22 mai, 2024Les thèmes qui comptent le plus pour les femmes dans le secteur minier de Côte d'Ivoire sont l'égalité de genre, le comblement de l'écart de rémunération entre hommes et femmes, une meilleure représentation des femmes à la direction des syndicats, l'élimination de la discrimination fondée sur le genre, le combat pour le respect par les compagnies minières de la législation sur la santé et la sécurité et la mise en place de politiques d'entreprise qui mettent fin à la violence et au harcèlement fondés sur le sexe.
Ces matières constituent l'ordre du jour d'ateliers en cours depuis le mois d'avril et qui se termineront en juillet. Ils s'inscrivent dans le programme d'activités sur les femmes dans l'industrie minière de la région de l'Afrique subsaharienne d'IndustriALL.
Cette série d'ateliers a démarré avec un premier sur les perspectives de l'exploitation minière en Côte d'Ivoire, qui s'est tenu les 25 et 26 avril à la mine d'or d'Agbaou, et auquel participaient aussi des travailleurs de la mine de Bonikro. Ces deux mines appartiennent à l'Allied Gold Corporation, une multinationale canadienne de l'exploitation aurifère cotée à la bourse de Toronto, présente également en Éthiopie et au Mali. Le sous-sol ivoirien renferme aussi des minéraux essentiels à la transition des combustibles fossiles aux énergies renouvelables que sont la bauxite, le lithium et le manganèse.
Les mines d'Allied Gold, où travaillent des femmes à des postes dans l'administration, comme mécaniciennes, conductrices de camions et responsables de santé et d'hygiène, emploient au total plus de 700 personnes, dont 11 et 15 pour cent de femmes aux mines d'Agbaou et de Bonikro respectivement.
Plus d'une centaine de femmes de la Fédération ivoirienne des syndicats des mines, métaux, carrières et connexes (FISMECA), affiliée à IndustriALL Global Union, participaient à cet atelier. Parmi les thèmes abordés, le salaire égal pour un travail de valeur égale, les conventions collectives avec les mines, la manière dont le syndicat aborde la question de l'écart salarial avec les mines et l'ouverture d'un dialogue social avec le ministère des Mines sur les conditions de travail décentes. Les représentants du ministère présents aux ateliers ont déclaré que le gouvernement se félicite d'un échange avec les organisations syndicales d'un secteur minier en plein essor dans le pays.
Les participants ont salué la convention collective en vigueur qui accorde aux femmes un congé de maternité d'un an. Toutefois, certaines participantes s'inquiètent que les compagnies minières puissent se servir de ce long congé de maternité pour creuser davantage l'écart entre hommes et femmes et marginaliser les femmes par la perte de prestations et de perspectives de carrière.
Zogba Karidja Traore, la présidente du comité des femmes de la FISMECA, a expliqué que le syndicat fait campagne pour l'égalité entre hommes et femmes.
"Souvent, les femmes sont exclues de la formation et de la promotion, en particulier lorsqu'elles reprennent le travail après leur congé de maternité. Cela impacte leurs salaires qui restent inférieurs à ceux de leurs collègues."
Elle a ajouté que la FISMECA appuie des candidates féminines dans les prochaines élections syndicales, pour favoriser leur représentation dans les instances dirigeantes.
"Il faut combler l'écart salarial entre hommes et femmes alors que les femmes sont aussi qualifiées que leurs collègues masculins. Une façon de mettre fin à cette discrimination est d'avoir des politiques d'entreprise tenant compte des considérations de genre, au sens de la convention 190 de l'Organisation internationale du travail, pour éradiquer la violence et le harcèlement dans le monde du travail,"
a déclaré la secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin, qui participait aux ateliers avec l'équipe de projet.