3 août, 2023Plus de 110 participants d'Allemagne, d'Argentine, d'Afrique du Sud, du Botswana, d'Espagne, des États-Unis, du Kenya, du Lesotho et de Namibie étaient réunis le 27 juillet à Maseru, au Lesotho, pour un sommet de haut niveau afin d'arrêter une stratégie sur les moyens de mettre fin à la violence et au harcèlement basés sur le genre dans le monde du travail en Afrique australe.
Les participants à ce sommet ont reconnu que les accords signés au Lesotho sont un modèle pour l'Afrique australe. Des accords ont été conclus en 2019 entre trois marques mondiales de vêtements - Levi Strauss & Co., Kontoor Brands (Lee and Wrangler Jeans) et Children’s Place - et des syndicats et des organisations féministes pour mettre un terme à la violence et au harcèlement basés sur le genre à l'usine textile Nien Hsing, qui emploie plus de 10.000 personnes.
Ces accords ont été conclus après qu'une enquête menée par le Workers’ Rights Consortium (WRC) ait mis en lumière des actes choquant de violence et de harcèlement basés sur le genre commis par la direction et des contremaîtres de cinq usines de Nien Hsing. Pour y mettre fin, ces accords recommandent des programmes comportant des mécanismes de signalement, des mesures disciplinaires contre les auteurs pouvant aller jusqu'au licenciement, et des programmes de sensibilisation, de formation et d'éducation à la VHBG. D'après certains participants, depuis la mise en œuvre de ces programmes en 2021, le nombre des cas a diminué et ils veulent qu'ils soient étendus à d'autres usines.
Dans ses commentaires, le premier ministre du Royaume du Lesotho, Ntsokoane Samuel Matakane, a dit :
“Le Lesotho défend les droits des travailleurs et travailleuses qui sont inscrits dans la constitution et dans les conventions de l'OIT, notamment la convention 190. Le gouvernement préconise un cadre de travail exempt de violence et de harcèlement et met la dernière main à des principes directeurs visant à mettre fin à l'exploitation sexuelle.”
Cette manifestation était organisée avec le soutien de plusieurs organisations, dont l'American Federation of Labour and Congress of Industrial Organizations (AFL-CIO), le Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), la Fédération des femmes juristes du Lesotho (FIDA), la Fédération internationale des travailleurs domestiques (IDWF), la CSI, la CSI-Afrique, le WRC, La Fondation pour la recherche et l'éducation sur les femmes et le droit en Afrique australe (WLSA) et Workers Rights Watch.
Les syndicats présents, qui étaient aussi les signataires des accords, étaient le Syndicat démocratique indépendant du Lesotho (IDUL), affilié à IndustriALL, les Salariés unis du textile (UNITE) et le Syndicat national des travailleurs de l'habillement, du textile et apparentés (NACTWU).
Shawna Bader-Blau, la directrice exécutive du Solidarity Center, a déclaré :
“Après des années de combat, des syndicats et des travailleuses du monde entier en particulier, pour promouvoir des lieux de travail exempts de violence et de harcèlement basés sur le genre, il est réconfortant de voir, dans le cadre de l'initiative M-POWER, des gouvernements à l'écoute des travailleurs dire d'une même voix que la violence et le harcèlement basés sur le genre constituent une forme d'abus inacceptable qui doit cesser si les travailleurs et les travailleuses veulent pouvoir instaurer des lieux de travail justes et équitables.”
“Les syndicats et les organisations de défense des droits des femmes du Lesotho ont montré qu'il est possible de négocier des accords contraignants dans la chaîne d'approvisionnement mondiale du vêtement afin de protéger les droits fondamentaux des travailleurs.”
Le programme M-POWER a aussi été lancé en Zambie plus tôt dans l'année sur le thème “Amplifier les voix des travailleurs pour préserver la démocratie en Afrique.”
La secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin, ajoute :
“L'élaboration de mécanismes et programmes de lutte contre la VHBG est une étape importante de la mise en application de la convention 190 pour mettre fin à la VHBG dans le monde du travail, tout comme l'adoption de politiques du lieu de travail, comme l'explique le recommandation 206. Surtout, ces programmes sont plus efficaces s'ils impliquent toutes les parties prenantes, dont les syndicats, comme c'est le cas au Lesotho. Nous espérons que le programme M-POWER sera étendu à d'autres pays d'Afrique australe.”
Les hôtes du sommet étaient le Partenariat multilatéral pour l'organisation, l'habilitation et les droits des travailleurs (M-POWER), la Fédération des syndicats du Lesotho (LFTU) et le Conseil du travail du Lesotho (LLC).
Le Lesotho est le septième pays d'Afrique subsaharienne à ratifier la convention 190 après la République d'Afrique centrale, Maurice, la Namibie, le Nigeria, la Somalie et l'Afrique du Sud.