29 mai, 2020Plusieurs travailleurs syndiqués de BHP au Pérou et au Chili mettent en cause la réponse apportée par l’entreprise à COVID-19. Ils affirment que de nouvelles infections ont toujours lieu au Pérou et que l’entreprise ne recrute que des travailleurs n’ayant aucun problème de santé préexistant au Chili.
Le réseau d’employés de BHP en Amérique latine s’est réuni virtuellement pour échanger des informations sur la façon dont l’entreprise réagit à la pandémie de coronavirus dans les différentes usines qu’elle détient dans la région. Il en est résulté un tableau plutôt mitigé.
Au Pérou, les travailleurs syndiqués à Antamina (une coentreprise entre BHP, Glencore, Teck Resources et Mitsubishi Corporation) ont signalé une absence totale de véritable dialogue. Selon eux, 216 travailleurs auraient été diagnostiqués positifs à COVID-19 dans une seule mine, employant 7 000 travailleurs, et la première personne à mourir de la maladie à coronavirus dans le pays aurait été un travailleur employé à Antamina.
Edmundo Villanueva, membre de la Fédération minière péruvienne FNTMMSP, a déclaré :
« Antamina ignore le plus souvent les recommandations que notre syndicat lui envoie par courrier. S’agissant de la COVID-19, l’entreprise n’a pas respecté la situation d’urgence nationale, ce qui a provoqué une contagion généralisée. La direction continue de ne pas respecter la convention collective, et nous voyons la même chose se produire avec la pandémie. Les conséquences sont également graves pour les communautés qui vivent à proximité de l’entreprise du fait qu’elle ne protège pas les gens. »
Néanmoins, au Chili, où les ressources sont exploitées directement par BHP, les syndicats ont forcé l’entreprise à prendre la sécurité des travailleurs très au sérieux :
« Très peu de cas ont été enregistrés à ce jour. C’est parce que les syndicats font pression sur l’entreprise pour qu’elle respecte les mesures de santé et de sécurité. En tant que syndicat représentant les travailleurs à la mine Spence, nous avons dû cesser de travailler pendant 24 heures pour obliger BHP à respecter certaines mesures de sécurité nécessaires et établir des procédures claires pour le signalement des cas suspects. Nous mettons de côté nos différences afin de collaborer sur des mesures de sécurité pour les travailleurs »,
a indiqué Ronald Salcedo, membre du syndicat chilien représentant les travailleurs à la mine Spence.
Cependant, les syndicats accusent l’entreprise de se livrer à d’autres comportements douteux. Par exemple, elle négocie très peu avec les syndicats, n’embauche que des travailleurs n’ayant aucun problème de santé préexistant et a décidé de modifier ses horaires de travail.
Marcelo Franco, membre du CMCC, syndicat n° 1 de la mine de Cerro Colorado, a commenté:
« L’entreprise a profité de la situation en exerçant, par exemple, son pouvoir sur les travailleurs pour changer les quarts de travail. Désormais, les heures de travail se situent au-dehors de notre horaire de travail exceptionnel. On doit commencer le travail à 7h du matin pour pouvoir ajuster la production et produire en continu pendant les heures de travail. Dans le même temps, face aux conditions de santé différentes de nombreux travailleurs, l’entreprise a indiqué que seuls les travailleurs n’ayant pas été malades pendant les six mois précédant leur réintégration pouvaient reprendre le travail. »
Selon Glen Mpufane, Directeur pour le secteur de l’extraction minière et la production de diamants, de pierres précieuses, d’ornements et de bijoux à IndustriALL, et responsable de la campagne exhortant BHP à respecter les droits de ses travailleurs:
« La crise a mis en lumière la faiblesse du modèle d’emploi de BHP. Pour accroître la résilience de la compagnie, BHP doit s’engager dans un dialogue social global, développer des relations de travail solides et fournir un travail décent dans le contexte de la nouvelle normalité. »