10 mars, 2021Le Conseil syndical mondial de LafargeHolcim appelle le géant du ciment à respecter les droits des travailleurs, à protéger l'emploi, à garantir la santé et la sécurité au travail et à réduire drastiquement le travail précaire.
Cette demande fait suite à une réunion en ligne dans laquelle plus d'une centaine de participants de 42 pays ont envisagé des stratégies syndicales pour exiger que LafargeHolcim arrête ses mauvaises pratiques en matière de travail.
"LafargeHolcim doit reconnaître les syndicats, ce qui veut dire que nous devons être plus offensifs et faire pression sur l'entreprise,"
déclare le secrétaire général de l'IBB, Ambet Yuson.
En 2020, cinq travailleurs ont perdu la vie sur des sites de LafargeHolcim, dont quatre employés par des sous-traitants. Ces accidents du travail auraient pu être évités, alors que des travailleurs subissent des conditions de travail dangereuses, des durées de travail excessives et l'absence d'équipement de protection individuelle (EPI).
Le secrétaire général adjoint d'IndustriALL Kemal Özkan déclare :
"Une fonction importante de ce réseau syndical consiste à nous faire entendre et à revendiquer nos droits. Et nous réclamons le respect des droits fondamentaux des travailleurs, notamment la santé et la sécurité là où elle fait défaut chez LafargeHolcim."
De nombreux participants ont pris la parole afin de rendre compte de la situation de LafargeHolcim dans leur pays. L'actuelle pandémie de Covid-19 n'est pas seulement une crise sanitaire, c'est aussi une crise économique qui frappe durement les travailleurs. En Ouganda, des travailleurs sont forcés de manger et dormir sur le lieu de travail pendant près de deux semaines, et on note un manque important d'EPI.
Au cours des cinq dernières années, LafargeHolcim a réduit le nombre de ses salariés de 33.547 unités, tout en accroissant le recours à la sous-traitance. Sur de nombreux sites, les travailleurs externalisés constituent la grande majorité du personnel de l'entreprise.
Au Zimbabwe aussi, les travailleurs externalisés constituent une large proportion de la main-d’œuvre. Les violations des droits des travailleurs ont augmenté; 60 pour cent d'entre eux ont été renvoyés dans leurs foyers sans salaire et les 40 pour cent restants n'ont pu quitter leur lieu de travail pendant un mois.
En Jordanie, LafargeHolcim enfreint les conventions locales et refuse de cotiser aux fonds de pension.
Le Conseil syndical mondial de LafargeHolcim a exprimé sa solidarité avec le syndicat colombien des travailleurs du papier Sintracarcol et avec ses membres confrontés à des licenciements en masse, à l'antisyndicalisme et au non-respect de la convention collective chez Cartones de Colombia, l'entreprise qui fabrique les sacs pour le ciment de LafargeHolcim.
Dans une déclaration adoptée à l'unanimité à la fin de la réunion, le Conseil syndical mondial de LafargeHolcim se dit solidaire de tous les travailleurs et de leurs syndicats sur les sites de LafargeHolcim du monde entier.
Alors que LafargeHolcim ne fait rien pour prévenir, atténuer ou remédier aux problèmes de droits de l'homme qui se posent chez elle, en particulier lorsqu'il s'agit des conditions de travail dans ses filiales et chez ses sous-traitants, la déclaration réclame un arrêt des mauvaises pratiques de travail.
LafargeHolcim doit notamment :
- Mettre fin aux violations des droits fondamentaux des travailleurs au Bangladesh, en Colombie, à El Salvador, en Inde, à Maurice, en Jordanie, aux Philippines et en Ouganda
- Éliminer le recours abusif aux travailleurs indépendants et en sous-traitance
- Respecter totalement les conventions collectives, les législations nationales et les recommandations des pouvoirs publics
- Reconnaître le droit fondamental des travailleurs à un lieu de travail sain et sûr et faire du zéro accident sa priorité absolue
- Renforcer les relations professionnelles et la concertation avec les syndicats afin d'atténuer l'impact du Covid-19
Pour pousser LafargeHolcim à respecter les droits des travailleurs, le réseau a arrêté un plan d'action pour intensifier sa campagne. Il s'agit notamment de réclamer un accord-cadre mondial, de mobiliser en vue d'une journée d'action mondiale et de contacter des investisseurs en prévision de l'assemblée générale annuelle de l'entreprise du 4 mai.