24 avril, 2019Des représentant(e)s des syndicats du pétrole et du gaz de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) se sont rencontré(e)s pour la 5e fois à Beyrouth, au Liban, le 23 et 24 avril, dans le cadre d’un réseau soutenu par la Fondation Friedrich Ebert. Des délégué(e)s d’Algérie, de Bahreïn, d’Égypte, d’Irak, de Jordanie, du Liban, de Mauritanie, du Maroc et de Tunisie y ont assisté, ainsi que des invité(e)s de Norvège.
Ahmed Kamel a ouvert la séance en faisant remarquer qu’il s’agissait de la cinquième réunion d’un réseau qui était devenu pérenne :
“Nous avons accompli beaucoup de choses depuis la création de ce réseau. Nous devons décider où nous voulons en être dans cinq ans. Il vous appartient d’identifier vos priorités et d’élaborer un plan d’action. Nous vous soutiendrons à tout moment.”
Le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL Kemal Özkan a présenté le contexte politique, indiquant que la viabilité de différentes méthodes de production était affectée par les prix du pétrole, rendant le secteur particulièrement vulnérable aux pressions géopolitiques. La région MENA est la pire du monde en termes de violations des droits syndicaux.
La Directrice pour l’Énergie, Diana Junquera Curiel, a évoqué les tendances mondiales dans le secteur et fait le point sur les syndicats présents au sein des principales compagnies.
“Ce secteur est confronté à une contradiction cruciale. Nous devons équilibrer les besoins en énergie d’une population en croissance et d’économies en développement avec l’impératif de prendre des mesures en matière de changement climatique. À niveau mondial, il y a une augmentation de la demande en énergie qui conduit à la demande combinée de plus d’énergie et de moins de carbone. Notre défi est de nous assurer que ce ne soit pas les travailleurs et travailleuses qui se retrouvent pris dans cette contradiction.”
Le Directeur de Total pour le Liban, Daniel Alavarez, s’est joint à la réunion pour exprimer l’engagement de l’entreprise par rapport à son accord-cadre mondial avec IndustriALL et celui de développer des relations sociales saines dans la région.
Après que le coprésident de la section Frode Alfheim, de notre affilié norvégien Industri Energi, a exposé les pressions auxquelles le secteur est soumis pour devenir plus durable et la manière dont les syndicats en sont affectés, le Secrétaire général Valter Sanches s’est exprimé sur la Transition juste, en disant :
“Le secteur du pétrole et du gaz est important pour nous. Nous voulons le maintenir parce qu’il génère de la valeur aussi bien pour les travailleurs que pour la société au sens large. Le renouvelable devient moins cher. Nous avons maintenant des incitants économiques pour une transition énergétique ainsi qu’un impératif politique. Nous devons faire partie de ce débat, sinon les entreprises vont s’en servir comme prétexte pour restructurer et virer des travailleurs et travailleuses.”
Le Directeur pour la santé, la sécurité et la durabilité, Brian Kohler, a conduit une session sur la santé et la sécurité professionnelles, qui sont négligées par les employeurs et les gouvernements de la région. “C’est un métier nocif”, a-t-il dit, “et les maladies professionnelles comptent pour 80% des décès. Les syndicats ne peuvent pas rester dans l’attente que les employeurs identifient et portent remède aux dangers.”
“Un délégué syndical à la sécurité doit apprendre à être un épidémiologiste en herbe. Un carnet de note constitue votre outil le plus important. Recherchez les maladies récurrentes. N’oubliez pas de suivre les retraités. Identifiez les causes connues de ces maladies. Observez les processus de travail et faites des recoupements..”
Les délégués ont l’intention de créer un comité de santé et sécurité professionnelles qui puisse partager et traduire des documents et élaborer une culture de la sécurité. Ils ont également exprimé leur grand intérêt à développer leur compréhension de la logique économique de l’industrie du pétrole et du gaz, afin de pouvoir contrer les arguments que les employeurs leur opposent.