2 avril, 2019Les 28 et 29 mars derniers, Apasco, filiale de LafargeHolcim, a licencié six autres travailleurs à Hermosillo, au Mexique, pour avoir rejoint le syndicat des mineurs, Los Mineros, un affilié à IndustriALL Global Union. Tous étaient des travailleurs permanents.
Douze travailleurs employés à la cimenterie Apasco à Hermosillo, détenue par LafargeHolcim, ont payé de leur travail l’exercice de leur droit d’organiser et d’adhérer à un syndicat de leur choix.
La compagnie pratiquant une forme extrême d’externalisation, environ 500 travailleurs sur une main-d’œuvre forte de 600 personnes sont des travailleurs externalisés, mal rémunérés et ne bénéficiant d’aucune protection sociale. La compagnie a tenté de justifier les six derniers licenciements comme faisant partie d’une restructuration. Ces travailleurs seront très probablement remplacés par des travailleurs externalisés, moins bien payés et moins bien protégés.
Fin 2016, un groupe de six travailleurs permanents sur 70 avaient décidé de devenir membres de Los Mineros. Mécontents de leurs conditions de travail et en l’absence de reconnaissance de leurs droits, les travailleurs considéraient leur adhésion à Los Mineros comme étant le seul moyen d’améliorer leur situation.
Le syndicat contrôlé par la direction, membre de la Confédération des travailleurs mexicains (CTM) qui, à l’époque, comptait quelque 30 autres travailleurs permanents comme membres obligatoires, a eu vent de ces efforts d’organisation et en a informé la compagnie, qui a alors renvoyé six militants en février 2017. Tous étaient des travailleurs expérimentés, qui occupaient leur poste depuis 7 à 10 ans.
La CTM est connue depuis des années pour sa pratique tristement célèbre consistant à conclure des conventions collectives de protection avec les employeurs qui empêchent les autres syndicats d’organiser dans les usines, de participer effectivement aux négociations collectives et d’exprimer leurs revendications. En outre, de nombreux travailleurs sont employés par des prestataires extérieurs, qui seraient selon toute vraisemblance des sociétés détenues par les gestionnaires et les administrateurs de la compagnie.
Les militants possèdent des enregistrements audio de la procédure de licenciement au cours de laquelle ils ont été informés de leur dernier jour de travail pour avoir recueilli des cartes d’affiliation.
Les travailleurs licenciés en 2017 ont tenté d’attaquer en justice la compagnie pour violation de leurs droits et licenciements abusifs, mais celle-ci leur a répondu que leur absentéisme, et donc l’abandon de leur poste, avait été l’unique déclencheur de leur renvoi. Les travailleurs ont incriminé les autorités locales et les relations des tribunaux avec la CTM, qui traditionnellement bénéficiaient du soutien fort de l’ancien parti au pouvoir, le PRI.
Selon les informations disponibles, la situation à l’usine s’est détériorée après les licenciements. D’après les enregistrements audio, les travailleurs se plaignent de menaces constantes de licenciement de la part de la CTM, qui les effraie de partager le sort des six travailleurs licenciés s’ils venaient à s’élever contre elle. Les travailleurs signalent également des violations des règles de sécurité provoquant différents accidents, y compris la perte de doigts.
Selon les données disponibles, les travailleurs ne seraient pas autorisés à déclarer ces accidents aux services d’assurance pour que leur lieu de travail continue d’apparaître comme étant « sans accident ». Bien qu’ils soient alors enjoints à se concentrer sur leur travail, ils ont dans le même temps pour ordre de faire des travaux de bureau.