18 avril, 2016Une politique industrielle forte et durable est requise pour affronter les défis d’Industrie 4.0, a affirmé le Comité de direction de l’informatique, de l’électricité et de l’électronique d’IndustriALL Global Union lors de sa réunion des 6 et 7 avril à Tokyo, au Japon.
15 syndicats en provenance de France, d’Inde, d’Indonésie, du Japon, de Malaisie, des Philippines, de Singapour, de Thaïlande et du Vietnam représentés par 41 participants se sont rencontrés pour le Comité de direction de l’informatique, de l’électricité et de l’électronique d’IndustriALL Global Union à Fuchu (Tokyo), au Japon.
Les problématiques principales débattues lors de la réunion étaient :
· Les tendances mondiales et les activités sectorielles au sein des industries de l’informatique, de l’électricité et de l’électronique
· La syndicalisation et la construction de la puissance syndicale
· Le combat contre le travail précaire et la mise en place d’une stratégie par rapport aux chaînes d’approvisionnement
· La création et le développement de réseaux syndicaux
· Le futur dans la fabrication industrielle et la promotion d’un emploi durable
· Suivi du Plan d’Action et activités futures
Dans le secteur de l’informatique, de l’électricité et de l’électronique 11 des 20 premières multinationales qui se déploient rapidement partout dans le monde sont issues de pays où la liberté syndicale (Convention n°87 de l’OIT) et le droit de négocier collectivement (Convention n°98 de l’OIT) ne sont pas respectés. Au sein de ces entreprises, la présence syndicale est très faible ou inexistante, réduisant la capacité des travailleurs et travailleuses à s’opposer à la direction. C’est une des raisons pour lesquelles le nombre de travailleurs non-syndiqués dans le secteur continue à grimper partout dans le monde et que le travail précaire se répand dans ses complexes chaînes d’approvisionnement.
Le secteur fait également face à de gros défis comme la réorganisation du secteur et l’avenir dans la fabrication industrielle. L’explosion des fusions et des acquisitions dans le secteur ainsi qu’une nouvelle révolution industrielle, aussi connue sous le vocable Industrie 4.0, ont un impact énorme sur le volume d’emploi et les relations sociales (voir Section 1 IndustriALL, Kan Matsuzaki).
Shoji Arino, coprésident de la section a insisté :
“Nous devons renforcer les activités qui forcent les multinationales à assurer les droits syndicaux et des conditions de travail décentes dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Dans le même temps, une politique industrielle forte et durable est nécessaire pour relever les défis d’Industrie 4.0. Nous devrions promouvoir des actions de solidarité entre les pays développés et ceux en développement pour atteindre un emploi et un environnement durables pour le futur de la fabrication industrielle.”
Prihanani Boenadi, coprésidente de la section, a déclaré :
“Nous connaissons une âpre concurrence mondiale à la fois en termes de marché de l’emploi et de technologie industrielle. Le capital mondial dans ce secteur se déplace très souplement vers les pays qui promeuvent les bas salaires et la dérégulation de législation du travail. Nous devons construire entre nous un réseau unifié et trouver des solutions pour réduire l’impact négatif de ces problématiques.”
Un projet de syndicalisation sur cinq ans soutenu par la Commission européenne est dans sa troisième année. En 2014 et 2015, plus de 1.200 syndicalistes (dont 40% de femmes) en provenance d’affiliés d’IndustriALL d’Indonésie, de Malaisie, des Philippines, de Taïwan, de Thaïlande et du Vietnam ont été formés à la syndicalisation. Tout au long de ce projet, ces syndicats ont vu leur capacité à syndiquer s’accroître et des résultats positifs en matière d’effectifs ont été constaté en particulier en Indonésie, en Malaisie, en Thaïlande et aux Philippines.
La santé et la sécurité professionnelles sont un sujet problématique dans le secteur, en particulier en raison du manque de responsabilité sociale des multinationales à travers toute la chaîne d’approvisionnement. Un cas de lymphome en Malaisie, probablement causé par des expositions multiples à des produits chimiques a été rapporté lors de la réunion. Le Comité est convenu d’enquêter sur ce cas et va promouvoir les droits fondamentaux en matière de santé et sécurité professionnelles, dont l’accès illimité à l’information sur tous les matériaux des sites et des mécanismes équitables pour la protection des travailleurs et travailleuses.
Les participants ont également débattu activement de l’impact futur d’Industrie 4.0. De nouvelles technologies, comme la numérisation de la production avec l’Internet des Objets, l’impression 3D, la réalité virtuelle et augmentée, Big Data, les cobots (des robots destinés à collaborer dans leur travail avec des êtres humains) se développent et se répandent rapidement sur les lieux de travail.
En Europe, on estime que les technologies pourraient modifier les emplois d’un million de travailleurs (peut-être jusqu’à 54% des emplois) au cours des prochaines années. Au cours des débats de la réunion, il est apparu assez clairement que de nouveaux emplois hautement qualifiés allaient être créés, mais que les emplois faiblement qualifiés ou ceux représentant une forte intensité de main d’œuvre allaient y perdre rapidement. Les participants ont conclu que les syndicats se devaient d’avoir une politique industrielle forte à cet égard et de développer un dialogue tripartite avec les gouvernements et les employeurs en vue d’un futur durable avec de l’emploi décent.
Sur base des résultats des débats, le Comité de direction a décidé quels points devaient être renforcés pour le suivi du Plan d’Action adopté lors de la Conférence mondiale en 2015, comme la stratégie en matière de chaîne d’approvisionnement, le réseautage syndical, la santé et la sécurité ainsi qu’une politique industrielle durable (voir Section 6, IndustriALL, Kan Matsuzaki).
La réunion s’est conclue par une visite de l’usine de Toshiba du Complexe de Fuchu, qui produit des systèmes et des composants pour l’énergie, le transport, la radio-télé-diffusion et les communications ainsi que pour l’eau et l’environnement. La délégation a rencontré les leaders syndicaux locaux et la direction. La délégation a également visité le Centre de recherche et développement de l’hydrogène comme énergie et a été informée sur un système de pile à combustible à hydrogène qui ne produit pas d’émissions de dioxyde de carbone, ce qui est considéré comme le dernier cri en matière d’énergie propre.