13 avril, 2023Les syndicats thaïlandais appellent leur gouvernement à mettre en œuvre les normes de travail internationalement reconnues. Toutefois, le gouvernement thaïlandais affirme que les conventions ne peuvent être ratifiées tant que le droit du travail national n’est pas modifié et que les problèmes de sécurité nationale ne sont pas pris en compte.
Les affiliés d’IndustriALL, la Confédération du travail industriel de Thaïlande (CILT) et le Syndicat de PTT Public Company Limited (PTTLU), font campagne depuis longtemps en faveur de la ratification de la Convention 87 de l’OIT sur la liberté syndicale et de la Convention 98 de l’OIT sur le droit à la syndicalisation et à la négociation collective.
“Le gouvernement thaïlandais a, du point de vue international, l’obligation de protéger les droits des travailleurs et travailleuses à former et adhérer à des syndicats de leur choix. Le CILT exhorte le gouvernement à ratifier les conventions 87 et 98 de l’OIT afin de protéger la liberté syndicale et le droit à la négociation collective des travailleurs et travailleuses thaïlandais”.
a déclaré Apsorn Krissanasmit, Président du PTTLU.
Les obstacles juridiques et institutionnels en Thaïlande limitent la faculté des travailleurs et travailleuses à exercer leurs droits. Il existe également peu de protection contre la discrimination, le harcèlement et les représailles à l’encontre des travailleurs et travailleuses qui cherchent à exercer leurs droits en vertu des conventions 87 et 98 de l’OIT.
Le pays est confronté à une instabilité politique permanente et a connu plusieurs coups d’État militaires qui ont affaibli la législation du travail sous prétexte de maintenir la sécurité nationale.
La loi de 1975 sur les relations de travail (LRA), qui couvre les salariés du secteur privé, et la loi sur les relations de travail dans les entreprises d’État (SELRA), qui couvre les employés de l’État et des services publics, contiennent encore de nombreuses dispositions antisyndicales qui violent le principe de la liberté syndicale et de la négociation collective.
Moins de deux pour cent de la main-d’œuvre thaïlandaise est syndiquée et la législation actuelle a permis aux employeurs de perturber l’activité syndicale sans en subir de conséquences.
“Le gouvernement devrait réviser le projet de loi sur la base des recommandations des syndicats et adopter les amendements de la LRA et de la SELRA dès que possible”,
a déclaré Prasit Prasopsuk, Président de la Confédération du travail industriel de Thaïlande (CILT).
En 2015, IndustriALL a déposé une plainte auprès du Comité de la liberté syndicale (CLS) de l’OIT avec des preuves montrant comment les employeurs en Thaïlande ont violé à plusieurs reprises le droit des travailleurs et travailleuses à se syndiquer, à négocier collectivement et à mener des actions syndicales.
En octobre 2020, le gouvernement a déclaré qu’il était en train de réviser la LRA et la SELRA et que les amendements ouvriraient la voie à la ratification de la convention 98 de l’OIT. Le gouvernement a également envisagé de ratifier la convention 87.
La centrale syndicale américaine AFL-CIO a également déposé une plainte auprès du Représentant américain au commerce, demandant au gouvernement américain de retirer le système de préférences généralisées (SPG). Cette plainte a conduit à la suspension du SPG pour 573 produits thaïlandais en 2019.
En 2022, le gouvernement thaïlandais a publié un projet de loi d’amendement de la LRA, promettant une plus grande liberté syndicale. En réponse, le CILT, le PTTLU et le Comité de solidarité du travail de Thaïlande (TLSC) ont soutenu certains des amendements, mais n’étaient pas d’accord avec d’autres, arguant que ceux-ci n’étaient pas suffisants pour remédier aux violations persistantes.
“La Thaïlande doit passer par un processus de démilitarisation et de démocratisation afin de garantir que le pouvoir politique soit toujours entre les mains de dirigeants civils élus. L’élargissement de l’espace démocratique augmentera l’influence des syndicats dès lors que leurs libertés fondamentales seront protégées. Les dispositions antidémocratiques qui entravent le droit de grève en cas de loi martiale ou de crise économique doivent être supprimées,”
a déclaré le Secrétaire régional d’IndustriALL, Shinya Iwai.