13 septembre, 2018Le secteur automobile au Kenya connaît un regain de croissance généré par l’agrandissement des chaînes de montage des compagnies mondiales Isuzu, Nissan, Scania, Tata, Toyota et Volkswagen. Cependant, face à la baisse des emplois permanents et à la hausse du travail précaire, cette croissance ne profiterait que très peu aux travailleurs selon les syndicats.
Kenya Vehicles Manufacturers monte des véhicules pour Tata et Scania, alors qu’Associated Vehicles Assemblers détient un contrat de sous-traitance avec Toyota. La chaîne de valeur comprend les pièces automobiles, la mise en distribution et la maintenance.
L’assouplissement des exigences appliquées par l’Union douanière de l’Afrique de l’Est pour rendre plus attractif le montage des véhicules au Kenya, ainsi que la promotion de l’achat de véhicules produits localement au détriment de l’achat de véhicules d’occasion en provenance d’autres régions du monde constituent deux occasions de croissance pour le secteur.
Néanmoins, les compressions d’emplois dans le secteur sont courantes et les importations bon marché continuent d’inonder le marché. Selon les syndicats, cette situation serait aggravée par la faiblesse des mécanismes de protection des politiques industrielles et l’absence d’une stratégie économique intégrée.
IndustriALL Global Union pour la région d’Afrique subsaharienne a récemment organisé des réunions à Nairobi pour discuter des difficultés auxquelles fait face le secteur et les solutions à y apporter. Figuraient parmi les participants, les affiliés du syndicat des métallurgistes unis du Kenya (AUKMW) et le syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud (NUMSA). Les participants ont insisté sur la collaboration et l’apprentissage entre les affiliés dans les différents pays. Une nouvelle réunion est prévue en 2019 pour inclure les syndicats africains du secteur automobile dans le réseau mondial.
Les participants aux réunions ont été informés qu’en 2015, Volkswagen a fait part de son projet d’ouvrir une plus grande chaîne de montage susceptible de créer 2 000 emplois. L’entreprise reçoit des véhicules pratiquement montés d’Afrique du Sud, auxquels ils manquent seulement les portes, les capots, les pneus et quelques autres éléments montés par quatre travailleurs employés à plein temps. Le gouvernement a même promis de stimuler la production en achetant des véhicules à l’usine. Malheureusement et malgré de grandes attentes, AUKMW a indiqué que la compagnie continuait d’employer seulement quatre travailleurs à plein-temps. En outre, l’entreprise emploie 118 travailleurs en contrats temporaires depuis 10 ans, ce à quoi AUKMW s’oppose. Néanmoins, toutes les tentatives du syndicat auprès des tribunaux en faveur des emplois permanents ont échouées.
Après la réunion, AUKMW a facilité un atelier sur la négociation collective auquel ont participé les délégués syndicaux d’Isuzu et de KVM, et les fabricants de batteries Chloride, Sunfilter, Choda Fabricators et Pelican Signs. Le Centre pour l’organisation des syndicats, qui est le centre national du travail, était représenté aux réunions. Des échanges de vue ont eu lieu sur la négociation au niveau des usines au Kenya par rapport à la négociation collective centralisée en Afrique du Sud. Le commissaire du travail adjoint a manifesté un intérêt à établir des conseils de négociation chargés d’améliorer les relations du travail dans le pays.
NUMSA a expliqué la façon dont il a protégé les intérêts des travailleurs lorsque General Motors a fermé son atelier en Afrique du Sud ainsi que lors du transfert de plusieurs travailleurs d’Isuzu.
Kenny Mogane, responsable régionale d’IndustriALL pour l’Afrique subsaharienne, a déclaré:
« Nous saluons le combat mené par AUKMW pour la création d’emplois permanents et l’amélioration des conditions de travail pour les travailleurs dans le secteur automobile, et nous continuerons d’appuyer leurs efforts visant à améliorer la négociation collective ».