8 septembre, 2020La Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), affiliée à IndustriALL Global Union, traîne Fairy Textiles devant la justice du travail pour violation des droits des travailleurs à la santé et la sécurité et pour "négligence grave" après le décès d'un travailleur migrant auquel elle avait refusé un congé de maladie.
Norul Amin, un travailleur migrant bangladais mort le 27 juillet, avait un contrat de deux ans avec Fairy Textiles en tant que conducteur de machine. Lorsqu'il est tombé malade, il a demandé un congé pour aller à l'hôpital, mais l'employeur a refusé et l'a obligé à continuer à travailler.
Son état de santé s'est encore dégradé le lendemain, alors qu'il était au travail, et ses collègues l'ont emmené à l'hôpital. Il n'a pas été bien soigné à cause de la barrière linguistique, la plupart des travailleurs bangladais ne parlant que le bengali. À l'hôpital, il n'a reçu que des antidouleurs, avant de succomber à une crise cardiaque.
Veer Gukhool, qui est chargé des travailleurs migrants à la CTSP, a déclaré :
"Depuis des années, la CTSP tire la sonnette d'alarme à propos de l'inégalité de traitement des travailleurs migrants. Or, le gouvernement ne cesse de modifier les lois et détériorer leurs conditions de travail. Face à la montée des discriminations et à la limitation des droits des travailleurs, la CTSP veut que la législation du travail soit appliquée et qu'une protection suffisante soit donnée aux travailleurs migrants à Maurice."
Pour la CTSP, Fairy Textiles, un fabricant de textiles et de vêtements qui exporte vers Madagascar, l'Afrique du Sud, l'Europe, les États-Unis et d'autres pays, a refusé à Amin son droit à un congé de maladie. C'est contraire à la législation du travail mauricienne qui impose à l'employeur, non seulement d'accorder un congé de maladie mais aussi d'assurer le transport des travailleurs qui doivent se rendre à l'hôpital. Pour le syndicat, les travailleurs ont droit à un congé de maladie annuel.
Le syndicat espère que l'audience se tiendra le plus vite possible après que, dans un premier temps, Fairy Textiles ait refusé d'accorder un congé à trois travailleurs devant comparaître comme témoins. Depuis, ces trois personnes ont remis des déclarations écrites appuyant le recours du syndicat.
Fairy Textiles n'a libéré ces travailleurs qu'après les pressions exercées par le syndicat et par le gouvernement. On peut craindre qu'ils soient déportés à l'initiative de l'employeur avant l'audience du tribunal.
Christina Hajagos-Clausen, la directrice d'IndustriALL en charge du secteur textile, déclare :
"Les firmes de textile et de l'habillement doivent respecter les droits des travailleurs migrants à un congé de maladie. La direction de Fairy Textiles a privé un travailleur malade de ses droits fondamentaux lorsqu'il en avait le plus besoin, et c'est inhumain."
Pour protéger les droits des travailleurs migrants des chaînes d'approvisionnement du textile et de l'habillement à Maurice, IndustriALL et la CTSP collaborent avec Anti-Slavery International, la marque de vêtements ASOS et l'Ovibashi Karmi Unnayan Programme, une organisation de la société civile qui dispense des formations aux travailleurs migrants bangladais.