1 juillet, 2013Poussés par le désespoir et la pauvreté en pleins bouleversements politiques, des mineurs avaient repris le travail sur un site qui avait été fermé en 2009 après un glissement de terrain qui avait causé la mort de 16 personnes. Une nouvelle tragédie a eu lieu sur le site le 23 juin après la reprise de l’activité quand un effondrement a coûté la vie à 52 mineurs.
Alors que le président de la République centrafricaine (RCA) Michel Djotodia, qui s’est emparé du pouvoir par un coup d’État en mars 2013, a déclaré trois jours de deuil à la mémoire des mineurs décédés, ce pays en crise révèle beaucoup d’autres victimes. La liberté syndical a été abolie et toute forme de rassemblement est interdite sous le gouvernement actuel.
Louis Marie Kogrengbo, secrétaire général de l’Organisation démocratique syndicale des travailleurs de Centrafrique (ODSTC), affiliée à IndustriALL, signale que des rebelles errent dans les rues de la ville et dans les campagnes en attaquant les gens, et il ne se passe pas de jours sans entendre parler de violents incidents. La sécurité est la principale question qui inquiète la population.
La RCA dépend du coton qui l’un des secteurs-clés des exportations avec ceux de l’extraction du diamant et de l’or qui sont en voie de s’effondrer. Les mineurs ne gagnent pas plus de 4 USD par jour. Dans la majorité des cas, les 80.000 à 100.000 mineurs de diamant en RCA travaillent dans des installations artisanales de taille réduite sans licences d’exploitation. Les pierres extraites sont souvent vendues à des trafiquants ou à des entreprises exportatrices pour un très faible pourcentage de la valeur de revente.
Le gouvernement en place réagit à la pression internationale par un recours au Processus de Kimberly pour éliminer le financement des conflits par la commerce illégal de diamant. Les mesures portent sur l’établissement d’une nouvelle chambre de compensation centralisée et par l’interdiction des transactions payées en argent liquide. Les mesures placent cependant les mineurs dans une situation où la peur de perdre leur emploi est de plus en plus forte.
Par désespoir, beaucoup de mineurs artisanaux de diamant se sont tournés vers l’extraction de l’or, les prix pour l’or étant plus stables que pour le diamant. On estime que le commerce illégal d’or est encore pire que pour le diamant, et se monte selon des estimations à 95 pour cent de la production. Ainsi, les travailleurs qui sont morts dans la récente tragédie étaient sans nul doute poussés par la pauvreté à s’engager dans une extraction minière illégale dans des conditions périlleuses pour alimenter le marché noir.
Le secrétaire général de IndustriALL, Raina, a déclaré:
La fin du travail dans des conditions d’exploitation extrêmes et dangereuses, ainsi que le cycle de violences en République centrafricaine nécessitent une action internationale. La solidarité internationale du mouvement ouvrier est nécessaire pour lancer une initiative en faveur de la paix et de la stabilité pour les travailleurs et travailleuses, et pour assurer le rétablissement des droits des travailleurs et des droits syndicaux.