CIAWU), le Syndicat du personnel d’Escom (ESU) et le Syndicat du textile, de la confection, du cuir et des services de sécurité (TGLSSWU).
“Nous nous félicitons des jugements récents dans lesquels les tribunaux prononcent des peines et des sanctions plus sévères à l’encontre des auteurs de violences sexuelles et sexistes au travail,”
a indiqué William Mnyamula, Secrétaire général de l’ESU.
Paule France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL pour l’Afrique subsaharienne, a déclaré :
“Nous saluons les femmes qui se dressent contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. L’employeur a le devoir de protéger les travailleuses et d’assurer leur sécurité. La ratification de la Convention 190 par le Malawi est la prochaine étape nécessaire, sachant que les tribunaux y sont favorables.”
En Afrique subsaharienne, la Namibie et la Somalie ont ratifié la convention, tandis que d’autres pays en sont à diverses étapes de consultation en vue de la ratification.