6 novembre, 2020À la 6ème réunion du réseau syndical Shell d'IndustriALL, des travailleurs d'au moins 15 pays étaient réunis en ligne pour discuter de l'impact qu'ont sur les travailleurs de Shell les tendances et l'évolution de la situation dans le secteur et la pandémie de Covid-19.
Depuis des années, les syndicats demandent à Shell de se comporter en entreprise durable, de limiter le travail précaire et de reconnaître IndustriALL en tant que partenaire, mais elle refuse toujours de s'engager.
Des participants ont signalé que Shell ferme des raffineries ou désinvestit sans programme précis de conversion de ces usines à la production de carburants verts. Une transition juste pour les travailleurs et pour l’environnement fait toujours défaut.
"La pandémie a gravement impacté la santé et la sécurité des travailleurs, en particulier chez les travailleurs du pétrole et du gaz. La direction n'a pas réagi à nos demandes de dialogue. Nous devons parler fort pour faire entendre nos voix,"
déclare Kemal Özkan, secrétaire général adjoint d'IndustriALL.
Le confinement général du mois de mars a fait chuter les cours du pétrole. De janvier à septembre, la baisse de la demande a fait perdre 18 milliards de dollars à Shell qui, pourtant, annonçait en même temps qu'elle allait augmenter de 4 pour cent les dividendes versés aux actionnaires.
Pour Ejims Chinda, du syndicat NUPENG, au Nigeria, la pandémie ajoute aux difficultés des travailleurs :
"Les travailleurs sont contraints d'accepter des conditions de travail malsaines s'ils ne veulent pas perdre leur emploi. Les conventions collectives ne sont pas respectées, la direction rogne sur les dépenses et sabre dans les coûts. Les horaires sont excessifs et les salaires insuffisants.
"Même lorsqu'ils contractent le Covid au travail et doivent se mettre en quarantaine, les travailleurs ne sont pas pris en charge par l'employeur. Ceux qui travaillaient dans des bureaux travaillent maintenant à domicile où ils n'ont pas l'équipement nécessaire, ce qui menace leur emploi."
Mike Smith, du syndicat américain USW, indique que, dans l'ensemble, les perspectives de l'industrie sont sombres et, avec le Covid-19 qui explose, le syndicat a dû intervenir pour préserver les travailleurs de Shell.
"Shell a prévu un salaire Covid-19 de deux semaines en cas de quarantaine. Le mois dernier, la direction nous a informés qu'il ne peut être versé qu'une seule fois, ce qui veut dire qu'à partir d'octobre, si vous y avez déjà recouru, vous ne pourrez plus en bénéficier. Nous avons demandé à négocier certaines adaptations parce que les travailleurs touchés par le Covid ont besoin de protection.”
En Colombie, Ludwing Gomez signale que, comme prévu, Shell va entamer des activités dans le pays. En janvier, le groupe a signé avec Ecopetrol un contrat pour trois champs pétroliers.
"Lorsque la pandémie est arrivée, nous avons dû repenser notre stratégie d'organisation des travailleurs en ces temps difficiles. Nous avons assisté à des attaques antisyndicales, des violences et des menaces et tout cela complique notre travail. En tant que syndicat, nous devons faire en sorte de pouvoir parler avec Shell et d'organiser les travailleurs,"
déclare Ludwing Gomez.
Shell a déclaré être encore loin du compte pour ce qui est de soutenir les travailleurs dans une transition juste.
Pour Diana Junquera Curiel, la directrice d'IndustriALL en charge du secteur de l'énergie, Shell est parfaitement consciente de ses carences et elle ne fait pourtant rien pour sa main-d’œuvre à l'échelon mondial.
"La situation est identique, quel que soit le pays, et les difficultés sont les mêmes. Nous avons besoin d'une transition juste pour les travailleurs. Nous avons besoin de nos syndicats plus que jamais en ce moment, et il faut qu'ils soient plus forts. Nous continuerons à nous opposer à Shell, et nous continuerons à revendiquer des droits adéquats pour les travailleurs de Shell, dans tous les pays du monde. Ils doivent savoir que nous sommes là et que nous n'allons pas renoncer."