14 octobre, 2022Les syndicats internationaux et européens se réjouissent d'un nouvel accord mondial sur un objectif de zéro émission nette de carbone d'ici à 2050, mais ils réclament des engagements plus fermes au niveau des pays, notamment sur les critères sociaux. Aucun travailleur, aucune région ne doit rester à la traîne, il faut une transition juste pour tous !
Après des semaines de négociations, 184 pays se sont accordés pour atteindre un objectif de zéro émission nette d'ici à 2050 pour l'industrie de l'aviation pendant la 41e assemblée générale de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), une agence spécialisée des Nations unies.
Les syndicats des travailleurs de l'aviation et de l'aéronautique préconisent depuis longtemps plus d'ambition internationale pour la décarbonation en soulignant que tous les pays, toutes les industries et tous les travailleurs ont un rôle à jouer dans la décarbonation de tout le secteur de l'aviation.
En préparant cette réunion, la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), IndustriALL Global Union, la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF) et IndustriALL European Trade Union ont rédigé ensemble un projet de revendications syndicales. Ce document de travail, remis à l'OACI, réclame une transition juste pour un avenir sans carbone, en mettant l'accent sur la nécessité de gérer de manière socialement responsable la décarbonation de l'industrie de l'aviation. Il appelle à un dialogue social de qualité, des investissements dans la formation et l'élaboration de plans d'action sectoriels entre les partenaires sociaux et les autorités concernées.
Hélas, la déclaration finale, dépourvue de caractère contraignant, se limite à exhorter les États à poursuivre cet objectif "d'une manière socialement, économiquement et environnementalement responsable et conformément aux situations nationales".
La résolution finale de l'OACI et l'adoption de l'objectif ambitieux mondial à long terme (LTAG) de zéro émission nette de carbone d'ici à 2050 ont suscité des réactions mitigées avec quelques commentaires positifs de l'Union européenne et de l'industrie européenne. Les ONG se sont montrées plus critiques en raison du caractère non-contraignant de l'accord.
Pour Gert Leutert, le directeur d'IndustriALL en charge de l'industrie aérospatiale :
"L'industrie aérospatiale est sous pression pour qu'elle trouve des solutions d'émissions nulles conformes aux normes internationales. Plus cela prendra de temps, plus les travailleurs paieront pour les carences qui en résulteront. C'est pourquoi nous, en tant qu'organisations syndicales, devons nous impliquer dans la réalisation du LTAG et des politiques qui y sont associées."
Gabriel Mocho Rodriguez, le secrétaire en charge de l'aviation civile à l'ITF, a déclaré :
"Nous sommes engagés dans une course contre la montre pour un avenir pérenne. Des millions de travailleurs de l'aviation subissent de plein fouet les effets du changement climatique, qui rend leur lieu de travail plus dangereux. La multiplication des turbulences aériennes est un risque majeur pour les passagers et les équipages, les pics de chaleur affectent le bon fonctionnement des aéroports et la montée du niveau des océans menace de submerger certains aéroports. Les LTAG de l'OACI n'ont pas été obtenus sans peine, mais si nous voulons que les choses changent dans le délai qui nous est imposé, il faut que les travailleurs soient des moteurs de la décarbonation de l'industrie de l'aviation et de sa transition."
Isabelle Barthes, la secrétaire générale adjointe d'IndustriALL Europe, a déclaré :
"Le changement climatique est un phénomène mondial et nous continuerons à appeler tous les pays et toutes les régions à redoubler d'efforts pour atténuer l'impact des vols sur le climat, notamment par l'utilisation de carburants durables et par la conception d'aéronefs neutres en carbone. Les travailleurs sont au cœur de la transition verte, mais il semble malheureusement que la déclaration de l'OACI les ait oubliés ! Nous insistons sur un dialogue social de qualité et un soutien adéquat pour faire en sorte qu'aucun travailleur ni aucune région ne soit laissé pour compte; la transition verte doit être une transition juste."
Eoin Coates, qui dirige le département de l'aviation civile de l'ETF, a dit :
"Les attentes sociales et les objectifs environnementaux ne vont pas l'une sans l'autre. Les travailleurs doivent être au centre du processus de transition environnementale, une transition qui doit être juste et permettre aux travailleurs d'y prendre une part active, de la conception jusqu'à la réalisation. Il faut les aider à s'adapter à l'évolution et ils doivent avoir la garantie d'emplois sains et durables à mesure du verdissement de l'industrie de l'aviation. Tandis que nous observons les progrès que le LTAG fait réaliser à la pérennité environnementale de l'industrie, beaucoup reste à faire pour sa pérennité sociale."