17 mai, 2023Plus de 1.300 travailleurs de la mine Yekepa et de Buchanan Grand Bassa se sont mis en grève le 10 mai pour réclamer des hausses de salaires et protester contre les disparités salariales après l'impasse dans les négociations salariales entre ArcelorMittal Liberia (AML) et l'Union des travailleurs unis du Liberia (UWUL), affiliée à IndustriALL Global Union.
Après le blocage des négociations, le syndicat s'est pourvu devant la Cour nationale du travail qui lui a accordé une hausse des salaires de cinq pour cent. Mais la direction a refusé de se soumettre au jugement et les travailleurs sont entrés en grève pour appuyer leurs revendications. La cour a alors exhorté les deux parties à négocier une convention collective.
L'UWUL se dit choquée par le fait que deux travailleurs employés le même jour, avec la même ancienneté et les mêmes qualifications, ne perçoivent pas le même salaire. Elle estime que cela va à l'encontre du principe d'un salaire égal pour un travail d'égale valeur qu'elle veut voir l'entreprise appliquer. L'UWUL accuse la direction de népotisme en employant des amis et des parents, en violation de la convention collective.
"Nous avons sollicité la médiation du ministère du Travail pour sortir de cette impasse avant de nous adresser aux tribunaux. Bien que la Cour nationale du travail ait statué en notre faveur, la direction reste inflexible. C'est pourquoi nous poursuivons la grève et nous continuerons notre action collective jusqu'à ce que la direction revienne à la table des négociations,"
explique Dave Seneh, le secrétaire général de l'UWUL en charge de la coordination de la grève.
"Nous appelons ArcelorMittal à intervenir et la direction d'ArcelorMittal Liberia à reprendre contact avec l'UWUL, ce qu'elle n'a pas fait la semaine dernière, et à renouer le dialogue avec le syndicat de bonne foi, à entendre les revendications légitimes des travailleurs et à appliquer totalement la convention collective,"
a dit Atle Høie, le secrétaire général d'IndustriALL.
L'UWUL espère que la grève trouvera une issue avec une offre acceptable pour les travailleurs, comme cela s'est fait quand ArcelorMittal South Africa a signé une convention collective pour trois ans avec le Syndicat national des travailleurs de la métallurgie d'Afrique du Sud (NUMSA). Par cet accord, les travailleurs ont obtenu une hausse annuelle des salaires de 6,5 pour cent pendant trois ans et des augmentations des primes et autres prestations. Mais cet accord, conclu le 8 mai, n'est survenu qu'après le blocage des pourparlers et que le NUMSA ait annoncé la préparation de la "mère de toutes les grèves" chez ArcelorMittal.
ArcelorMittal Liberia emploie 3.000 personnes dans ses mines de minerai de fer de Yekepa et Bong et développe ses activités minières avec la construction d'usines de transformation. Elle gère aussi une ligne de chemin de fer, un terminal portuaire et est le plus important investisseur étranger au Liberia, avec plus de 1,7 milliard $ investis ces 15 dernières années.
Photo : Les camions réduits à l'immobilité dans le cadre de l'action des travailleurs