3 avril, 2018« Quand vous frappez une femme, vous frappez un roc ». Telle est la devise populaire de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud et de l’appel à l’action pour les droits de la femme dans le pays. Le 2 avril, un des piliers de cette lutte est tombé avec le décès, à l’âge de 81 ans, de Winnie Madikizela-Mandela.
Emprisonnée, arrêtée, astreinte à domicile et persécutée sous le régime de répression et d’intimidation notoire de l’apartheid, elle était parmi les figures de proue les plus courageuses de la lutte acharnée pour la démocratie en Afrique du Sud. Durant les années d’emprisonnement, à Robben Island, de son ex-mari Nelson Mandela ainsi que d’autres hauts dirigeants du Congrès national africain (ANC) et de la résistance, elle a dirigé la lutte depuis les tranchées en tant que l’une de ses égéries. Elle a en outre occupé les hauts postes de présidente de la Ligue des femmes et de membre exécutive du parti au pouvoir au sein de l’ANC; et a été vice-ministre des arts, de la culture, des sciences et de la technologie au sein du premier gouvernement démocratique d’Afrique du Sud.
A l’annonce de sa mort, les messages de condoléances ont afflué de toutes les couches de la société et des quatre coins du monde. Les syndicats ont également rendu hommage au rôle fondamental qu’elle a joué dans la lutte contre l’apartheid et l’Afrique du Sud post-démocratique.
Le porte-parole du Congrès des syndicats d’Afrique du Sud, Sizwe Pamla, a déclaré: « Elle a affronté et courageusement combattu le régime criminel de l’apartheid auquel elle a survécu. Tout au long de sa vie, elle a combattu pour la justice sociale et n’a jamais hésité à défendre la vérité devant le pouvoir, même après la percée démocratique de 1994. Elle a été une voix intrépide et une défenseuse courageuse des intérêts de la classe ouvrière, et s’est prononcée contre la perpétuation de la ségrégation de l’apartheid, le creusement des inégalités et l’aggravation de la pauvreté. Elle a défendu sans crainte et parti pris la transformation économique, et s’est toujours exprimée contre l’injustice sociale ».
Zwelinzima Vavi, Secrétaire général de la Fédération sud-africaine des syndicats, a déclaré: « Nous avons perdu une vaillante combattante dans la lutte de notre peuple pour l’émancipation. C’était une femme révolutionnaire, qui n’a jamais été préparée à être seulement l’épouse de Nelson Mandela mais une combattante intrépide forgée dans la lutte contre l’apartheid et un modèle pour les femmes actuelles. Elle restera toujours une source d’inspiration pour les générations futures de femmes révolutionnaires ».
Paule France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL Global Union pour l’Afrique sub-saharienne, s’est rappelée de son exceptionnelle bravoure. « L’héritage de Winnie Madikizela-Mandela est celui d’une femme qui a combattu courageusement contre la répression de l’apartheid. Son combat, qui l’a amené à faire d’énormes sacrifices personnels, est une source d’inspiration pour nous tous. C’est l’héroïne du peuple, ce qui lui a valu son nom de Mère de la Nation ».