4 juillet, 2024Les dirigeants syndicaux des affiliés d’IndustriALL en Australie, au Botswana, au Brésil, en Namibie, en Afrique du Sud et au Zimbabwe, représentant les travailleurs et travailleuses des activités d’AngloAmerican dans le monde entier, ont rencontré la direction de l’entreprise les 26 et 27 juin derniers en Afrique du Sud, à Johannesburg, dans le cadre de leur dialogue mondial annuel.
La réunion a mis l’accent sur la nécessité d’engager un dialogue social fort dans le cadre de la restructuration actuelle des activités d’AngloAmerican et sur l’incertitude entourant une offre publique d’achat potentielle de BHP ou d’un autre groupe. Le réseau mondial a exprimé ses préoccupations et son opposition à cet égard, car la culture et les valeurs des deux entités sont très éloignées.
Lors des échanges réservés aux syndicats, les dirigeants syndicaux ont passé en revue les dernières informations en provenance de leurs pays respectifs afin d’établir un programme commun pour la discussion avec la direction d’AngloAmerican. Parmi les questions prioritaires figuraient la liberté syndicale, le droit à des négociations collectives menées de bonne foi, la fin des conditions de travail précaires, l’absence de complaisance à l’égard des normes de santé et de sécurité et la garantie d’un salaire égal pour un travail équivalent.
Le deuxième jour, une réunion de dialogue mondial entre les syndicats et la direction d’Anglo American a confirmé qu’une restructuration était en cours pour rendre l’entreprise durable et que l’offre hostile, à laquelle Anglo s’oppose, accélérait la restructuration par “la configuration du portefeuille, l’excellence opérationnelle et la croissance”.
La restructuration, annoncée en mai, prévoit qu’Anglo American se sépare de plusieurs entreprises, dont De Beers, Anglo American Platinum et ses activités dans le domaine du charbon à coke. L’entreprise conservera ses mines de cuivre en Amérique du Sud et ses actifs de premier plan dans le domaine du minerai de fer. L’entreprise affirme que le cuivre est un minerai clé pour la transition énergétique. En revanche, elle se désengagera du charbon sidérurgique, du nickel et des diamants, ainsi que du platine. L’équipe de direction a également évoqué les performances en matière de sécurité, le cadre du leadership ainsi que les principes volontaires sur la sécurité et les droits de l’homme et l’égalité des sexes.
Jacques Hugo, Directeur général de l’UASA, a demandé à la direction d’AngoAmerican si elle avait “anticipé l’offre publique d’achat hostile lors de la planification de la restructuration”.
Phillip Vilakazi, Président adjoint du Syndicat national des mineurs, a insisté sur la nécessité d’une planification à long terme :
“Nous voulons savoir si AngloAmerican sera toujours là à l’avenir. C’est important pour la sécurité d’emploi des mineurs”.
En ce qui concerne l’égalité entre hommes et femmes, la multinationale a été invitée à poursuivre l’élaboration de politiques sur le lieu de travail visant à mettre fin à la violence et au harcèlement fondés sur le sexe, à fournir une protection de la maternité et des services de garde d’enfants ainsi qu’à combler l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes qui, dans des pays comme le Brésil et l’Afrique du Sud, inclut également une discrimination raciale.
En ce qui concerne les pertes d’emploi, les affiliés sud-africains, NUM et UASA, ont déclaré qu’ils s’étaient sentis mis à l’écart lorsque des avis de licenciement ont été émis chez AngloAmerican Platinum, où plus de 4.000 emplois seront perdus. Ils ont souligné que le bien-être des travailleurs devait être pris en compte avant d’émettre ces annonces.
Les syndicats ont déclaré qu’AngloAmerican devait continuer à s’engager à respecter les normes d’exploitation minière durable promues par l’IRMA (l’Initiative pour une Certification responsable de l’Exploitation minière). À ce jour, trois exploitations minières d’Anglo American ont reçu la certification IRMA pour une exploitation minière responsable. Il s’agit de Mototolo et Amandelbult en Afrique du Sud, et d’Unki au Zimbabwe.
Des préoccupations en matière de santé et de sécurité ont été soulevées après le décès de trois personnes au Botswana et en Afrique du Sud à la suite d’accidents miniers. En Australie, des questions de santé et de sécurité au travail ont été soulevées concernant les exploitations à ciel ouvert et souterraines d’Anglo American, notamment en ce qui concerne la santé respiratoire, la gestion des gaz et l’interaction avec les véhicules.
“Une approche de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme signifie qu’AngloAmerican doit prendre en compte les droits et les intérêts des travailleurs, même pendant cette période de transition, et que les travailleurs doivent avoir accès à des voies de recours par le biais de mécanismes de plainte afin de protéger leurs droits”,
a déclaré Glen Mpufane, Directeur pour l’exploitation minière et Responsable santé et sécurité auprès d’IndustriALL.
IndustriALL et Anglo American ont signé un protocole d’accord pour “convenir mutuellement d’un mécanisme de dialogue mondial dans le cadre duquel les questions d’intérêt mutuel, y compris et en particulier les relations sociales, le changement climatique, Industrie 4.0 et l’avenir du travail seront traitées et abordées conjointement”.
Soulignant l’importance de l’accord, Kemal Ozkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, a déclaré :
“Cet accord est une plate-forme de dialogue pour les activités dans différents pays. Le fait de s’impliquer dans un véritable dialogue social montre l’engagement d’IndustriALL à avoir des canaux de communication ouverts avec Anglo American”.
Dans le cadre de l’accord de 2021, les affiliés d’IndustriALL rencontrent la direction d’Anglo American une fois par an, mais sont convenus de se réunir plus fréquemment compte tenu des défis actuels de la restructuration et de l’offre publique d’achat hostile qui n’est pas écartée. L’autre considération est la possibilité d’autres prétendants en cette période où s’accélère la demande et la recherche d’accès aux minerais de transition essentiels, avec le spectre de fusions et acquisitions qui se profile à l’horizon.