10 août, 2012Le 3 août 2012, 1.500 personnes employées dans une mine contrôlée par Anjin Investments ont perdu leur emploi après un jugement du tribunal du travail sur l’illégalité de leur grève. Les travailleurs, qui faisaient grève pour la huitième fois en deux ans, exigeaient d’être mieux payés et d’avoir de meilleures conditions de travail. Ils durent libérer leurs logements appartenant à l’entreprise et poser une nouvelle candidature à leur poste de travail, pour pouvoir continuer de travailler à la mine.
Une ONG locale, le Centre de recherche et de développement, qui contrôle les infractions aux droits de la personne dans les mines de diamant, a exigé la réintégration sans condition des travailleurs relevés de leurs fonctions, en spécifiant que "la décision de mettre à pied les travailleurs était arbitraire et totalement injustifiée. Il s’agit également d’une infraction grave au droit des travailleurs et travailleuses d’engager une action revendicative quand les conditions de travail sont épouvantables. L’intolérance dont la direction de Anjin a fait preuve pour les véritables revendications des travailleurs est inacceptable dans une société moderne".
Le Centre de recherche et de développement a aussi posé la question de la procédure d’une nouvelle candidature à laquelle les travailleurs se trouvent soumis, car le fait de “conseiller aux membres du personnel mis à pied de poser une nouvelle candidature est une manière draconienne visant à les diviser par un traitement discriminatoire de leurs dirigeants et des personnes suspectées d’avoir joué un rôle de premier plan dans cette action revendicative”.
Il y a aussi des allégations d’infraction aux droits de la personne. Le personnel de l’entreprise Anjin assure que certaines personnes ont subi des agressions sexuelles par des chefs chinois, et que l’entreprise a remis au comité des travailleurs une lettre dans laquelle elle s’excuse en précisant que les auteurs de délits allaient être renvoyés en Chine. Jusqu’à présent, cette promesse n’a pas été tenue, et la police n’a entrepris aucune action. Les travailleurs ont aussi signalé la profanation de tombes sur le site, et au lieu d’enterrer à nouveau les corps sur un autre site approprié, leurs restes ont été empilés non loin de là.
Anjin laisse la controverse se développer. Une co-entreprise sino-zimbabwéenne, la société Matt Bronze du Zimbabwe, est suspectée d’être une entreprise fantôme au service du ministère zimbabwéen de la Défense, des militaires et de la police. Des ‘sécurocrates’ et des membres de haut niveau de la sécurité d’État dominent au conseil d’administration d’Anjin. Un rapport publié en juin 2012 par l’ONG britannique Global Witness fait état de ces questions et des préoccupations concernant le fait que les bénéfices réalisés dans les mines seraient des éléments hors bilan servant au financement de la police d’État.
Global Witness estime que le processus de Kimberley, un programme de certification visant à endiguer le commerce du diamant servant au financement de conflits, a échoué au Zimbabwe, et que c’est l’une des raisons données pour se retirer, en tant qu’observateur, du processus de Kimberley.
Le parlementaire britannique Peter Hain a porté les questions soulevées par Global Witness dans un débat au Parlement à la mi-juillet 2012, en demandant le maintien des sanctions et leur extension pour y inclure les ‘sécurocrates’ impliqués dans l’extraction minière du diamant. Il a également motivé une réforme du processus de Kimberley.
Les sanctions mises en place par l’UE depuis 2002 consistent à interdire les voyages et à geler les avoirs de 112 Zimbabwéens. En juin 2012, une délégation de l’UE s’est rendue dans la région de Marange où est située l’entreprise Anjin. Elle a appris que les allégations selon lesquelles Anjin n’aurait pas contribué au financement occulte sont fausses. Le 23 juillet, les responsables de l’UE ont publié une déclaration selon laquelle les sanctions contre la plupart des personnes portées sur la liste devaient être abandonnées et prendre place après la tenue d’un référendum sur la nouvelle constitution. Cette décision est destinée à servir de motivation pour la poursuite des réformes positives entreprises au Zimbabwe après des années de violence et de chaos économique.
Parmi ceux qui demandent la levée des sanctions au Zimbabwe, il y a le Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, qui a déclaré après sa visite dans le pays, en mai 2012, que la honte des sanctions a sans doute eu un effet préjudiciable sur le commerce.