12 mai, 2017Près de 120 dirigeants syndicaux représentant les travailleurs de l'industrie pharmaceutique de 17 pays ont débattu des enjeux actuels et futurs pour les travailleurs de ce secteur.
Des délégués syndicaux se sont joints à la quatrième réunion du Réseau syndical mondial de la pharmacie d'IndustriALL, qui se tenait les 6 et 7 avril 2017 à Tokyo, à l'invitation de la Fédération des affiliés japonais des secteurs de la chimie et de l'énergie d'IndustriALL (IndustriALL-JAF).
Les participants ont pu entendre des interventions de représentants du bureau de la Politique de santé du département des Affaires économiques du ministère japonais de la Santé, du Travail et du Bien-être et de l'Association japonaise des fabricants de produits pharmaceutiques, à propos de l'évolution de l'industrie et des relations du travail dans le pays.
Ils ont analysé l'industrie pharmaceutique mondiale, qui se distingue actuellement par sa volatilité mais dont la croissance devrait se maintenir en 2017.
Les dépenses de santé sont à la hausse et la demande de médicaments augmente. Avec le développement de la classe moyenne dans les pays en développement et le vieillissement de la population mondiale, les perspectives de l'industrie sont énormes. Par ailleurs, du fait des prix élevés des médicaments, la demande de génériques ne cesse d'augmenter.
La syndicalisation et les politiques de négociation étaient deux des thèmes majeurs discutés pendant cette réunion.
Les participants japonais ont mis en lumière les défis actuels, comme la pression sur les dépenses de médicaments, la réduction du personnel et le recul de l'emploi. Ils ont souligné la nécessité d'une coordination des politiques, d'une sensibilisation des adhérents, d'un renforcement de l'unité, et d'une organisation des usines dont les syndicats sont absents avec une stratégie dotée d'objectifs concrets.
Le Brésil a un taux de syndicalisation de 25%, un des plus élevés, propice à un dialogue social de qualité entre les syndicats et les employeurs. Les participants brésiliens ont annoncé avoir obtenu la semaine de 40 heures par la négociation collective, un congé de maternité de 180 jours, des dispositions particulières pour l'obtention de médicaments et une ouverture des lieux de travail aux représentants syndicaux.
L'innovation et les effets de la numérisation et du concept d'Industrie 4.0 ont été au centre des débats sur le programme de politique industrielle durable d'IndustriALL. Les délégués ont pris note de la transformation numérique du secteur avec, en particulier, un basculement vers la gestion mondiale des stocks, l'intégration de l'intelligence artificielle, du "big data" et des technologies du "cloud".
Les participants ont évalué l'impact sur l'emploi de la transformation de l'industrie, avec de nouvelles méthodes d'utilisation des dossiers médicaux, la création de différents réseaux d'entreprises et une nouvelle phase d'implantation des TIC.
L'expérience suédoise a montré que l'automatisation n'est pas synonyme de disparition d'emplois. Les conséquences de la numérisation sur le travail semblent être un élargissement des tâches, des horaires comprimés, un travail en continu et davantage d'autonomie, tout en nécessitant un effort de perfectionnement des compétences.
En France, la numérisation est porteuse à la fois de richesse et d'illusion. L'accélération des cycles de recherche devrait ouvrir une nouvelle ère de la recherche et du développement, volet important de l'industrie pharmaceutique. La médecine personnalisée, les thérapies ciblées et leurs impacts potentiels sur l'emploi seront au programme des syndicats pour la période à venir.
La répression et les pressions sur les syndicats en Corée du Sud, en Turquie et au Brésil ont été discutées par les participants qui ont exprimé leur solidarité et leur soutien aux luttes en cours.
L'externalisation et le travail intérimaire sont vus comme un problème majeur, en particulier dans des pays comme l'Indonésie, le Bangladesh et le Pakistan où 90% de la main-d’œuvre serait en situation précaire. Les participants ont insisté sur l'accès aux médicaments et les responsabilités des syndicats.
La question des réseaux d'entreprise mondiaux et régionaux a été étudiée, et les exemples de Sanofi et Takeda examinés en détail. Des participants de France, du Japon et du Brésil ont fait part de leur expérience des réseaux syndicaux, avec les échanges d'informations et d'expériences et les mouvements de solidarité en cas de difficultés dans différents pays.
Les participants se sont réjouis de la volonté de créer un réseau syndical mondial chez Sanofi après l'expérience positive des réseaux régionaux en Asie-Pacifique et en Amérique latine. La première réunion du réseau mondial de Sanofi est prévue pour le mois de décembre 2017.
"L'engagement, la détermination et l'énergie de nos réseaux syndicaux mondiaux de la pharmacie ont commencé à produire leurs effets pour la solidarité mondiale dans ce secteur,"
a déclaré le Secrétaire général adjoint d'IndustriALL Global Union Kemal Özkan.
"Compte tenu des difficultés propres au secteur, nous poursuivrons nos efforts afin de donner davantage de pouvoir aux syndicats de l'industrie pharmaceutique du monde entier par un effort de syndicalisation".