26 mars, 2020Le Syndicat des travailleurs de l'habillement et du textile d'Afrique australe (SACTWU), affilié à IndustriALL Global Union, a obtenu un accord garantissant six semaines de versement intégral des salaires à 80.000 travailleurs alors que le pays impose le confinement.
Cet article arrive alors qu'en Afrique du Sud débute ce soir à minuit un confinement strict de trois semaines pour lutter contre le coronavirus. Toutes les activités non essentielles, parmi lesquelles le vêtement et le textile, doivent s'arrêter. Les gens doivent rester confinés à leur domicile, sauf dans des situations strictement contrôlées.
Le SACTWU a conclu la première convention collective nationale d'Afrique du Sud de l'épidémie du Covid-19 avec le Conseil national de la négociation pour l'industrie de la confection en fin de journée de mardi. Cette convention unique en son genre garantit que les travailleurs continueront à percevoir la totalité de leur salaire pendant les six prochaines semaines.
Prenant la parole à la télévision sud-africaine, le Secrétaire général du SACTWU, Andre Kriel, a déclaré :
"On ne peut pas tout attendre du gouvernement. Nous devons penser à ce que nous pouvons faire nous-mêmes. Nous avons le devoir de répondre à l'appel de la nation et de combattre le Covid-19.
"Ainsi, nous nous sommes tournés vers les institutions présentes dans notre industrie et réglons certaines difficultés administratives."
L'accord associe plusieurs institutions du marché du travail dans une tentative innovatrice, à la recherche de solutions, pour faire en sorte que les travailleurs ne subissent pas un manque à gagner.
En Afrique du Sud, les travailleurs et les employeurs cotisent à un Fonds d'assurance-chômage (UIF) qui verse entre 20 et 60 pour cent de son salaire au travailleur qui perdrait son emploi. En général, les travailleurs doivent introduire individuellement une demande à l'UIF auprès des services de l'emploi. Avec le confinement imposé par le coronavirus, il faut s'attendre à un arriéré énorme.
L'accord prévoit la possibilité d'introduire une demande collective pour le compte des travailleurs du secteur. Les sommes qui leur sont dues seront versées à un compte bancaire géré par le Conseil de la négociation. Ensuite, les fonds seront transférés aux entreprises et complétés par les employeurs de telle sorte que les travailleurs perçoivent cent pour cent de leur salaire. Ils seront ensuite intégrés à la masse salariale de l'entreprise et versés directement aux travailleurs.
Dans un communiqué de presse, le syndicat indique :
"Nous sommes conscients que cet accord n'est peut-être pas parfait, mais nous sommes décidés à faire de notre mieux.
"Nous tenons en particulier à remercier les travailleurs et les employeurs de notre courageuse industrie pour leur volonté de charger leurs dirigeants de prendre les risques patriotiques qui s'imposent pour conclure ce que nous espérons être une convention collective centralisée innovante qui contribuera modestement à l'effort de notre nation pour contrer définitivement la propagation du Covid-19."
La directrice d'IndustriALL en charge du secteur, Christina Hajagos-Clausen, a déclaré :
"Dans cette période sans précédent, cet accord conclu en Afrique du Sud et qui fera date démontre que les syndicats et l'industrie peuvent se mettre d'accord et trouver des moyens de soutenir les travailleurs du vêtement et aussi assurer la pérennité de notre industrie. Le SACTWU a montré une fois de plus que les accords à l'échelle de l'industrie sont vitaux pour le secteur du textile et de l'habillement."
Cette convention instaure aussi une équipe de réaction rapide chargée de traiter les questions d'ordre pratique. Le SACTWU a su faire preuve d'anticipation face au coronavirus en mettant en route un programme d'éducation pour les travailleurs il y a de cela plusieurs semaines.