1 juin, 2017Près de 6.000 travailleurs affiliés au syndicat du verre Kristal-İş ne quittent plus les usines de la multinationale de la verrerie Şişecam à la fin de leur travail.
Cette action singulière fait suite à l'interdiction d'une action de grève légitime par le gouvernement turc dans le cadre d'un conflit sur les salaires et d'autres conditions de travail. Şişecam a vu ses bénéfices progresser de 164 pour cent, mais elle n'a fait aucune proposition salariale sérieuse.
Lorsque notre affilié Kristal-İş a annoncé son intention d'appeler à la grève le 24 mai, le gouvernement a publié un décret interdisant la grève pour cause de sécurité nationale. Le syndicat est convaincu que cette interdiction a été demandée par l'entreprise qui refuse de négocier sérieusement.
Les travailleurs de neuf usines de Şişecam sont représentés par Kristal-İş et, dans chacune, les affiliés du syndicat n'ont pas quitté les lieux à la fin de leur travail.
En faisant de la sorte, les travailleurs ne contreviennent pas à la loi. En pratiquant une grève du zèle, en ralentissant la production par moments et en ne quittant pas leur lieu de travail, ils envoient un message fort de résistance à leur employeur et au gouvernement, et peuvent compter sur un soutien populaire.
Le travail à l'usine est organisé en trois équipes. À la fin de chaque pause, plutôt que de rentrer chez eux, les travailleurs tiennent des réunions et des manifestations avant de dormir sur place. Ils campent sous tente autour des bâtiments ou sur des lits dans la cantine. Ils ont le soutien total de leurs familles et de la communauté. Des propriétaires de petites entreprises des environs ont manifesté leur soutien, et des mosquées leur ont apporté des vivres. Des partis politiques d'opposition et des politiciens locaux soutiennent aussi cette occupation.
Des travailleurs d'autres entreprises ont mené des actions de solidarité, de même que d'autres affiliés d'IndustriALL, parce la répression qui ne cesse de se durcir contre les syndicats affecte tous les travailleurs en Turquie.
Le Président général de Kristal-İş, Bilal Cetintas, a déclaré :
"Parce que nous n'avons fait que demander un salaire qui nous permette de vivre, ce géant mondial veut nous punir et nous priver de notre contribution à l'entreprise que nous avons créée et qui exporte dans des centaines de pays.
"Nous n'avons pas cédé, nous avons fait grève, et ils savent que nous avons raison. Ils se sont adressés au gouvernement derrière notre dos pour nous déposséder de nos droits par des procédés antidémocratiques."
Les Secrétaires généraux d'IndustriALL Global Union et d'IndustriALL Europe, Valter Sanches et Luc Triangle, ont écrit au gouvernement turc pour condamner cette interdiction de faire grève, ainsi qu'à Şişecam pour l'appeler à négocier avec le syndicat.
Ils ont écrit :
"Nous demandons à Şişecam de satisfaire les revendications légitimes des travailleurs, de s'abstenir de toute manœuvre d'intimidation, de harcèlement ou de représailles et, plutôt que de prendre le décret d'interdiction du gouvernement comme excuse, de négocier de bonne foi avec Kristal-İş."
La Şişecam a été fondée en 1935, lorsque Kemal Atatürk a proposé de créer une industrie du verre en Turquie. Elle est devenue un des plus grands producteurs de verre d'Europe.
"Au fil des ans, les travailleurs du verre ont mis en place une tradition de militantisme syndical puissant en Turquie. Ces actions remarquables ont marqué la Turquie d'aujourd'hui de leur empreinte en unissant les travailleurs et leurs communautés,"
a déclaré le Secrétaire général adjoint d'IndustriALL, Kemal Özkan.
"IndustriALL clame sa détermination au monde entier pour lui dire que les travailleurs du verre turcs ne sont pas seuls.
"Ils doivent continuer à résister."
Agissez
Prenez une photo de vous tenant un message de solidarité et partagez-la avec les travailleurs en grève sur Twitter @cam_iscileri_ ou sur Facebook Cam İşçisinin Grevi Engellenemez, en utilisant le hashtag #direnşişecamiscisi.