12 septembre, 2024Un cinglant rapport d’inspection du ministère du travail et de la sécurité sociale dénonce l’exploitation sexuelle pratiquée par un directeur général, celui de Dharm Cutting Works Botswana, une entreprise de taille et de polissage de diamants installée à Gaborone.
Le siège de Dharm se trouve en Inde, qui est son principal pays d’approvisionnement en diamants.
À la suite d’une plainte déposée auprès du ministère par le BDWU (Syndicat des travailleurs du diamant du Botswana), affilié à IndustriALL, des inspecteurs du travail ont mené une enquête chez Dharm et ont interrogé six travailleuses victimes de harcèlement sexuel. Les inspecteurs ont également interrogé trois femmes qui ont depuis quitté l’entreprise en raison du harcèlement sexuel pratiqué par le directeur, qui a été suspendu dans l’attente des résultats d’une enquête.
Selon le rapport des inspecteurs, les formes de harcèlement sexuel reprochées au directeur général comprenaient le viol, les attouchements inappropriés et le harcèlement sexuel “quid pro quo”, qui se produit lorsque un emploi, un salaire et des avantages sont promis à la condition que l’employé se soumette à des avances sexuelles importunes. Dans l’un des cas cités dans le rapport, le directeur général a harcelé sexuellement des polisseuses de diamants après leur avoir demandé de faire le ménage chez lui. Les inspecteurs ont déclaré que cela constituait une violation du code national de bonnes pratiques en matière de relations sociales (modèles de procédures et d’accords) de 2006, qui définit le harcèlement sexuel comme “des avances ou des suggestions sexuelles persistantes, non sollicitées et non désirées, faites par une personne à une autre. Il s’agit clairement d’un cas de harcèlement sexuel, dont l’auteur est le directeur général”.
Les inspecteurs ont écrit que le directeur avait utilisé son pouvoir financier pour harceler sexuellement les travailleuses, en violation même du manuel des ressources humaines de l’entreprise. Ce manuel, qui vise à mettre fin au harcèlement sexuel, stipule que “le harcèlement sexuel comprend un comportement de nature sexuelle, y compris des plaisanteries, des attouchements, des commentaires, des images pornographiques et autres, qui interfèrent de manière déraisonnable avec la capacité d’un employé à accomplir son travail en raison d’un environnement hostile”.
En outre, l’inspection a condamné l’inclusion du directeur général dans l’enquête sur le harcèlement sexuel et s’est demandé comment un auteur présumé pouvait jouer ce double rôle de “juge et partie”.
“En assistant à la procédure d’enquête le concernant, il a devancé les conclusions de l’enquête et rendu la procédure nulle et non avenue”, indique le rapport qui a été envoyé à Dharm.
Outre la question du harcèlement sexuel, le rapport d’inspection mentionne également que Dharm a rétabli des prestations en faveur de travailleurs qu’elle avait supprimées sans concertation avec le syndicat.
Dominic Obusitse Mapoka, Président du BDWU, a déclaré :
“Nous nous félicitons des mesures prises par Dharm à l’encontre de son directeur général, mais nous attendons avec impatience l’adoption de politiques sur le lieu de travail pour lutter contre le harcèlement sexuel. En tant que syndicat, nous espérons une solution à l’amiable sur d’autres questions que nous avons soulevées auprès des ministères du travail et de l’intérieur.”
“Il est honteux qu’un directeur général censé tenir à l’œil le harcèlement sexuel en soit l’auteur. Nous félicitons le BDWU d’avoir défendu les droits des travailleuses contre le harcèlement sexuel et d’avoir abordé cette question avec le ministère du travail et de la protection sociale”,
a déclaré Paule France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL pour l’Afrique subsaharienne.
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