13 septembre, 2023Les travailleurs et travailleuses de l’usine textile Hialpesa, au Pérou, célèbrent la réintégration d’un certain nombre de dirigeants syndicaux licenciés, une victoire majeure pour le syndicat après quatre années de lutte.
Le 28 août dernier, les dirigeants syndicaux licenciés par Hialpesa, l’une des entreprises de textile et de confection les plus importantes et les plus rentables du Pérou, ont été réintégrés. L’affilié d’IndustriALL, la Fédération des travailleurs du textile du Pérou (FNTTP), a organisé un rassemblement devant l’entreprise pour soutenir le syndicat d’Hialpesa.
Le conflit a débuté en 2019 lorsque l’entreprise textile a annoncé qu’elle licenciait 190 travailleurs et travailleuses pour des raisons économiques, technologiques, structurelles et autres. Quatre-vingt-quinze étaient membres du syndicat Hialpesa et huit étaient des dirigeants syndicaux.
Hialpesa a déposé une demande de licenciement collectif auprès du ministère du travail. Le ministère a alors été chargé d’évaluer la demande et de décider si elle serait octroyée.
Au cours des quatre années qui ont suivi, le syndicat Hialpesa et la FNTTP ont organisé des marches, des rassemblements et des barbecues devant le ministère du travail en solidarité avec les licenciés, exigeant que l’entreprise respecte les droits des travailleurs.
Le Secrétaire de la FNTTP en charge du recrutement, Gerardo Olortegui Sifuentes, a déclaré :
“L’entreprise a lancé ses licenciements collectifs en juin 2019 pour tenter de briser le syndicat. Plus de 20 personnes ont été réintégrées par décision de justice cette année ainsi que l’année dernière, et sept dirigeants syndicaux ont été réintégrés la semaine dernière. Il s’agit d’une réussite majeure pour la FNTTP, après notre longue bataille pour défendre les droits des travailleurs.
Cependant, les procédures sont toujours en cours pour plus de 70 personnes et notre combat n’est donc pas terminé. Nous avons organisé des manifestations devant la Cour suprême pour qu’elle fasse avancer les choses. Les juges mettent des années à mener à bien l’ensemble de la procédure. Nous pensons que si cela prend trop de temps, ce n’est pas de la justice”.
Le problème sous-jacent est que les pratiques abusives en matière d’emploi, notamment par le biais de l’externalisation et des contrats temporaires, sont très répandues au Pérou et permettent aux entreprises de ne pas assumer leurs responsabilités à l’égard de leurs salariés. En vertu du décret législatif n° 728, les entreprises peuvent embaucher des personnes sur une base temporaire et, grâce au décret législatif n°22342 sur les “exportations non traditionnelles”, les employeurs peuvent traiter leurs salariés comme s’ils relevaient d’une période d’essai permanente.
Au début de cette année, IndustriALL a informé la Commission de l’application des normes de l’Organisation internationale du travail (OIT) que les lois du Pérou n’étaient pas conformes aux conventions de l’OIT, qui sont contraignantes en vertu du droit international, et qu’il y a un manque d’application de la législation du travail du pays.
Le Secrétaire régional d’IndustriALL, Marino Vani, a déclaré :
“Nous demandons instamment au gouvernement, au parlement et aux entreprises du Pérou d’aligner leur législation et leurs pratiques sur les normes internationales afin de renforcer la négociation collective, le travail décent et le droit à la liberté syndicale.
Nous félicitons les dirigeants de la FNTPP pour leurs efforts en vue de défendre et de syndiquer les travailleurs et travailleuses, même lorsque leur travail syndical est entravé par des lois et des décrets gouvernementaux. La lutte continue !”