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Un syndicat proteste contre des pertes d'emplois massives dans les mines d'or d'Afrique du Sud

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16 mai, 2024Le 11mai, des centaines de travailleurs membres du National Union of Mineworkers (NUM) ont défilé et déposé une pétition à la compagnie minière multinationale Sibanye Stillwater pour protester contre la perte de 4.022 emplois dans ses sites d'exploitation.

Le défilé a eu lieu à Carletonville, près de Johannesburg, et fait suite à l'envoi de préavis de licenciement à 3.107 travailleurs permanents et à 915 contractuels. Pour le NUM, ces pertes d'emplois vont accabler des mineurs dont dépendent des familles de parfois dix personnes.

Le syndicat se dit surpris que ces licenciements surviennent alors que le cours de l'or est élevé et que Sibanye Stillwater, cotée aux bourses de Johannesburg et de New York, verse des millions de dollars en salaire et primes à son CEO, Neal Froneman. Il a par exemple touché 291millions de rands (15,8 millions $) en 2021, 198 millions de rands (10.8 millions $) en 2022 et 56 millions de rands (3 millions $) en 2023. Selon le NUM, ces sommes sont trop importantes pour une entreprise invoquant des difficultés financières pour justifier les licenciements.

"Sibanye Stillwater licencie chaque année pour réduire ses coûts et engranger de plantureux bénéfices au détriment des mineurs, et cela alors même que les cours de l'or sont au plus haut. Nous nous étonnons qu'ils aient été annoncés juste avant l'ouverture des négociations salariales avec la direction,"

dit Mpho Phakedi, secrétaire général faisant fonction du NUM.

Le NUM, qui est affilié à IndustriALL Global Union, indique que depuis des années, certains puits de Sibanye Stillwater sont à l'arrêt pour "entretien et maintenance", une excuse pour justifier les licenciements, et le syndicat prie les ministères des Ressources minérales et de l'énergie (DMRE) et de l'Emploi et du travail d'enquêter sur cette pratique. Le NUM juge aussi que le gouvernement doit appliquer le principe "sans utilisation, disparition" aux permis d'exploitation que détient la multinationale.

Le NUM s'inquiète aussi de ce que Sibanye Stillwater figure parmi les pires compagnies minières d'Afrique du Sud en matière de santé et de sécurité, alors que huit mineurs ont été tués dans des accidents miniers sur ses sites en 2023. Le syndicat attribue cette situation au non-respect de la Loi sur la santé et la sécurité dans les mines, aggravé encore par une inspection du travail inefficace de la part du DMRE dont le nombre d'inspecteurs est inférieur aux nécessités.

"Sibanye Stillwater doit penser sérieusement au gagne-pain des travailleurs avant de se lancer dans des licenciements massifs. Le sort des travailleurs et des communautés doit être mis au premier plan avant de fermer une mine. Les multinationales minières ne doivent pas être guidées uniquement par le profit, mais aussi par des considérations environnementales, sociales et de gouvernance,"

a déclaré Glen Mpufane, le directeur d'IndustriALL en charge des mines.

Dans un message de solidarité au NUM, la section 11-0001 de l'United Steelworkers (USW), un syndicat américain affilié à IndustriALL, écrit :

"Ce traitement d'une main-d’œuvre qualifiée et dévouée par Sibanye Stillwater en Afrique du Sud est déplorable. Nous tenons à exprimer nos préoccupations ainsi que notre soutien devant la situation troublante dans laquelle Sibanye les a mis."