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Trois années de guerre : le moral indestructible de l'Ukraine

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20 février, 2025Le 24 février 2022, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a causé des dévastations qui ont détruit des centaines de milliers de vies. Aujourd'hui, trois ans plus tard, des villes sont en ruines, des familles sont déchirées et d'innombrables vies ont été perdues, et pourtant la population ukrainienne résiste toujours. Son courage, son refus de se soumettre et son moral indéfectible continuent de briller dans les ténèbres.

IndustriALL Global Union et IndustriALL European Trade Union n'ont cessé de réclamer l'arrêt de cette guerre. Les deux organisations ont appelé les décideurs internationaux, en Ukraine, en Russie, dans l'Union européenne et aux États-Unis, à rechercher des solutions politiques, la paix et la justice. Les syndicats mondiaux et européens ont condamné l'invasion qui constitue une violation flagrante du droit international ainsi qu'une attaque contre la souveraineté et la dignité humaine.

L'an dernier, les Global Unions se sont rendus dans le pays pour réaffirmer le soutien du mouvement syndical mondial aux travailleurs d'Ukraine et à leurs syndicats.

"Mon voyage en Ukraine a été un triste rappel du lourd coût humain de ce conflit, mais il m'a surtout renforcé dans la conviction que la guerre ne compte que des perdants et doit être évitée,"

a déclaré à son retour le secrétaire général d'IndustriALL, Atle Høie.

Le projet d'adhésion à l'Union européenne, inauguré par la candidature de l'Ukraine en juin 2022, est à la fois une décision politique et une déclaration d'espoir; elle assurera aux travailleurs ukrainiens une voix dans le mouvement syndical européen.

En avril 2023, des représentants de syndicats ukrainiens se sont réunis en Pologne pour élaborer une stratégie de soutien aux travailleurs victimes de l'occupation et de violations systématiques de leurs droits. Malgré l'énormité des défis, ils ont parlé d'espoir, de reconstruction des infrastructures, de vies, de droits et de libertés. Les travailleurs ukrainiens se maintiennent aux avant-postes de la résilience. Avec près de la moitié des infrastructures énergétiques de leur pays détruites, ils risquent leurs vies pour assurer la fourniture d'énergie dans leur pays.

Parmi ces innombrables histoires de vies de courage, citons celle de Lidiya Galkina, une femme mineur de fond et responsable du Syndicat indépendant des mineurs d'Ukraine (NPGU) dans la région de Lougansk actuellement occupée. Lidiya a tout perdu lorsque les forces russes ont détruit sa ville natale de Tochkivka. Forcée de s'enfuir, elle a refusé de céder et a transformé sa rancœur en action en créant, avec d'autres, l'initiative humanitaire Step to Victory, qui confectionne des filets de camouflage et des équipements de protection pour les défenseurs de l'Ukraine. Sa détermination est aussi celle de millions d'autres qui combattent, non seulement pour leur survie mais aussi pour un avenir libre et juste.

"Si, au moins, nous pouvions chasser les occupants de notre pays, alors, ensemble, nous pourrions tout rebâtir, surmonter la douleur et atteindre nos objectifs,"

déclare Lidiya Galkina.

IndustriALL Global et IndustriALL Europe continuent de solliciter l'Organisation internationale du travail (OIT)  pour qu'elle intervienne auprès du gouvernement russe pour qu'il cesse ses destructions des établissements civils, la production d'énergie en particulier, et ses attaques contre les infrastructures civiles et les lieux de travail.

"Nous réitérons, de concert avec d'autres agences et programmes des Nations unies, notre appel à l'OIT pour qu'elle appuie une initiative visant à fournir au gouvernement ukrainien des équipements thermodynamiques tels que des turbines à gaz, des turbogénérateurs, avec leurs systèmes de contrôle et des transformateurs. Le soutien international est vital pour la résilience du complexe énergétique de l'Ukraine, pour assurer la fourniture d'énergie aux citoyens et aux entreprises d'Ukraine, empêcher un effondrement humanitaire et économique et sauver les lieux de travail en Ukraine,"

a déclaré Atle Høie.

Alors que l'Ukraine subit d'incessantes attaques contre ses infrastructures et sa population, le combat pour la survie s'accompagne d'un combat pour les droits des travailleurs, pour s'assurer que la reconstruction repose sur la justice, la dignité et l'équité.

Dans un récent courrier au président ukrainien Volodymyr Zelensky, IndustriALL condamnait le mépris affiché par le ministère de l'Économie pour plus de 90 pour cent des propositions déposées par les syndicats en vue de modifier le projet de code du travail d'août 2024. Une version révisée, augmentée de 15 articles, a été déposée sans que les syndicats aient été consultés.

Ce projet, qui sera discuté prochainement devant la Verkhovna Rada, viole les normes internationales du travail, affaiblit la protection des travailleurs et tente de perpétuer les restrictions de temps de guerre. Il omet aussi des dispositions essentielles en matière de relations entre employeurs et syndicats et de participation des travailleurs.

IndustriALL Global et IndustriALL Europe veulent que l'Union européenne rappelle clairement au gouvernement ukrainien ses critères d'adhésion. Une évolution négative de la législation du travail n'est pas compatible avec l'appartenance à l'Union européenne.

"IndustriALL exhorte le gouvernement ukrainien à entamer un dialogue digne de ce nom pour garantir la conformité des réformes de la législation du travail avec les normes internationales. Les syndicats sont essentiels pour la reconstruction de l'Ukraine; ils sont une garantie de justice, d'équité et de dignité dès le lancement du processus de reconstruction. En cette date anniversaire, nous nous souvenons non seulement des disparus, mais de la force indomptable des travailleurs ukrainiens. Ils ne se battent pas seulement pour leur patrie, mais pour les principes mêmes de paix, de justice et de démocratie qui nous unissent tous. Le mouvement syndical international sera aux côtés de l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire,"

a dit Atle Høie.

Photos : Confédération des syndicats libres