30 avril, 2013Réunis à Johannesburg les 23-24 avril, 26 affiliés de IndustriALL de 16 pays d'Afrique subsaharienne ont élaboré des stratégies destinées à faire pression sur leurs gouvernements pour qu'ils mettent en place des politiques progressistes visant à promouvoir l'industrialisation et l’emploi.
Les participant(e)s ont reconnu les défis particuliers auxquels les pays africains font face, avec notamment des conflits, un manque de respect pour les droits des travailleurs et travailleuses, et le fait que l'Afrique possède de riches ressources minérales alors que beaucoup de personnes vivent dans la pauvreté.
Le développement est gêné par une dépendance continuelle à l'extraction des ressources minérales. Il est urgent de diversifier les économies pour ajouter une valeur qui n'est pas encore abordée par de nombreux gouvernements de la région, pour qui la politique industrielle n'est pas leur principale préoccupation.
Zwelinzima Vavi, secrétaire général du COSATU, s'est adressé aux participant(e)s pour leur faire partager certaines leçons apprises par les syndicats en Afrique du Sud. Il a préconisé un changement dans le modèle de croissance basé sur une dépendance de l'exportation de matières premières qui maintient continuellement les inégalités et la pauvreté, car la seule façon de stimuler les économies est d’opter pour l’industrialisation, notamment la fabrication industrielle, et de créer des emplois décents. Vavi a dit aux affiliés que tant que le reste du continent ne sera pas industrialisé, l'Afrique du Sud n'obtiendra pas de très bons résultats.
Les syndicats ont identifié plusieurs politiques industrielles prioritaires à promouvoir dans la région. Elles concernent la profitabilité des ressources minérales, des politiques commerciales capables de soutenir l'industrialisation et le développement, un investissement dans l'infrastructure, l'éducation, la formation, la recherche-développement, et un soutien aux transferts de compétences.
Les affiliés ont donné des exemples de stratégies actuellement employées par eux. En Zambie, des syndicats s'engagent avec le gouvernement pour un développement industriel visant à maximiser l'utilisation des ressources naturelles, par exemple en transformant le cuivre par tréfilage au lieu d'exporter du cuivre et d'importer du fil de cuivre. Les syndicats sud-africains ont travaillé avec le gouvernement pour obtenir un plan de politique industrielle qui identifie des secteurs-clés pour créer des emplois et mettre en place des programmes de stimulation d’emplois.
Après s’être engagés pour donner la priorité au développement industriel, les affiliés ont identifié les actions à entreprendre. Ces actions portent sur les points suivants:
- exercer une influence sur les centrales nationales pour adopter une politique industrielle:
- développer la capacité syndicale, notamment par un partage d’expériences entre syndicats dans la région;
- influencer les gouvernements au moyen de forums tripartites quand il en existe, et en demander quand il n'y en a pas;
- renforcer la puissance des syndicats et leur capacité pour demander des politiques industrielles globales et stratégiques, notamment par une formation des membres et une meilleure prise de conscience du public pour des campagnes en faveur de politiques qui bénéficient aux travailleurs et travailleuses;
- développer des politiques conjointes s'adressant aux organes gouvernementaux et régionaux, comme SADC et l’Union africaine où les syndicats n'ont pas à actuellement voix au chapitre;
- développer des politiques conjointes pour certaines industries, comme par exemple les mines, les véhicules d'occasion et les vêtements;
- effectuer une mobilisation au niveau régional à l'occasion de la journée de l'industrialisation en Afrique qui a lieu chaque année en novembre.