9 novembre, 2023Le forum de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act = Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique) s’est tenu à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 2 au 4 novembre, afin d’élaborer des stratégies visant à renforcer un partenariat commercial inclusif entre les États-Unis et 35 pays africains éligibles.
L’AGOA est une loi américaine ratifiée en 2000 qui vise à permettre aux pays africains éligibles d’accéder aux marchés américains en franchise de droits. Les critères d’éligibilité comprennent l’adoption d’une économie de marché, l’État de droit, le pluralisme politique, la lutte contre la corruption, l’introduction de politiques de réduction de la pauvreté, l’amélioration de l’accès aux soins de santé et à l’éducation, ainsi que la protection des droits de l’homme et des droits des travailleurs.
Selon les rapports présentés au forum, la coopération commerciale et économique dans le cadre de la loi sur le commerce a créé des emplois, encouragé les investissements, fourni des opportunités commerciales et contribué au développement économique.
Récemment, certains pays africains, dont la République centrafricaine, le Gabon, le Niger et l’Ouganda, ont été suspendus de l’AGOA, à compter de l’année prochaine, pour avoir violé les droits de l’homme et ne pas avoir promu le pluralisme politique.
Ce forum, qui a réuni plus d’un millier de participants issus de gouvernements, d’entreprises, d’organisations de la société civile et de syndicats, a débattu de stratégies clés pour stimuler le développement économique durable et équitable, la création d’emplois décents et la stimulation de l’industrialisation sur le continent. Toutefois, des appels ont été lancés en faveur d’une prolongation de l’accord lorsqu’il expirera en 2025.
L’ambassadrice Katherine Tai, Représentante américaine au commerce, a souligné une fois encore le dynamisme, l’ingéniosité et le potentiel de l’AGOA.
Wamkele Mene, Secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), a indiqué que les économies africaines étaient petites et fragmentées et qu’elles dépendaient trop de l’exportation de matières premières non transformées. La Zone de libre-échange continentale africaine a été créée pour fournir des opportunités pour les exportations intra-africaines de biens à valeur ajoutée grâce à l’intégration et à la création d’un marché unique. Il a souligné l’importance d’aligner la ZLECA sur l’AGOA.
Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a déclaré :
“L’Afrique ne doit pas être définie comme un producteur de marchandises, mais doit transformer les produits de son sol en biens de consommation.”
Il a souligné la nécessité de puiser dans les vastes réserves de minéraux de transition essentiels pour l’industrialisation.
Les participants des organisations syndicales comprenaient 21 participants de la CSI Afrique, d’organisations syndicales régionales ainsi que de centrales et de syndicats nationaux. Les affiliés d’IndustriALL qui ont pris part aux rencontres étaient originaires de Madagascar, d’Afrique du Sud et des États-Unis.
“Le mouvement syndical est diversifié, mais nous sommes unis dans notre soutien à l’AGOA en tant que syndicats du continent africain et des États-Unis. L’AGOA a contribué à la création de millions d’emplois, des usines de vêtements au Lesotho aux exploitations agricoles au Kenya. Il s’agit d’une relation mutuellement bénéfique, avec des composants produits au Botswana inclus dans des véhicules fabriqués en Afrique du Sud et des matériaux essentiels exportés vers des usines en Louisiane, soutenant ainsi l’intégration économique du continent et la croissance économique à la fois en Amérique et en Afrique,”
a déclaré Zingiswa Losi, Président du Congrès des syndicats sud-africains (COSATU).
Ben Davis, Directeur des affaires internationales des Métallos USW, a déclaré que la solidarité des travailleurs avec les syndicats africains ne date pas d’hier. L’USW a fait campagne contre les violations syndicales ensemble avec le NUM et le NUMSA en Afrique du Sud, l’UWUL au Libéria et le SVS à Madagascar, pour affronter des multinationales comme ArcelorMittal, Bridgestone, Firestone, Rio Tinto et Sibanye Stillwater.
“L’USW continue de lutter contre l’arrestation et l’emprisonnement de dirigeants syndicaux à l’usine QMM de Rio Tinto à Madagascar et fera pression sur l’AGOA pour mettre fin à ces violations. Les membres du Syndicat des Métallos USW du Québec, au Canada, qui traitent l’ilménite de Madagascar, se sont montrés solidaires de ces travailleurs et travailleuses,”
a déclaré Ben Davis.
Roxanne Brown, Vice-présidente internationale du Syndicat des Métallos USW, a déclaré :
“Les syndicats peuvent s’inspirer de l’accord États-Unis-Mexique-Canada sur la manière dont les droits des travailleurs et travailleuses et les emplois permettant de subvenir aux besoins des familles peuvent être inclus dans un accord commercial. En outre, les syndicats peuvent travailler avec des organisations de la société civile dans le cadre de ce que j’appellerais la pollinisation croisée, où la relation est basée sur la protection d’intérêts communs.”
“Sur un continent qui connaît une explosion démographique de la jeunesse, la création d’emplois décents est importante. Cela signifie que les industries manufacturières dans les secteurs de l’automobile, de l’énergie, de l’exploitation minière, du textile et de l’habillement ont un grand potentiel pour créer les emplois dont on a tant besoin et que les accords commerciaux de l’AGOA peuvent y contribuer de manière significative,”
a déclaré Atle Høie, Secrétaire général d’IndustriALL.