5 décembre, 2013Il ne fait aucun doute qu’Angeline Chitambo, Présidente du ZEWU (Syndicat des Travailleurs de l’Energie du Zimbabwe) et membre du Comité exécutif d’IndustriALL Global Union est une femme d’une grande force. L’année écoulée a été dure pour elle mais elle a tenu bon face aux violations éhontées des droits des travailleurs et des droits syndicaux de la part de la ZESA, la Régie de Distribution d’Electricité du Zimbabwe, une entreprise publique.
PROFIL
Pays: Zimbabwe
Syndicat: Zimbabwe Energy Workers Union (ZEWU)
Texte: Aisha Bahadur
Photo: IndustriALL
Tout a commencé lorsque la ZESA a refusé de se conformer à une décision d’arbitrage concernant la mise en œuvre d’une convention collective signée par l’entreprise à propos de hausses salariales. La ZESA a suspendu 135 travailleurs et travailleuses, dont Angeline et d’autres responsables syndicaux pour avoir soi-disant menacé de mener des grèves. La ZESA s’est ensuite servie de la réintégration des salariés suspendus comme moyen de pression pour que le syndicat accepte d’oublier la convention collective, mais le ZEWU est resté déterminé.
Après une longue bataille, tous les travailleurs ont été réintégrés à l’exception d’Angeline, qui a été licenciée.
Depuis le début nous n’étions pas seuls et maintenant qu’il n’y a que moi qui se retrouve marginalisée, IndustriALL continue à se tenir à mes côtés.
dit Angeline.
Je n’avais jamais pensé obtenir un tel soutien. L’initiative prise par IndustriALL de m’aider moi et mon syndicat durant cette période m’a donné la force et le courage de continuer à me battre.
Le ZEWU a porté l’affaire devant les tribunaux, qui ont déclaré infondées les charges portées contre Angeline et ordonné sa réintégration. La ZESA refuse de se plier à cette ordonnance et tente de résoudre le conflit en lui offrant de l’argent pour partir volontairement.
Angeline, qui travaille depuis plus de 26 ans pour la ZESA et a occupé la fonction de Vice-présidente du ZEWU entre 2000 et 2006, lorsqu’elle est devenue Présidente, interprète la tentative de l’évincer comme une démarche pour déstabiliser le syndicat qui est devenu sous son autorité une organisation ouvrière pleine de santé.
Ils me voient comme une menace parce que j’ai fait avancer la cause des travailleurs, mais je ne peux pas partir ainsi.
Elle ajoute en riant :
J’ai dit que j’accepterais d’être mise sur la touche s’ils honorent la convention collective 2012.
Angeline souligne qu’en 2006, la ZESA avait essayé de violer la convention collective mais la différence avait été la réplique des travailleurs.
Nous avons fait la plus longue grève à laquelle la ZESA a jamais été confrontée. Elle a été considérée comme illégale parce que nous sommes repris parmi les services essentiels et à ce titre privés du droit de grève, mais tout le monde y avait participé et personne n’a pu être stigmatisé.
Alors, qu’est-ce qui a changé ? Angeline évoque la démobilisation des travailleurs par suite de la répression de la part de l’état. Un problème particulier est celui de la restriction sur les rassemblements qui sont soumis à autorisation policière. Les employeurs utilisent la stigmatisation pour manipuler les travailleurs, avec pour résultat le déclin de l’idéologie ouvrière.
Les travailleurs adoptent une attitude de 'chacun pour soi et dieu pour tous'. Sans unité entre les travailleurs, le mouvement ouvrier est promis à la mort au Zimbabwe,
dit Angeline.
Ceci a lourdement influencé l’équilibre des forces au niveau des relations sociales, laissant les syndicats dépourvus de la possibilité de mobiliser les travailleurs sur leurs revendications.
En 2013, ZEWU et ZESA sont incapables d’atteindre un accord en négociation collective. Le ZEWU veut une augmentation salariale qui tiennent compte des gains engrangés en 2012. Le syndicat ayant peu de possibilités d’exercer une pression, il faut à nouveau avoir recours à la voie de droit par le biais de l’arbitrage.
Au travers des défis auxquels j’ai dû faire face dans l’année écoulée, j’ai appris à apprécier l’importance de l’unité et de la solidarité. Nous nous sommes regroupés en tant que syndicats de divers secteurs au plan mondial, mais il y a tellement plus que nous pouvons atteindre si nous construisons l’unité entre nous comme affiliés à niveau national. C’est ce que je m’engage à défendre au sein d’IndustriALL en remerciement de tout le soutien que j’ai reçu,
a conclu Angeline.