23 juillet, 2020Bien que les syndicats mauriciens aient remporté, après des années de lutte, une grande victoire avec l’adoption des nouveaux amendements au droit du travail en octobre 2019, les employeurs ont utilisé la pandémie pour revenir en arrière.
Après avoir exercé une pression soutenue sur le gouvernement durant 16 ans, les syndicats mauriciens, dont l’affilié à IndustriALL, la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), ont fêté les nouveaux amendements à la législation sur le travail comme une victoire majeure. Les nouvelles dispositions ont permis d’augmenter la protection des travailleurs, y compris des travailleurs migrants et précaires, dans toutes les industries.
Peu de temps après leur adoption, la pandémie mondiale de la COVID-19 a néanmoins contraint le pays au confinement et, bien que les amendements apportés au droit du travail eurent été extrêmement bénéfiques pour les travailleurs durant cette période, les employeurs n’ont pas tardé à faire pression sur le gouvernement pour qu’il revienne en arrière.
"La CTSP a sincèrement cru que les activités et le travail ne pourraient pas reprendre de la même manière qu’avant la COVID-19 mais que tous, sans exception, nous changerions nos points de vue et comprendrions vraiment que nous devons travailler de concert et faire pression pour mettre en place une nouvelle normalité.
"Les employeurs des plus grandes entreprises implantées à Maurice ont profité de cette période de pandémie pour faire pression sur le gouvernement afin que la loi adoptée après tant d’efforts soit amendée à leur propre avantage",
a déclaré Reeaz Chutto, président de la CTSP.
En mai 2020, le gouvernement a modifié les dispositions de la nouvelle Loi sur les droits des travailleurs au profit des employeurs. Bien que les syndicats se soient battus avec force pour maintenir le plus possible son contenu, ils ont réussi à empêcher l’adoption d’un des amendements seulement.
Ainsi, ils ne sont parvenus qu’à maintenir la disposition relative au Fonds d’indemnisation de licenciement transférable, qui protège les travailleurs licenciés, dont les travailleurs précaires. Selon cette disposition, tout employeur a l’obligation de cotiser au Fonds pour chacun de ses employés et ce, quel que soit le type de contrat d’embauche dont il bénéficie. Les travailleurs qui perdent leurs emplois peuvent percevoir de l’argent du Fonds.
Bien que le Premier ministre, Pravin Jugnauth, ait déclaré aux syndicats que les travailleurs pourraient à nouveau bénéficier des amendements de 2019 d’ici 2024, les syndicats ont clairement indiqué qu’ils ne resteront pas les bras croisés et qu’ils poursuivront leur lutte pour que tous ces amendements soient rétablis au profit des travailleurs.
La CTSP a constaté une augmentation du nombre des travailleurs syndiqués depuis le début de la pandémie. Face aux offensives des employeurs, usant de manœuvres pour intimider et menacer les travailleurs, et dégrader leurs conditions de travail, ces derniers cherchent le soutien des syndicats pour conserver leurs conditions de travail antérieures.
La CTSP a recruté plus de 250 travailleurs migrants employés dans le secteur du textile et de l’habillement, des fruits de mer et de la construction. La majorité de ces travailleurs sont originaires d’Inde, du Bangladesh et de Madagascar.
"De nombreux travailleurs migrants n’ont pas perçu leurs salaires depuis plus de trois mois. La CTSP négocie actuellement avec le Ministre du Travail pour qu’ils disposent d’un bureau spécial chargé des réaffectations. Nous recommandons également la mise en place d’un bureau centralisé où ils pourront faire part de l’ensemble de leurs problèmes sans avoir à passer par différents ministères et départements."
a indiqué Jane Ragoo, Secrétaire générale de la CTSP.
"IndustriALL félicite la CTSP pour sa capacité de résilience en ces temps difficiles. Le syndicat s’est battu avec force pour faire adopter la loi. Malheureusement, sous la pression des employeurs, le gouvernement a maintenant reculé. Parce qu’ils défendent les travailleurs, les syndicats constatent une augmentation du nombre de leurs adhérents. C’est le moment où les travailleurs voient les avantages de faire partie d’un syndicat qui lutte pour leurs droits."
a déclaré le Secrétaire général d’IndustriALL, Valter Sanches.