17 octobre, 2024Pendant les discussions du 3ème Forum africain sur les entreprises et les droits de l'homme, qui s'est tenu à Nairobi, au Kenya, du 8 au 10 octobre, les syndicats ont souligné la nécessité d'une approche de l'activité des entreprises et des droits de l'homme axée sur le développement qui promeuve le développement économique et l'industrialisation. Ils jugent une telle approche nécessaire parce que le continent reste confronté aux défis de la pauvreté, des inégalités, du chômage et des épisodes météorologiques extrêmes du changement climatique, avec les inondations et les sécheresses qui dévastent les communautés.
Ce forum, qui rassemblait plus de 500 participants issus de communautés, d'organisations de la société civile, de gouvernements, d'organisations d'employeurs, d'organisations de défense des droits de l'homme, de syndicats notamment, se tenait sur le thème "Promouvoir un comportement responsable des entreprises dans un contexte en changement rapide".
Les débats ont porté entre autres sur le potentiel de croissance économique de l'Afrique reposant sur l'enrichissement des ressources minérales critiques et sur les bienfaits de la Zone de libre-échange d'Afrique continentale (AfCTA). D'autres effets bénéfiques pourraient aussi découler de la transition de l'économie informelle à l'économie formelle. L'accent a été mis sur le fait que ce développement devra être durable et réalisé dans des conditions de comportement responsable des entreprises et de protection de l’environnement. À titre d'exemple, des entreprises comme le constructeur automobile Isuzu East Africa ont annoncé privilégier les contrats avec des fournisseurs de l'économie informelle ou des petites et moyennes entreprises, favorisant ainsi leur croissance.
Vacus Kun, le directeur en charge de l'éducation et de la formation du Syndicat uni des travailleurs du Libéria (UWUL), qui participe au processus du Plan d'action national (PAN) sur les entreprises et les droits de l'homme au Libéria et siégeait dans un panel avec d'autres syndicalistes et la Fédération syndicale internationale IBB Afrique, estime que la participation des syndicats garantit l'ajout de clauses sur le travail.
"Après avoir, dans un premier temps, été exclus du processus de développement du PAN, nous nous sommes battus pour que les questions liées au travail soient dans le plan lorsque nous avons été invités. Nous avons aussi dégagé des positions communes avec des organisations de la société civile sur des questions de justice climatique."
L'UWUL est affilié à IndustriALL Global Union et les discussions en panel se sont tenues sous l'égide du bureau de la FES-AU.
Le PAN comporte des dispositions protégeant les travailleurs contre la discrimination, la précarisation, le travail des enfants et reprend des revendications des syndicats pour des mécanismes de notification réalisables s'agissant des entreprises et des droits de l'homme et pour un accès à des voies de recours au moyen de la législation existante. Les autres pays ayant élaboré des PAN sont le Kenya, l'Ouganda et le Libéria. Le PNUD constate des progrès sur la voie de PAN au Sénégal, au Ghana, au Malawi, au Zimbabwe, au Mozambique et ailleurs. L'Union africaine s'est aussi dotée d'un projet de politique sur les entreprises et les droits de l'homme qui sera adoptée par les chefs d'État et de gouvernement.
Alex Nkosi, coordinateur de la CSI-Afrique pour les droits humains et syndicaux, qui participait en ligne, a souligné l'importance du devoir de vigilance :
"Les syndicats défendent les droits des travailleurs et collaborent à l'aide de cadres de vigilance pour défendre la liberté syndicale, la négociation collective et le droit de grève."
La secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin, a déclaré :
"Insister sur une pratique responsable des entreprises permet aux syndicats d'interpeller les multinationales sur l'ensemble de leurs chaînes d'approvisionnement. C'est important pour les syndicats qui veulent s'attaquer aux multinationales des secteurs minier et manufacturier, demander aux États de protéger les travailleurs et obtenir réparation des employeurs défaillants."
Le forum était organisé par la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), Business and Human Rights Africa, le Groupe de travail sur les entreprises et les droits de l'homme et le PNUD, avec le soutien de diverses organisations locales, continentales et internationales.