6 février, 2025Les discussions sur le potentiel des minerais de transition critiques pour ancrer le développement économique et l’industrialisation de l’Afrique ont été parmi les sujets les plus brûlants abordés lors de l’Indaba minier qui s’est tenu au Cap du 3 au 6 février.
La plupart des pays d’Afrique subsaharienne possèdent des minerais critiques nécessaires à la transition de sources d’énergie à forte teneur en carbone vers des sources renouvelables à faible teneur en carbone. Les minéraux critiques comprennent la bauxite, le cobalt, le cuivre, le graphite, le lithium, le manganèse, le nickel, les métaux du groupe du platine et les éléments des terres rares. Certains de ces minéraux critiques servent à améliorer les performances des batteries, tandis que d’autres sont utilisés dans la fabrication de véhicules électriques, d’éoliennes et de composants nécessaires aux industries des énergies renouvelables.
IndustriALL et ses syndicats affiliés qui regroupent les mineurs des pays suivants : Botswana, Ghana et Afrique du Sud, ainsi que la CSI Afrique, ont pris part aux débats lors des sessions de la conférence et des discussions plénières. Les syndicats ont souligné l’importance de la valorisation des minerais essentiels à la transition pour créer des emplois grâce à des investissements et à la mise en place d’industries manufacturières sur le continent pour traiter les minerais bruts. En outre, des chaînes de valeur régionales pourraient être développées dans les domaines de la fabrication de batteries et de véhicules électriques, et celles-ci pourraient être reliées aux chaînes de valeur mondiales.
Actuellement, la plupart des minerais sont exportés à l’état brut, ce qui n’apporte qu’une faible valeur ajoutée aux pays exportateurs. Les syndicats ont cité la Vision minière africaine (VMA) comme un important document d’orientation politique qui promeut la valorisation des minerais et ont exhorté les pays africains à inclure la VMA dans leurs politiques nationales. Entre autres recommandations, la VMA appelle à un “secteur minier durable et bien gouverné” qui favorise le développement économique, la santé et la sécurité, qui soit “inclusif sur le plan du genre et de l’ethnie, respectueux de l’environnement, socialement responsable et apprécié par les communautés environnantes”. La VMA est également l’une des politiques susceptibles de stimuler le commerce interafricain et l’intégration régionale par le biais de la zone de libre-échange continentale africaine.
Les syndicats ont souligné l’importance de l’adhésion aux normes internationales du travail ainsi que la raison pour laquelle l’agenda du travail décent de l’Organisation internationale du travail (OIT) devrait être inclus dans les discussions sur l’exploitation des minerais critiques. En ce qui concerne la santé et la sécurité, ils ont noté que les accidents mortels dans le secteur minier en Afrique du Sud, par exemple, étaient en baisse, alors qu’au niveau de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle, les conditions se détérioraient, en particulier dans des pays comme la République démocratique du Congo. C’est pourquoi les syndicats ont appelé à la ratification de la Convention 176 sur la sécurité et la santé dans les mines, ratifiée par seulement six pays africains.
Parmi les autres questions clés mises en avant par IndustriALL et ses syndicats figure l’adoption de normes minières tenant compte des intérêts de multiples parties prenantes, telles que les audits de l’IRMA (Initiative pour une Certification responsable de l’Exploitation minière). Ces audits ont permis de s’assurer que les travailleurs et les travailleuses ainsi que les communautés locales se font entendre et que leurs intérêts sont respectés par les compagnies minières.
Les syndicats ont indiqué que les communautés riveraines devaient être au centre de l’approche multipartite, car, dans la plupart des cas, ce sont elles qui détiennent les droits sur les terres où se trouvent les mines. Pour protéger les intérêts de ces communautés, les compagnies minières doivent mettre en place des politiques environnementales, sociales et de gouvernance inclusives.
En ce qui concerne la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme, les syndicats ont appelé à l’adoption de mesures contraignantes, les initiatives volontaires étant difficiles à mettre en œuvre. Toutefois, les syndicats ont déclaré qu’ils continueraient à faire campagne pour que les sociétés minières intègrent les principes directeurs des Nations unies sur les entreprises et les droits de l’homme dans leurs politiques.
Glen Mpufane, Directeur de la section des mines d’IndustriALL, a déclaré :
“Une approche multipartite doit être adoptée pour les minerais critiques et les normes d’exploitation minière durable doivent être respectées pour protéger les droits et les intérêts des travailleurs et travailleuses.”
Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, a ajouté :
"Il existe un potentiel de création d’emplois, car le continent africain dispose de vastes ressources en minerais critiques, mais en tant que syndicats, nous devons insister sur la diligence raisonnable et le travail décent en matière de droits de l’homme afin que les travailleurs et les travailleuses ainsi que les communautés qui sont les leurs puissent profiter des avantages qui en découlent. La gouvernance au niveau des ressources naturelles est tout aussi importante pour mettre un terme aux flux financiers illicites et à la corruption, qui détournent des ressources nécessaires au développement.”