29 janvier, 2014Réunis au Togo, des affiliés de treize pays africains ont évalué leurs succès et leurs défis de 2013 et élaboré des stratégies sur la manière de poursuivre leurs progrès contre le travail précaire en 2014.
La Conférence régionale d’IndustriALL pour l’Afrique sub-saharienne sur le travail précaire, qui s’est tenue dans le centre de formation de la CSI à Lomé au Togo les 27 et 28 janvier, a permis aux affiliés d’identifier pour le travail précaire des objectifs, des stratégies et des priorités au plan régional à l’horizon 2016 ainsi que des stratégies et des actions à mener en 2014, le tout dans le cadre des objectifs et stratégies d’IndustriALL au plan mondial.
Les syndicats participants ont brossé un tableau qui n’est que trop familier de l’extension du travail précaire dans toute la région. Dans les industries minières et manufacturières, il est développé en particulier par les multinationales pour réduire les salaires et autres avantages et s’affranchir des syndicats. Des agences d’intérim agissant au plan mondial continuent à faire pression sur les gouvernements pour qu’ils leur permettent d’étendre leurs activités et remplacer les emplois permanents par du travail intérimaire.
Les travailleurs précaires de la région sont généralement exclus du bénéfice des dispositions en matière de sécurité sociale et de protection de la santé et de la sécurité et sont soumis à des salaires et des conditions d’emploi inférieurs aux travailleurs permanents. Dans l’Ile Maurice, le gouvernement a pour stratégie de remplacer les travailleurs locaux par des travailleurs migrants avec des salaires qui tombent bien en deçà du niveau de pauvreté.
Des affiliés en provenance de RDC, du Burkina Faso, de Mauritanie, du Ghana, du Cameroun, de l’Ile Maurice, du Nigeria, du Niger, du Togo, de Mozambique, de Namibie, du Sénégal et de Guinée ont décrit ce que leurs syndicats avaient mis en œuvre pour s’attaquer au travail précaire. L’hostilité des employeurs et la crainte des travailleurs continuent à être des obstacles à la syndicalisation. Néanmoins, nombre ont été en mesure de pointer des succès en matière de recrutement de travailleurs précaires, de conversion de leur statut de précaire à permanent ainsi que de signer des conventions collectives qui présentent les mêmes avantages pour les travailleurs permanents et contractuels. Par exemple, le SUTIDS au Sénégal a modifié ses statuts pour rendre plus facile le recrutement de travailleurs précaires et y a ainsi gagné 450 nouveaux membres.
Les syndicats ont également cherché à obtenir des avancées législatives pour protéger les travailleurs soumis au travail précaire et réduire son incidence. Dans l’Ile Maurice, le syndicat a obtenu des amendements à la législation du travail qui stipulent que tous les travailleurs sous-traitants avec six mois de service ont droit à des congés, que tous les travailleurs sous-traitants en fonction depuis plus de deux ans doivent devenir permanents et que tous les travailleurs, y compris ceux en sous-traitance, doivent percevoir une prime de fin d’année (13e mois). Au Sénégal, la législation qui régule les agences d’intérim a été adoptée.
Augmenter la conscientisation au niveau des travailleurs et du grand public sur les conséquences du travail précaire continue à être une stratégie importante pour tous les syndicats. Des affiliés du Ghana et du Sénégal ont eu recours avec succès à des campagnes médiatiques à cette fin.
Cette réunion faisait partie du projet d’IndustriALL sur le travail précaire en Afrique sub-saharienne qui est soutenu par des affiliés d’IndustriALL en Finlande et en Belgique. Ce projet entre maintenant dans une nouvelle phase. En 2013, les syndicats ont collecté des données pour établir le nombre, la distribution et la situation des travailleurs précaires, ce qui leur permettra de mesurer les progrès accomplis et de mieux cibler leurs actions. Dans chaque pays, les affiliés travaillent maintenant ensemble pour développer un plan d’action qui sera mis en œuvre par tous les affiliés qui y travailleront ensemble.