19 mai, 2015Avec l’effondrement de nombreux secteurs industriels traditionnels, le Nigeria a connu une croissance rapide du nombre de travailleurs dans le secteur informel. Les statistiques indiquent qu’au Nigeria plus de 60% des travailleurs et travailleuses se retrouvent dans l’économie informelle.
PROFIL
Pays : Nigeria
Auteur : Cherisse Fredricks
Syndicat : Syndicat national des travailleurs du textile, de la confection et des vêtements sur mesure (NUTGTW)
L’affilié d’IndustriALL, le Syndicat national des travailleurs du textile, de la confection et des vêtements sur mesure (NUTGTW), a vu cette tendance comme une opportunité non seulement de syndiquer ceux qui ne l’étaient pas, mais aussi de renforcer les effectifs syndicaux et d’augmenter la participation des femmes.
Une approche sur mesure de la syndicalisation
Pour la pérennité des secteurs du textile et de la confection, le NUTBTW a eu une approche créative et a commencé à syndiquer les tailleurs. Sur les 500.000 personnes concernées, le NUTGTW en a maintenant recruté environ 35.000.
“Dans les années 1970 et 1990, alors que les industries du textile et du vêtement étaient florissantes, l’aspect confection a été laissé de côté dans notre travail et c’est là que l’on trouve les travailleurs du secteur informel. Les tailleurs au Nigeria sont le plus souvent des indépendants et généralement des femmes,” précise Issa Aremu, Secrétaire général du NUTGTW.
Certains tailleurs sont déjà rassemblés aux seins d’associations mais de manière peu structurée. Le NUTGTW s’est vite rendu compte qu’il est préférable d’en faire opérer le recrutement par des tailleurs, car ils ont une meilleure compréhension des problèmes. Ils et elles sont confrontés à pas mal de harcèlement de la part des autorités qui prélèvent de nombreuses taxes et rendent leur activité difficile.
Ces travailleurs et travailleuses n’ont pas de moyen d’expression et nous leur en fournissons un. Nous sommes enracinés dans les communautés et faisons partie d’IndustriALL. Maintenant que ces travailleurs informels savent qu’ils font partie de ce mouvement international, cela nous aide à les faire entrer dans le cercle,
indique Aremu.
Pour offrir aux tailleurs une plateforme de débat pour leurs problèmes, le NUTGTW a fait l’effort de les mettre en contact avec les autorités aux différents niveaux de pouvoir.
Le syndicat leur fournit aussi du matériel comme des aiguilles, des machines à coudre, des boutons ou du tissu. Ce partenariat se justifie parce que le NUTGTW peut servir d’agent pour ses membres qui produisent des vêtements et faire la liaison avec l’industrie, ce qui leur permet d’avoir accès à des matériaux de qualité à des prix sous contrôle.
“Le pays est envahi de tissu de Chine. Cette tendance fait du tort à notre secteur textile et rend difficile pour nos tailleurs l’accès à des matériaux de qualité, ce qui sape réellement leur travail. Le syndicat rend donc un réel service à ces travailleurs informels ce qui les pousse à nous rejoindre,” dit Aremu.
“Les travailleurs et travailleuses du secteur informel, par leur nombre, ont permis de renforcer les campagnes du NUTGTW,” ajoute-t-il.
Des solutions créatives aux défis de la syndicalisation
Mettre en place un système de cotisations équitable est un défi, s’agissant du secteur informel. Pour ce qui est du secteur formel, la procédure est assez facile parce qu’on reçoit une fiche de salaire chaque mois, mais pour le secteur informel où les revenus sont irréguliers, elle l’est moins.
“Si notre syndicat parvient à trouver des façons de rendre des services que les travailleurs du secteur informel jugent valables, ils seront alors disposés à les financer,” dit Aremu. “Nous avons proposé des programmes éducatifs annuels qui ont été formidables. Les droits d’inscription étaient faibles au départ mais nous les avons augmentés graduellement et les travailleurs sont disposés à les payer parce qu’ils sont demandeurs d’éducation.”
Le NUTGTW a revu son programme pour mieux coller aux besoins spécifiques des travailleurs du secteur informel, comme l’obtention de prêts à moindres taux destinés à financer les fournitures pour leurs activités.
“Nous participons aussi à des conférences nationales et nous voulons qu’ils et elles en fassent partie pour y exprimer leurs préoccupations. Et ils et elles sont disposés à dégager les ressources nécessaires pour y participer,” confirme Aremu.
Intégration dans les structures syndicales
Face à l’objectif pressant d’atteindre 40% de participation des femmes aux structures syndicales, certaines organisations se débattent avec une faible présence féminine. En recrutant dans le secteur informel, le NUTGTW est non seulement parvenu à augmenter ses effectifs, mais il a aussi atteint une plus grande proportion de membres féminins.
Et le syndicat a modifié ses statuts pour permettre aux femmes de participer et d’être présentes à des postes plus élevés :
Les femmes s’élèvent maintenant dans nos structures dirigeantes,
indique Aremu.