20 août, 2020Bull Clothing, un atelier de confection du Lesotho, en Afrique australe, a licencié 253 travailleuses et travailleurs qu'il accuse de s'être mis en grève. Il les a ensuite réembauchés, avec de nouveaux contrats, pour des salaires inférieurs, et avec une période d'essai de trois mois.
Ces travailleurs ont été licenciés la semaine dernière après s'être rassemblés pour demander à l'entreprise les raisons du retard dans le versement de 800 Maloti (46 $) venant du gouvernement. Ils sont convaincus que l'entreprise retarde délibérément ce versement. Celle-ci les a alors accusés d'avoir déclenché une grève sauvage et a licencié 253 d'entre eux.
Vendredi dernier, lorsque les travailleurs ont réclamé leurs indemnités de licenciement, la direction les a réembauchés, comme s'ils étaient de nouveaux salariés, ce qui veut dire qu'ils perdent tous les droits qu'ils ont cumulés, y compris les indemnités de licenciement. Ils devront aussi passer par une période d'essai de trois mois, pour un salaire fortement diminué. Les primes de licenciement sont liées au salaire et à l'ancienneté et représentent une somme importante pour les travailleurs.
Ces travailleuses et travailleurs sont représentés par notre affilié le Syndicat démocratique indépendant du Lesotho (IDUL). Après avoir tenté de négocier avec la direction, le syndicat a rencontré le Ministre du travail pour essayer de trouver une solution. Cependant, la direction n'a pas coopéré. Le syndicat a alors porté l'affaire devant la juridiction de conciliation du DDPR, mais l'arriéré de travail de cette juridiction signifie qu'un règlement ne sera pas trouvé de sitôt.
Le syndicat a aussi abordé la question devant un comité gouvernemental pour le développement du secteur qui a convoqué un représentant de l'entreprise. La situation se complique du fait que le propriétaire de l'usine est basé en Afrique du Sud et qu'il ne peut se rendre au Lesotho en raison des restrictions imposées par le Covid-19.
Le syndicat craint que l'entreprise projette en secret de fermer l'usine du Lesotho pour déménager ses activités en Afrique du Sud. Ces licenciements seraient une tentative pour réduire ses charges d'indemnités de départ que les travailleurs ont constituées grâce à leurs années d'ancienneté.
Le quotidien The Post révèle que, depuis que le gouvernement du Lesotho a instauré un salaire minimum de 2.020 Maloti (117 $) pour le secteur il y a deux ans, des entreprises tentent de licencier puis réengager les travailleurs afin de réduire la charge des indemnités de licenciement. Un travailleur de Bull Clothing a confié au journal :
"Je vois clair dans leur stratagème et je n'accepterai jamais d'être roulé de la sorte".
La Secrétaire régionale d'IndustriALL Paule Ndessomin déclare :
"Bull Clothing a joué un sale tour à un personnel loyal. En retardant le paiement de la prime gouvernementale, ils ont provoqué une réaction du personnel. Ils ont alors invoqué cette réaction pour accuser les travailleurs de mener une grève sauvage. Ensuite, ils les ont licenciés, dépouillés de leurs prestations puis réengagés.
"C'est une manœuvre malhonnête conçue pour réduire la responsabilité de l'entreprise vis-à-vis de ses salariés. C'est inacceptable et nous nous battrons jusqu'à ce que leurs prestations leur soient rendues."
Bull Clothing produit des vêtements de travail en gros destinés principalement au marché sud-africain.