21 mars, 2019Plus de 200 travailleurs d’une usine de confection de vêtements pour des marques mondiales telles que K-Mart, Target et Disney ont manifesté devant le bureau du ministère de la main-d'œuvre indonésien et l’ambassade de Corée du Sud à Jakarta, en Indonésie, le 14 mars, pour exiger le versement de six mois de salaires et d’indemnités impayés.
L’usine de confection de PT Selaras Kaus Busana (SKB), située à Bekasi, à l’ouest de la province de Java, employait 4 000 travailleurs, composés principalement de femmes, avant qu’elle ne soit abandonnée brusquement par son propriétaire sud-coréen en octobre 2018.
Les travailleurs protestataires, membres de l’affilié à IndustriALL Global Union, la Fédération syndicale nationale des travailleurs de l’industrie (SPN), exigent le versement des salaires impayés, des cotisations sociales et des indemnités de licenciement au nom des 2 000 travailleurs ayant perdu leurs emplois sans aucune explication en août et en septembre 2018.
Le propriétaire de l’usine, Kim Jae-Chul, s’est enfuit en Corée avec 97 milliards IDR (6,8 millions de US$), et a fermé l’usine en octobre 2018 en laissant les travailleurs et leurs familles dans des conditions incertaines.
La présidente du syndicat de l’usine à SKB, Miss Verawati, a indiqué:
« Le gouvernement indonésien a l’obligation de protéger les droits de ses citoyens. Quant au gouvernement coréen, il est responsable en raison du montant illicite que le propriétaire coréen a pris à l’usine. Nous voulons que le propriétaire, Kim Jae-chul, soit ramené en Indonésie et rende les salaires et autres avantages appartenant aux travailleurs. Nous demandons également aux marques qui s’approvisionnent à SKB d’assumer leur responsabilité envers les travailleurs dans leur chaîne d’approvisionnement. Nous voulons que nos droits soient respectés ».
Les travailleurs à SKB touchaient un salaire inférieur au salaire minimum en vigueur à Bekasi depuis 2013, après que SKB ait demandé un report de paiement des salaires au gouvernement indonésien. L’usine, qui a démarré ses activités en 1990, offrait de très mauvaises conditions de travail: une mauvaise ventilation, des toilettes vétustes et sales, ni repas ni cantine. Les travailleurs devaient aussi travailler de longues heures pour atteindre les objectifs de l’entreprise.
Les travailleurs ont formé un piquet de grève à l’extérieur de l’usine et ont fait une demande de médiation auprès du Bureau du travail de Bekasi. Néanmoins, la direction de l’entreprise n’est pas parvenue à un accord à la réunion de médiation ayant eu lieu en novembre 2018. Depuis lors, le syndicat, SPN, a porté le litige devant la Cour des relations du travail à Bandung et se prépare à un nouveau procès avec le ministère de la main-d'œuvre contre le propriétaire de l’usine au motif de corruption.
L’information selon laquelle l’entreprise n’a pas payé les salaires de plus de 3 000 employés a gagné l’attention des médias en Corée du Sud et, le 7 mars, le Président du pays, Moon Jae-in, a ordonné une enquête à l’encontre de SKB. Le gouvernement doit également mener une mission d’enquête en Indonésie.
Le cas de SKB n’est pas isolé, selon le président du syndicat SPN, Djoko Heriyono, qui indique que des dizaines d’autres investisseurs dans le secteur de l’habillement sud-coréen ont abandonné leurs usines et se sont enfuis dans leur pays d’origine.
SPN et LIPS (Sedane Labour Resource Centre – le Centre des ressources en effectifs de Sedane) ont commencé à travailler ensemble afin d’identifier les investissements directs sud-coréens en Indonésie qui violent les lois du travail indonésiennes en versant des salaires inférieurs au salaire minimum national, en obligeant les travailleurs à travailler de longues heures dans des conditions précaires ou en se livrant à des violences verbales et non verbales. Cette collaboration a déjà permis d’identifier 22 d’entre eux au niveau national.