22 août, 2017Les syndicats mexicains affiliés à IndustriALL Global Union ainsi que les travailleurs de l'enseignement et des organisations de petits agriculteurs ont organisé un défilé, le 16 août, contre la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
Le défilé était planifié pour coïncider avec le premier cycle de négociations qui se tient à Washington pour moderniser l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui lie le Canada, les États-Unis et le Mexique. La mobilisation de Mexico a débuté quelques heures après l'ouverture des négociations aux États-Unis.
Il a démarré au monument qui est l'emblème de la ville, l'Ange de l'Indépendance, pour arriver devant le ministère des Affaires étrangères. Près de 2.000 personnes représentant les syndicats libres et démocratiques y participaient.
Arrivés devant le ministère, les organisateurs ont donné lecture d'un manifeste qui a ensuite été remis aux représentants du ministère. Son texte suggère que, plutôt que de moderniser l'ALENA, il faudrait rechercher un accord complémentaire de coopération qui ne laisse pas tout entre les mains du marché.
"Nous voulons une nouvelle forme d'intégration dans une dynamique globale qui profite à tous et soit bénéfique pour la planète. Nous proposons un nouvel accord qui contribue au renforcement de l'économie intérieure et à la diversification des relations extérieures du Mexique, un accord qui respecte la souveraineté nationale des trois pays et reconnaisse le droit à l'autodétermination,"
a déclaré Humberto Montes de Oca, le secrétaire en charge des relations extérieures du Syndicat mexicain des électriciens (SME), affilié à IndustriALL.
Son postulat est que, depuis son entrée en vigueur en 1994, le traité sape les droits des travailleurs. Il souligne que l'ALENA a eu pour effet de marginaliser les petits agriculteurs et a contribué à l'appauvrissement du pays et des travailleurs.
Paradoxalement, pendant les pourparlers qui se tiendront jusqu'à la fin de l'année, les États-Unis prévoient de faire pression sur le Mexique pour qu'il relève ses normes de travail et les salaires afin de freiner la "compétition déloyale" envers les travailleurs américains.
"Cela est dû au fait que le traité d'origine envisageait un accord parallèle censé protéger les droits des travailleurs, mais qui n'a jamais vu le jour et dont le principe n'a jamais été respecté,"
explique Napoleón Gómez Urrutia, le Président du syndicat Los Mineros et coprésident régional d'IndustriALL.
Il est convaincu que le Mexique a besoin, en réalité, d'une réforme progressiste du travail "qui apporte un changement en profondeur et pas seulement superficiel, et protège réellement les droits fondamentaux des travailleurs, mais aussi la démocratie et la liberté syndicale".
Les manifestants ont aussi condamné le gouvernement fédéral qui n'a pas appelé les travailleurs à élire des représentants pour participer aux négociations de l'accord de libre-échange et tient ces négociations à huis clos.
"Des négociations qui vont conditionner notre avenir ne devraient pas se faire à la hâte et dans le secret. Nous réclamons que la feuille de route et les termes de la négociation soient rendus publics et que rien ne soit signé sans une large consultation de tous les secteurs de la société,"
insiste Humberto Montes de Oca.
Le gouvernement a désigné unilatéralement un dirigeant d'une centrale syndicale proche des employeurs, la Confédération des travailleurs du Mexique (CTM), qui ne représente pas les intérêts des travailleurs.
Le directeur d'IndustriALL Fernando Lopes commente la situation en ces termes :
"Nous sommes à un moment crucial où il faut renforcer l'alliance entre les mouvements syndicaux et sociaux aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Les gouvernements vont essayer de dresser les travailleurs les uns contre les autres, mais il n'y parviendront pas. Les travailleurs des trois pays resteront unis dans la défense de leurs droits !"