2 novembre, 2023La syndicalisation, la requalification, l’intelligence artificielle et la santé mentale étaient les points à l’ordre du jour de la première réunion stratégique des cols blancs d’IndustriALL depuis 2017. Elle s’est tenue à Madrid ces 26 et 27 octobre derniers et 70 participants, en ligne ou présents sur place, ont échangé leurs différentes réalités, besoins et attentes concernant le monde du travail et la manière de rendre les syndicats plus pertinents pour les cols blancs dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM).
“Industrie 4.0 est en train de changer le monde du travail et le secteur des cols blancs est en pleine croissance, ce qui pousse IndustriALL à devenir plus proactive dans la syndicalisation et la prise en compte des problèmes auxquels ces travailleurs et travailleuses sont confrontés. Notre travail consiste à élaborer des stratégies sur la manière de relever ces défis, en particulier le droit à la déconnexion pendant le télétravail, la transformation vers un monde plus numérique et le fait de rendre le mouvement syndical attrayant pour les jeunes travailleurs et travailleuses. Nous devons être attractifs pour les jeunes, notre existence et notre pertinence en dépendent,”
a déclaré Christine Olivier, Secrétaire générale adjointe d’IndustriALL.
Le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, Kan Matsuzaki, participant en ligne, a planté le décor en donnant un aperçu de la situation des cols blancs dans un monde en mutation. Il s’est concentré sur les tendances telles qu’Industrie 4.0, le changement climatique, l’économie de plateforme, les défis et les outils nécessaires pour rendre les syndicats plus attractifs.
“Le nombre de cols blancs augmente et celui des cols bleus diminue dans nos secteurs. Si nous ne pouvons pas recruter les cols blancs, notre mouvement syndical sera en difficulté. Nous devons examiner comment nous pouvons utiliser les règles de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme comme un outil pour syndiquer les cols blancs,”
a expliqué Kan Matsuzaki.
Les débats ont porté sur le dépassement des obstacles et l’inclusion, les compétences, l’employabilité et la sécurité de l’emploi dans le monde numérique. Des participants venus d’Espagne, du Japon, d’Afrique du Sud, de Singapour, du Maroc et de Suède ont participé à des tables rondes, soulignant l’importance de changer le discours selon lequel les cols blancs ne peuvent pas se syndiquer, la nécessité de plaider en faveur des compétences de base, l’importance d’inclure les jeunes et de mettre en place des structures de garde d’enfants.
De son côté, industriAll Europe a évoqué son projet mené actuellement en collaboration avec une université finlandaise afin de mieux comprendre les aspirations des cols blancs. Ils développeront une boîte à outils pour les affiliés d’industriAll Europe sur la syndicalisation des cols blancs.
Le Dr Hamzaoui, expert auprès du BIT, a présenté les normes existantes de l’OIT en matière de santé mentale. La Présidente d’Eurocadres, Nayla Glaise, a présenté sa campagne pour l’adoption d’une directive européenne sur la protection de la santé mentale des travailleurs. Cette session s’est concentrée sur le temps de travail et la pression accrue sur les travailleurs et travailleuses, ainsi que sur l’inclusion du droit à la déconnexion dans les conventions collectives.
Le syndicat suédois Unionen a présenté un exposé sur l’accord suédois qui prévoit l’amélioration et la requalification des compétences des cols blancs. Cet accord est essentiel pour permettre aux travailleurs et travailleuses hautement qualifiés, qui sont exposés à de nouvelles évolutions, de se maintenir au niveau des compétences requises par les nouvelles technologies, de conserver leur employabilité et d’évoluer vers de nouveaux postes. Ce panel a notamment permis de trouver des stratégies pour aider les travailleurs et travailleuses âgés à s’adapter aux nouvelles technologies et à la santé mentale, en se concentrant sur l’inclusion du droit à la déconnexion dans les conventions collectives.
Le deuxième jour de la réunion a été consacré à la syndicalisation dans un monde numérique. Des syndicats d’Australie, du Ghana et du Brésil ont présenté des exposés sur la manière dont ils utilisent la technologie pour recruter. Les participants ont soulevé la difficulté d’atteindre les membres les plus éloignés, c’est pourquoi ils utilisent la technologie pour aider leurs membres. Les journaux numériques, les groupes WhatsApp et Telegram sont ainsi utilisés pour recruter des adhérents.
Massimo Mensi, Conseiller politique sur la technologie numérique auprès d’UNI Global Union, a présenté les nouveaux défis pour les travailleurs et travailleuses ainsi que leurs syndicats en ce qui concerne l’intelligence artificielle et la gestion des algorithmes. Il a souligné que l’intelligence artificielle aura un impact sur la main-d’œuvre dans des secteurs tels que la technologie, les banques et l’éducation, notamment en termes de protection des données personnelles et de droit à la vie privée, et qu’il était important pour les syndicats de trouver des tactiques pour relever ces défis.
“Les cols blancs des STEM ont besoin d’une meilleure formation pour suivre l’évolution rapide des technologies. La requalification est essentielle pour les employés plus âgés afin de préserver leur employabilité. La santé mentale doit être une priorité. Ces travailleurs et travailleuses ont besoin d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Pour toutes ces questions, il est également important de développer une perspective de genre afin de répondre aux priorités des femmes dans les STEM. L’égalité entre les hommes et les femmes est essentielle,”
a déclaré Corinne Schewin, Coprésidente d’IndustriALL pour les cols blancs.