7 décembre, 2015Avec une base d’adhérents en régression, le syndicat suédois, affilié d’IndustriALL, Unionen était confronté à un défi : recruter ou mourir.
Le modèle suédois dans lequel employeurs et syndicats fonctionnent la plupart du temps par consensus, a régné sans partage depuis les années 1940. Mais, même avec une forte tradition syndicale, les dernières décennies ont vu un déclin continu des effectifs syndicaux.
Unionen perdait des membres et les estimations indiquaient la persistance de cette tendance à l’avenir. En 2010, le Comité exécutif d’Unionen a pris une décision claire et concise : à l’échéance de 2015, les effectifs devaient augmenter de 100.000 unités pour atteindre un total de 600.000.
“Nous ne pouvions pas continuer sur cette voie et nous avons changé notre fusil d’épaule. Il n’était plus question de savoir comment nous pouvions adapter l’organisation à des effectifs en baisse, mais au contraire nous devions recruter et croître,” dit Martin Linder, Président d’Unionen.
L’organisation s’est astreinte à poser la question “voulez-vous devenir membre d’Unionen ?” Martin Linder précise que souvent, la question n’était même pas posée sur le lieu de travail.
“Il fallait que toute l’organisation pose cette question et créer une culture en vertu de laquelle la question la plus importante à poser serait celle-là. Unionen peut offrir le meilleur plan d’adhésion du monde, si personne ne le sait, nous ne survivrons pas.”
Pour une grande partie de la population active de Suède, le travail n’est pas associé avec des difficultés majeures. Unionen a voulu faire passer l’image du syndicat de pourvoyeur de solutions à fournisseur d’améliorations. En montrant les bénéfices d’une adhésion syndicale, comme des réductions, un coaching carrière, des allocations de chômage majorées uniquement pour les membres, Unionen a concentré son message sur les médias sociaux. Le premier résultat lorsque vous tapez dans Google “marché du travail” en suédois (arbetsmarknad) est Unionen.
Unionen a également attiré beaucoup l’attention par son marketing plus traditionnel :
des publicités sur le thème des super-héros.
Décrire ce qu’Unionen a fait pour accroître ses effectifs est un défi dans un perspective internationale.
“Nous produisons des publicités avec des super-héros alors que dans d’autres pays des dirigeants syndicaux sont emprisonnés en raison de leurs luttes,” commente Martin Linder.
“Même si nous avons eu recours à des mesures assez peu conventionnelles dans le monde syndical, comme ces publicités où apparaissent des super-héros, je pense que de nombreux syndicats dans le monde peuvent s’identifier aux défis qui étaient les nôtres : recruter ou mourir.”
La campagne de recrutement a généré pas mal de débat, aussi bien à l’interne chez Unionen qu’au sein d’autres syndicats suédois.
“La plus importante leçon à en tirer est que vous devez faire les choses à votre manière. Ce qui fonctionne en Suède, une démocratie stable de neuf millions de citoyens, pourrait ne pas marcher ailleurs.“
Unionen a l’intention de continuer à croître. Il y a 1,3 millions de travailleurs non-manuels en Suède. Un tiers d’entre eux sont membres de Unionen, un tiers appartient à un autre syndicat et un tiers n’est pas syndiqué.
“Nous avons appris beaucoup ces cinq dernières années et il est évident que nous n’en avons pas fini ! Notre vision est que l’ensemble des salariés non-manuels devraient être membres du même syndicat,” déclare Martin Linder.
Comme dans le reste du monde, le travail précaire s’accroît en Suède. Unionen débat sur les moyens de syndiquer les salariés qui n’ont pas un emploi permanent et de conclure des conventions qui apportent de la sécurité à ce groupe.
“Nous ne pouvons nous résoudre à ignorer cette part du marché du travail ; si nous ne syndiquons par les travailleurs en sous-traitance, nous perdrons notre légitimité et notre crédibilité.
“Ce n’est pas leur type d’emploi qui compte, nous les voulons comme membres d’Unionen,” conclut Martin Linder.