17 février, 2016Nissan est pointée du doigt par les syndicats, qui dénoncent le non-respect, par le constructeur automobile, des lignes directrices à l’intention des partenaires officiels des Jeux Olympiques de Rio 2016.
Des représentants des syndicats brésiliens s’apprêtent à remettre une plainte à Carlos Nuzman, Président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Rio 2016, et à l’Ambassadeur Agemar Sanctos, Directeur des Relations institutionnelles, en main propre, aujourd’hui à 12h00.
Le géant automobile japonais, qui opère dans le cadre d’une alliance avec le constructeur français Renault, fournit près de 6 500 véhicules aux Jeux Olympiques et Paralympiques qui auront lieu au mois d’août au Brésil ; il est le seul partenaire automobile de ces Jeux.
Les affiliés d’IndustriALL Global Union au Brésil déclarent que le comportement antisyndical agressif de Nissan au sein de son usine de Canton, dans le Mississipi, va directement à l’encontre du Sustainable Supply Chain Guide (Guide pour une chaîne logistique durable) à l’intention des sponsors et des fournisseurs des Jeux Olympiques et Paralympiques de Rio de Janeiro, qui inclut, entre autres normes, la liberté syndicale.
L’action programmée le 18 février à Rio de Janeiro verra les syndicats brésiliens UGT, Força Sindical, CUT, le Syndicat national des athlètes, ainsi que l’United Auto Workers (UAW) et IndustriALL unir leurs forces pour soutenir les travailleurs de Canton victimes des pratiques d’intimidation et de réprimande adoptées par Nissan afin de sanctionner les activités syndicales. Les ouvriers de Nissan dans le Mississipi assisteront eux aussi à l’événement.
Bien que l’entreprise autorise la représentation syndicale sur d’autres sites de Nissan dans le monde, y compris au Brésil, le manuel des collaborateurs de Nissan en Amérique du Nord recommande expressément aux travailleurs de ne pas se syndiquer.
Morris Mock, employé de l’usine Nissan de Canton :
« Nous demandons simplement à être traités avec autant de respect que nos collègues syndiqués employés sur les autres sites de Nissan et Renault dans le monde. Je suis fier d’être ici présent aux côtés de mes collègues brésiliens pour demander au Comité olympique de mettre ses valeurs en pratique. »
En décembre 2015, au terme d’une enquête de six mois, le National Labor Relations Board aux Etats-Unis a déposé une plainte officielle à l’encontre de Nissan accusant l’entreprise d’enfreindre la loi en menaçant les employés de licenciement en raison de leurs activités syndicales, en menaçant de fermer l’usine suite à ces mêmes activités et en imposant illégalement une politique uniforme en réponse aux centaines d’ouvriers de Canton qui avaient revêtu des tee-shirts pro-syndicat.
« En attaquant le syndicat, en instaurant un climat de crainte à Canton et en refusant le dialogue, Nissan traite ses salariés américains comme des citoyens de seconde zone. J’espère que Nissan adoptera les principes des Jeux Olympiques de Rio et que l’entreprise changera d’attitude dans le Mississipi, » a déclaré Mock, employé de Nissan à Canton.
Les ouvriers souhaitent l’établissement d’un syndicat afin d’exprimer leurs préoccupations en matière de santé et de sécurité à Canton et pour améliorer les droits des travailleurs intérimaires, qui représentent 40 pour cent de la main-d’œuvre de la chaîne de production. Les lignes directrices relatives à la chaîne logistique, qui s’adressent aux partenaires des JO de Rio, font également mention du travail formel et de la sécurité des conditions de travail.
Le Secrétaire général d’IndustriALL, Jyrki Raina, a déclaré :
Les organisateurs des Jeux Olympiques de Rio ont, à juste titre, placé la responsabilité sociale au cœur des Jeux mais Nissan est loin d’être à la hauteur des standards attendus des partenaires. Les lignes directrices définies par le Comité international olympique exigent le respect des droits des travailleurs et nous appelons Nissan à faire de même. Nous exhortons les organisateurs des JO de Rio à demander à Nissan de mettre en place un plan de mesures correctives à Canton, qui permettra ainsi à l’entreprise de figurer dignement parmi les partenaires officiels des Jeux.