11 mars, 2016Ce 10 mars, les centrales syndicales indiennes ont uni leurs forces pour appeler le gouvernement à revenir à la table des négociations pour répondre à leur charte en douze points.
Les syndicats ont appelé à une journée de protestation à travers toute l’Inde ce 10 mars 2016, leur gouvernement étant resté indifférent aux revendications syndicales et ayant failli à présenter des ouvertures concrètes.
Depuis 2009, les centrales syndicales en Inde ont agi au-delà des différences idéologiques et des lignes partisanes et ont pris de nombreuses initiatives communes pour défendre les droits des travailleurs et travailleuses et pour protester contre les politiques anti-syndicales.
La journée d’action du 10 mars fait partie d’une série d’actions communes au niveau national, dont de grandes grèves et actions de protestation nationales les 2 septembre 2015, 5 décembre 2014, 12 décembre 2013, 28 février 2012 et la marche historique sur le parlement du 23 février 2011.
En dépit de cela, le gouvernement indien poursuit ses politiques anti-syndicales et favorables au milieu des affaires, dont des projets d’amendement de législations du travail, des désinvestissements et des privatisations d’entreprises publiques et autorise les investissements étrangers directs au niveau de secteurs stratégiques, ce qui affecte directement le bien-être des travailleurs et travailleuses.
Les centrales syndicales indiennes ont exprimé leur profonde préoccupation par rapport au fait que même sans légiférer, de nombreuses dispositions anti-syndicales sont passées par le biais de décrets exécutifs et en invitant les organes dirigeants des états à mettre en œuvre des amendements favorables aux entreprises.
En contraste total par rapport aux revendications du monde du travail, dans le cadre du budget 2016-2017 le gouvernement avait rompu avec la tradition d’exempter fiscalement la Caisse de Prévoyance des Salariés (EPF) en proposant une taxe sur les retraits auprès de l’EPF sur 60% des versements effectués après le 1er avril 2016 auprès de l’EPF et des autres fonds similaires. Le gouvernement a été forcé de retirer cette proposition fiscale en raison de larges protestations.
Les centrales syndicales ont apporté leur soutien aux propositions d’appel à la grève des salariés du gouvernement central des secteurs des chemins de fer, de la défense et des services postaux à dater du 11 juillet 2016 ainsi qu’aux perturbations menées en commun par les salariés des charbonnages dont un jour de grève le 29 mars 2016.
BMS, INTUC, AITUC, HMS, CITU, AIUTUC, TUCC, SEWA, AICCTU, UTUC et LPF sont au nombre des centrales qui se joignent aux mouvements de protestation. Il est important de noter que le Bharatiya Mazdoor Sangh (BMS), aile syndicale du parti au pouvoir, s’est également joint aux actions.
Des affiliés d’IndustriALL parmi lesquels la Fédération Hind Khadan Mazdoor, les Fédérations nationales indiennes des Métallurgistes et des Mineurs ainsi que la Fédération des Sidérurgistes, Métallurgistes et Ingénieurs d’Inde ont tenu des manifestations.
Les douze revendications des centrales syndicales sont :
- Pas de passage en sous-traitance de contrats de travail de nature permanente ou sans limite de temps. La nature de l’emploi, le paiement des salaires et prestations au personnel en sous-traitance doivent être au même niveau que pour le personnel régulier dans le secteur ou l’établissement.
- Amendement à la Loi sur le salaire minimum pour assurer une couverture universelle indépendamment des horaires. Le salaire minimum légal ne doit pas être inférieur à 15.000 roupies.
- Suppression de tous les plafonds pour le paiement et le droit à des primes et au fonds de prévoyance. Augmentation du montant des gratifications.
- Assurance d’une retraite pour tous et toutes.
- Mesures concrètes pour la création d’emplois.
- Application stricte de toutes les législations du travail.
- Couverture universelle de sécurité sociale pour les travailleurs et travailleuses non-syndiqués et création d’un Fonds national de Sécurité sociale.
- Enregistrement obligatoire des syndicats dans un délai de 45 jours et ratification immédiate des conventions de l’OIT n° 87 et 98.
- Mesures concrètes pour contenir la hausse des prix.
- Arrêt du désinvestissement dans les entreprises publiques tant au niveau central qu’à celui des états
- Pas d’investissement étranger direct dans les chemins de fer, la défense ou autres secteurs stratégiques.
- Pas d’amendements unilatéraux aux législations touchant au monde du travail.
Les centrales syndicales vont tenir une Convention nationale des Travailleurs à la Nouvelle Delhi le 30 mars prochain pour décider quelle sera la prochaine phase du programme d’action contre les politiques anti-ouvrières du gouvernement.